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Chroniques sur l'imaginaire de la Covid en Afrique : Le Confinement de l'eau et du savon

Chroniques sur l'imaginaire de la Covid en Afrique : Le Confinement de l'eau et du savon

Published Jul 7, 2020 Updated Jul 7, 2020 Culture
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Chroniques sur l'imaginaire de la Covid en Afrique : Le Confinement de l'eau et du savon

Texte 1

La nuit a été très longue. Maintenant que ma cousine Temgoua n’a plus rien à faire à beng[1], elle passe son temps à nous casser les oreilles au téléphone. Mais on va faire comment ? Cela nous permet encore de rire et nous rappeler le bon vieux temps. Le Corona virus a eu un impact positif sur le cœur de ma sœur. Avant l’extrême violence de la pandémie, tu écrivais à Temgoua, elle ignorait les mots. On pouvait croire que répondre à nos messages pouvait la faire noircir alors qu’elle devenait déjà blanche sur ses photos. Je me rappelle ce jour auquel tantine Ndogmo a conclu par elle pense qu’on écrit seulement pour le grattage[2]. Actuellement, on peut encore se marrer avec Temgoua et se souvenir des petits dragueurs du passé.

Je me suis réveillé un peu tard. Le menuisier du quartier avait d’avance branché son appareil qui peut stimuler un sourd. Les femmes et les enfants faisaient le tour pour piller le copeau. Les congés gratuits aux élèves étaient pour aider les mamans dans leurs activités et avoirs des journées pleines pour jouer dans les rues. La Covid19 avait exercé les prières des petits Ducobu[3] du secteur. La première chose à faire à mon réveil était de laver les mains avec le savon posé au chevet du lit tout près de ma bouteille d’eau. Il ne fallait pas qu’après plus de 4 heures de sommeil je prenne le risque de me débarbouiller le visage et les dents sans me désinfecter les mains contre ce virus de malchance. À la suite de l’annonce du ministre hier, je n’ai adopté aucune disposition pour avoir des réserves de pain chocolat. Maintenant, je dois me rendre à la boutique de Maguida. Je me demande comment il va pouvoir se protéger avec tous les Camerounais qui achètent le pain chez lui. On peut croire que c’est la maison du pain. Même la boulangerie ne vend pas le pain comme lui. Avant d’entrer dans la boutique, j’ai une fois de plus lavé la main avec l’eau et le savon. Maguida a employé un petit du quartier qui veille à ce que chaque client passe par ce rituel. C’était la condition pour se rendre dans sa boutique. Il avait accroché une note devant la chaise où était posée la savonnette : « si tu ne veux pas, tu pars ». Quand j’avance vers l’intérieur, un vent sec me frappe sur le visage, les odeurs et les bruits s’en suivent. Ce que me transmet ma vue en spectacle me fait avoir la peur de ma vie. Les denrées superposées les unes sur les autres occupent tout ce qui sert d’espace. Les sacs de riz classés à l’entrée de la boutique jusqu’au plafond sont inclinés, « à moins i » de tomber sur les clients. Il ne reste plus qu’un petit couloir qui donne directement sur le comptoir. Plus de 15 personnes se bousculant pour être fournies. Chacun espère être le premier à être servi. L’ordre d’arrivée n’existe pas chez Maguida. La seule règle est celle du premier à parler et à déposer son argent sur l’étalage. Pris de panique, il n’est plus possible pour moi de m’aventurer avec tout ce beau monde. C’est à ce moment qu’une personne me tapote derrière et me dit : « si tu ne veux pas avancer, laisse-nous passer ». « Tu penses qu’on est venu dormir ici ? » « didonc… » J’ai juste le temps d’apprendre, monsieur, ne voyez-vous pas que cette position d’allumettes dans une boite n’obéit pas aux consignes du ministre de la Santé. Un autre client me répond par : « on a déjà lavé les mains. Tu veux encore quoi ? ». Il poursuit : « en tout cas, continue à respecter les consignes. On va voir si tu vas être servi aujourd’hui ». Après ces mots, il me bouscule et je suis amorti par le bras d’une dame. Elle me prend par la main pour me relever. Au même moment, mes pièces se retrouvent au sol, un enfant ramasse gentiment pour me rendre. Malgré mon ventre vide comme un puits du désert, j’ai dû sortir de la boutique. Alors que je m’en allais tout furieux, l’employé de Maguida me dit :

 

tu as certainement eu des contacts avec les autres à l’intérieur. Il faut laver les mains avant de partir.

Notes de bas de page

[1] Désignation de l’occident en francanglais au Cameroun

[2] Demander de l’argent à une personne

[3] Personnage de cinéma. Petit en enfant qui n’aime pas l’école et très ingénieux pour éviter les cours

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