Bene di prima necessità
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Bene di prima necessità
Alla Palazzina ci torno volentieri. Si mangia bene, forse non come una volta, al tempo dei miei nonni, ma ci torno volentieri. Il glicine fa la stessa ombra, l'acqua del canale fa passare gli stessi battelli, quelli ruvidi, mai veramente a posto. A volte mi dico che escono dal catiere già vecchi. I trasportacose. Portano cose, i somari dell'acqua. Detesto le automobili, dalla Cinquecento alla Ferrari, sono l'immagine di tutto quello che non ho mai voluto essere. Una corsa chiusa verso una direzione, il più rapidamente possibile, protetti da un parabrezza. La vita che sfila a velocità consentita. Fra i 50 e i 120 . Poi la vita che finisce. In un garage o contro un platano. Poco importa. Finiti per usura o scontro. La vita sarà piovuta addosso, avrà sporcato un po', lavato un po', secondo i giorni, secondo i casi. Se sarà più il tempo passato a correre o più il tempo passato in parcheggio, dipenderà unicamente da chi ha avuto abbastanza soldi per accaparrarsi una meraviglia fatta in serie o una semplice utilitaira, all'uscita della fabbrica. Poi saranno ammaccature, il colore un po' sbiadito, qualche graffio, ben più raramente il disastro. Nella maggior parte dei casi, il motore dirà "stop" ben prima della carrozzeria.
I battelli, qui da noi, sono diversi. Hanno mille vite, brancolate nella nebbia e sotto il sole. Si cambia il motore, ma la cocca tiene. Nessuno si cura se è ruggine o smalto; vernice o pece o sbiancaura da acqua e vento. Qui lo sanno tutti che è il battello dall'aspetto più sfatto che ha fatto la città, quello che fa la città, quello che la tiene in piedi da sempre, che tiene in piedi gli abitanti. E lo sanno, meglio di tutti, i battellieri. Ridono o si sfanculano, secondo l'incrocio più o meno fluido. In ogni caso, al bar si chiamano "amore", fra di loro. Come quasi tutti i veneziani fanno, fra di loro. Venezia è la città degli innamorati per questo, mica per i fidanzatini mano nelle mano o gli sposi novelli, in viaggio di nozze. L'amore qui è si è installato prima del romanticismo. Bene di prima necessità. L'avevano notato in altre epoche i viaggiatori, quelli che restavano nei luoghi abbastanza a lungo per ascoltare il saluto degli abitanti. Qui tutti si chiamano "amore", nome comune di persona, pronunciato da tutti, con convinzione ed entusiasmo. Forse perché il vero innamorato partiva per anni e anni, forse perché non tornava, forse perché al suo ritorno non c'era più nessuno ad aspettarlo, forse per questo tutta la città si è sentita in dovere - Dio solo sa a che momento della sua storia - di colmare ogni vuoto, vario e eventuale, con una sola parola, ripetuta da tutti, ogni giorno, ad ogni angolo, in ogni bottega. Con convizione e entusiasmo. Perché sei di qui, perché sei di questa acqua, ne hai diritto: sei amato d'ufficio. Dopo essere rimasta sola altrove, sono tornata a vivere l'innamoramento indeterminato di Venezia.
Bien de première nécessité
A La Palazzina j'y reviens volontiers. On y mange bien, peut être pas exactement comme à l'époque de mes grands parents, mais j'y reviens volontiers. Le glycine fait toujours la même ombre, l'eau du canal laisse passer les mêmes bateaux, les rustiques, jamais vraiment comment il le faut. Parfois je me dis qu'ils sortent déjà vieux du chantier, les trasportacose. Transporte-choses. Ils portent des chose, d'un côté à l'autre de la ville, les ânes de l'eau. Je déteste les voitures, de la Cinquecento à la Ferrari, elle sont l'image de tout ce que je n'ai jamais voulu être. Une course fermée vers une direction, le plus vite possible, protégés par un pare-brise. La vie qui défile à vitesse consentie entre les 50 et les 120. Puis la vie qui se termine. Dans un garage ou contre un platane. Peu importe. Le vie nous sera tombée sur la tête comme de la pluie. Nous aura salis un peu, ou lavés un peu; selon le cas, selon les jours. Si on aura passé plus de temps à rouler ou dans un parking, dépendra uniquement de qui a eu assez d'argent pour s'accaparer une petite bagnole ou une merveille faite en série à la sortie de l'usine. Puis ce seront des éraflures, la couleur qui perd un peu d'éclat, bien plus rarement le désastre. Dans la plus part de cas, le moteur dira "stop" bien avant la carrosserie.
Ici, chez nous, les bateaux c'est toute autre chose. Ils ont mille vies, ivres de brouillard ou de soleil. On change le moteur mais la coque tient. Personne se soucie du fait qu'elle soit "resplendissante" de vernis ou de rouille ou de bois blanchis par l'eau et le vent. Tout le monde sait que ce sont les bateaux qui ont l'air le plus défait qui ont fait la ville, qui continuent à la faire, qui la tiennent débout depuis toujours; qui tiennent débout ses habitants. Et mieux que tout le monde le savent les bateliers. Ils rigolent ou ils s'envoient bouler selon le croisement, plus ou moins fluide. En tout cas, au bar ils s'appellent amore, entre eux. Comme presque tous les vénitiens, entre eux. Venise est la ville des amoureux pour ça, non pas par les fiancés main dans la mains ou les mariés en voyage de noces. L'amour ici est arrivé bien avant le romantisme. Bien de première nécessité. L'avaient déjà remarqué dans d'autres époques les voyageurs qui restaient assez longtemps sur place pour écouter les salutations entre habitants. Ici, on s'appelle tous amore, nom commun de personne, prononcé par tout le monde, avec conviction et enthousiasme. Peut être parce que l'amoureux attitré partait pendant des longues années, peut être parce que il ne revenait pas, peut être parce que à son retour il n'y avait plus personne à l'attendre , peut être pour toutes ces raisons, la ville entière a décidé – Dieu seul sait dans quel moment de son histoire - de combler chaque vide possible et éventuel avec un unique mot, répété par tout le monde, chaque jour, à chaque coin de rue, dans chaque magasin. Avec conviction et enthousiasme. Puisque tu es d'ici, puisque tu es de cette eau, tu en as le droit, t'es aimé d'office. Après être restée seule ailleurs, je suis revenue à vivre l'amour indéterminé de Venise.