En ce mois de Février, deux évènements ont lieu, liant dans mon esprit un peu plus deux œuvres qui me sont chères. Difficile de déterminer par lequel commencer tant les deux revêtent  d'importance pour une chasseuse d'imaginaire. Il y a d'une part en date du 08 février, le jour de  Sainte Joséphine Bakhita et d'autre part le mois tout entier permet d'observer la constellation  d'Orion car cette dernière est très bien placée et peut s'observer aisément en début de soirée.  

Comment alors ne pas penser aux deux livres, Bakhita de Véronique Olmi et Les étoiles d'Orion de Brice Nadin ? Non, il ne s'agit pas d'un hasard de calendrier mais bien d'un témoignage  supplémentaire des correspondances qui s'établissent entre les deux ouvrages. Dès la couverture  de ces deux livres, nous plongeons dans un univers où le rêve, la pensée permettent au  personnage principal et au lecteur avec lui de s'extraire de sa réalité. Le regard de Bakhita nous  invite à suivre le fil de ses pensées, les étoiles de la constellation d'Orion à découvrir qui les  admire. 

En reprenant les deux histoires, nous nous apercevons qu'en effet, autant Joachim que Bakhita traversent les épreuves qui se présentent à eux en convoquant des images totems qui les  gardent des souillures et humiliations qui leur sont infligées. Oui, Bakhita vit une suite d'horreurs,  esclave dès son plus jeune âge, passant littéralement de main en main, battue, torturée, violée  jusqu'à cette Italie où une rencontre lui permet d'échapper à cette vie terrible. De même, Joachim va croiser sur sa route un personnage qui le guidera vers l'accomplissement de sa destinée. Tous deux incarnent en quelque sorte des figures tutélaires, anges, pour guider Bakhita et Joachim  vers une voie nouvelle, mystique, divine, leur enjoignant de réaliser une mission pour laquelle ils  ont été élus. Et nous voyons alors que cette présence était palpable dès le commencement de  leur histoire. Tous deux affectionnent les instants de contemplation. Bakhita enfant évoque la  présentation à la lune, cérémonie magique où son père les a montré, elle et sa soeur à la lune  pour les placer sous la protection de cette dernière tout comme Joachim qui se sent  irrésistiblement appelé par la lune. L'arbre a également une fonction magique : dans Bakhita,  l'image du baobab incarne la sécurité, est une sorte de protecteur dans les épreuves que vit  Bakhita, le rêve lui permet de sublimer sa réalité, de ne pas se perdre complètement au milieu des  évènements monstrueux qui lui adviennent. Joachim, lui parvient à un état de semi conscience,  rêve éveillé dès qu'il est blessé et se dédouble en quelque sorte dans ces moments-là. 

Il y a aussi les opposants auxquels Bakhita et Joachim ont à faire face : les tout premiers ravisseurs de Bakhita qui l'attirent sous le bananier, Renaud de Vignoray qui voue une haine farouche à Joachim et porte le premier coup. Cette violence initiale les plonge dans un monde  inconnu et va être en quelque sorte le révélateur de leur être profond. Dès lors, ils finiront par être  sauvés et une figure patriarcale ( Stefano qui permet à Bakhita d'entrer chez les soeurs et la considère comme sa fille, Odon de Cluny qui prend en charge l'éducation de Joachim à son  arrivée à l'abbaye de Cluny et se comporte avec lui comme s'il était son fils ) leur sert de guide  sur ce chemin rédempteur, vers la purification. D'ailleurs leurs noms même les y destine, Bakhita  (la chanceuse) nommée ainsi par ses geôliers de manière antiphrastique a bien la chance après  avoir souffert mille maux de croiser la route de Stefano et fait la rencontre de Dieu, de la foi. De  même Joachim de Saint Ange en devient-il un d'ange pour avoir sauvé l'abbaye de Cluny. Si nos deux héros s’accommodent mal au début de la vie recluse de soeur ou de moine, ils parviennent  à transcender cette réalité, à se révéler à eux-mêmes et aux autres : Joachim va accomplir des exploits fameux, Bakhita, se dévouer aux autres, endosser le rôle de mère, d'abord pour Mimmina  puis pour les jeunes filles du couvent et tous deux vont se voir confier d'importantes  responsabilités.

Leur aura était donc bien réelle et sous la plume de Véronique Olmi et de Brice Nadin, nos héros atteignent l'immortalité, Bakhita est béatifiée par le Pape Jean-Paul II et son histoire vraie  se teinte après sa mort d'une valeur mystique encore célébrée aujourd'hui, Joachim à la fin part  en pèlerinage à Rome, ultime reconnaissance de son statut d'élu. Les voilà réunis avec des  destins extraordinaires.