Une étincelle.

Cette page blanche s'allume.

L'excitation devant l'immensité des possibles me saisit.

Je sens la fraîcheur des courants ascendants me fouetter le visage.

Un vertige.

La feuille se consume déjà.

Des reflets irisés progressent à l'horizon de ce désert blanc.

Cette dentelle typographique disparaîtra dans un grésillement.

Une halte.

Depuis cet oasis arboré le panorama se déplie.

L'appel d'air avive le feu. La terre attend son eau.

Je contemple le possible, tel un nuage dans un ciel bleu avant l'orage.

Un souffle.

Les vents se lèvent, à la lisière l'incendie s'étend.

Des premières flammes lèchent les écorces des arbres secs.

Les feuilles se recroquevillent. Les premiers rameaux s'embrasent.

La tempête.

Les hurlements se mêlent aux crépitements.

Des tourbillons de feu noircissent la futaie dégarnie.

Finalement, de ces charbons soufflés, seules s'élèvent les fumées.

La déchirure.

En un flash le ciel se lie à la terre.

Le tonnerre claque. Soudain, l'eau tombe.

Le rythme des battements de la pluie se répand.

L'attente.

L'eau lessive les sèves séchées et révèle la fraicheur cachée des sols.

Les dernières braises la subliment en sifflant des senteurs boisées.

L'obscurité de mon abri aiguise la perception de ces sons et ces parfums.

La libération.

Le voile ceignant le cœur s'est envolé.

Je me déploie hors de ma cache, les sens renouvelés. 

Cette libation du cosmos a libéré la lumière du créateur.