Samedi 21 juillet. Le jour du retour à Lille est arrivé. Le trentenaire doit récupérer une jeune passagère sur Montpellier, au bord de l’A709.  Ah, enfin une jeune femme avec du style et de l’élégance, une fois n’est pas coutume ! Déborah est une jeune commerciale, qui rentre par étapes sur Paris. Elle va rendre visite à son amie Clémence qui réside à Clermont. Bon sang, encore une halte à effectuer sur l’aire de Clermont ! Quelle étrange coïncidence ! Le trajet se passe tranquillement, entrecoupé de bavardages futiles, mais agréables, au gré des questions qu’ils se posent tour à tour sur leur métier et leurs passions. Jusque-là, tout va bien … Y’a qu’à continuer comme ça, à bavasser de tout et de rien. Puis, il suffit d’un regard un rien amusé lancé par la belle métisse à la peau dorée, pour que tout bascule.  Le pouls de Joseph se met à s’accélérer dangereusement, son corps transpire à grosses gouttes, la bile monte lentement mais inexorablement. Faut se dépêcher là, le temps presse. Plus de temps à perdre. L’aiguille du cadran vitesse grimpe en flèche. Ils atteignent l’ultime aire de repos avant Clermont, où Déborah doit récupérer un autre BlaBlaCar, qui la doit la conduire chez Clémence, en centre-ville. Joseph veille à se garer non loin des toilettes pour femmes, mais à l’abri des regards. L’histoire se répète.  Même stratégie d’attaque ! On récolte bien ce qu’on sème…Ni vu ni connu ! Un travail d’orfèvre ! Un bijou de précision !

              Rasséréné, Joseph rejoint tranquillement son véhicule, un petit rictus au bord des lèvres. Comme il a gagné en confiance en une semaine ! Il se sent plus grand, plus fort. Enfin ! Un sentiment de plénitude le gagne, et emplit tout son corps. Il leur avait fait payer, à ces deux traînées, l’infâme conduite d’une mère adultérine, qui les avait lâchement abandonnés pour s’enfuir avec son amant, ce foutu jour d’été ! La vérité finit toujours par éclater un jour ou l’autre.  Une dispute fortuite ? Tu parles ! Tout avait été manigancé par la traîtresse dans le seul but de partir et s’enfuir, n’en pouvant plus de ce mari manipulateur et violent. Ce n’est pas la tante qui avait accouru, mais bel et bien l’amant. Trompé, grugé, berné ! Et abandonné par les plus beaux liens du sang ! Il n’y avait pas plus cruelle trahison ! Et la trahison appelait le châtiment.