18.
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18.
1er juillet 2018, commissariat central d’Ajaccio, 15h16
-Allo ? Toujours rien ?
-Toujours rien.
A l’annonce de cette nouvelle, l’inspecteur se gratte la tête en signe d’agacement. Cet homme n’a pas pu disparaître si vite. Il a dû être repéré quelque part. Et pourtant, voilà plusieurs heures qu’ils cherchent sans relâche dans les aéroports, les ferries, les routes nationales, les gares.. . Rien. Il n’y a rien. Aucune trace de Marcellin Fritini dans tous les moyens de locomotion qu’il aurait pu emprunter. Pourtant ils n’ont pas rêvé, il est bien parti. Il est introuvable. La dernière solution, un autre moyen de locomotion aurait été un voilier mais dans ce cas-là, il va être compliqué à retrouver s’il n’est pas répertorié. Ils peuvent peut être avoir sa trace s'il possède un AIS mais si Marcellin est aussi malin qu’il pense l’être, il aura trouvé un petit bateau difficilement retrouvable. Ce qui est sûr c’est qu’il ne lui appartient pas.
-Monsieur ! S’exclame Braun qui se dirige vers lui d’un pas assuré.
-Il y a du nouveau ? Demande Barot avec un brin d’espoir dans sa voix.
-Oui enfin pas vraiment. On l’a pas retrouvé mais…
-Vous l’avez pas retrouvé ?! Bah alors cherchez-le et cessez de me déranger je réfléchis ! Dit-il agacé.
Braun semble avoir quelque chose d’urgent à dire mais à perdu un peu confiance et baisse son ton.
-C’est que… on a découvert quelque chose sur sa vie privée.
-Quoi donc ?
-Il a perdu un enfant. Un petit garçon du nom de Noah. Il avait cinq ans à peine. Ça a fait le tour des journaux.
L’inspecteur tressaille.
-Attendez c’est maintenant qu’on m’apprend ça ?!
-On vient de le découvrir. Ça s’est passe en 2017. Le nom de Marcellin n’était pas cité dans les articles c’est seulement qu'on a retrouvé une photo de lui sur l’un d’entre eux. Il était dans un camion de pompier. Il tenait la main de son fils.
-Mais alors ça change tout ! S’exclame l’inspecteur Barot en se levant et en se dirigeant vers le tableau.
-ça peut lui faire un mobile mais il manque un élément… Je veux bien qu’il ait été ravagé par la mort de son petit garçon mais au point de kidnapper le premier venu…
-Mais dans ce cas vous affirmer qu’Ezéckiel n’est pas mort. Reprend Braun. Hors le corps à été identifié je vous rappelle.
L’inspecteur se masse les tempes pour réfléchir
-Ça va peut être vous sembler fou mais… Et si Jeanne avait menti. Si ce n’était pas son fils. On n’a pas fait d’analyse supplémentaire. On l’a crue sur parole mais…
-Mais c’est impossible, répond Braun. Une mère reconnaît toujours son enfant.
-Pas si elle en est obligée…
-Qu’est-ce que vous voulez dire ? Demande Braun, le teint pâle.
-Peut être que Fritini est encore pire que ce que l’on pensait... Et si… Jeanne était au courant que son fils n’était pas mort mais a été enlevé ? Elle savait ce qui allait se passer. Mais elle avait peur. Vous vous souvenez, lorsqu’elle était présente au commissariat. Elle n’avait pas l’air d’être si triste, non. Elle était terrifiée.
-Marcellin l’aurait menacé pour pouvoir avoir le garçon ?
-C’est ce que je pense…
-Mais alors pourquoi l’avoir tuée ?
-Elle pète un plomb, elle décide de tout dire à son ex mari, il la retrouve, il la tue.
-Ça se tient. Répond Braun. Mais dans ce cas, pourquoi kidnapper Ezéckiel. Comment le connaissait-il et qu’est-ce qui le rend si spécial à ses yeux ? Il faut vraiment qu’on demande à l’ex mari de Jeanne ce qui est arrivé à Ezéckiel en janvier 2017. Je crois que c’est la clé du mystère…
1er juillet 2018, port de Toulon, 21h20
Le petit Ezéckiel a fini par s’endormir lorsqu'ils amarrent enfin le voilier au port de Toulon. Marcellin a mal au dos mais il doit porter le petit garçon sur le quai. Heureusement, il est assez tard et ils ont peu de chance d’être repérés. Il y a seulement un bateau voisin dont la lumière intérieure est allumée. Les autres sont vides. Il enfile une veste à capuche pour être difficilement repérable. On ne sait jamais, peut-être qu’un avis de recherche à déjà été lancé sur tout le territoire.
Il remercie l’homme qui a bien voulu les conduire jusqu’ici. Enfin, cela après qu’il lui ait promis un chèque de dix mille euros. Il lui dit au revoir. L’homme ne semble pas satisfait.
-Où est mon chèque demande-t-il ?
Marcellin tente d’apaiser l’atmosphère mais n’y parvient pas alors préfère régler cette histoire avant que quelque chose tourne mal. Il lui tend le chèque, agacé.
-Sache que je ne soutiens pas du tout ce que tu es en train de faire ! Reprend l’homme. T’es un connard et tu le sais, s’il y a le moindre soucis avec ce chèque je te jure que je vais au premier commissariat et je leur raconte tout.
-Vas-y Didier. Mais dans ce cas là tu seras complice, ricane-t-il.
L’homme ne semble pas partager le même sentiment. Il ne prend pas la peine de répondre et reste figé sur son bateau, un chèque de dix mille euros dans les mains.
Quelques instants plus tard, ils attendent devant la société nautique de Toulon. Il a pris Ezéckiel par la main. Le petit garçon est fatigué, il semble comme déconnecté de la réalité. Triste aussi. Il se demande comment il arrivera à le refaire sourire un jour.
Soudain, elle arrive, plus belle que jamais. Il l’aime, il l’aime tellement. C’est grâce à elle que sa vie va pouvoir enfin recommencer. Il lui sourit.
-Tout s'est bien passé ? Demande-t-elle.
-Pour le moment…
-Qu’as-tu fait de sa mère ?
Voilà la question qu’il redoutait.
-Écoute, il faut que tu comprennes. Elle allait au commissariat. Elle allait tout leur dire.
Sarah est sous le choc.
-Qu’est-ce que tu as fait !?
-Bah je….
Il tente de l’approcher.
-Qu’est-ce que t’as fait, s'énerve-t-elle en le repoussant.
-Ça ne va pas te plaire…
-Qu’est-ce que t’as fait putain !
Cette fois-ci, elle bondit sur lui et le gifle.
Le petit Ezéckiel se bouche les oreilles.
-Je l'ai tuée…
-Quoi ? Mais t’es malade ! Ils vont retrouver le corps, ils vont remonter jusqu’à toi…
-J’ai fait attention…
-Ce n’est pas ce que je voulais, c’était pas ce qui était prévu…
-Tu voulais ta vengeance et tu l’as eue…
-Mais pas comme ça, elle ne méritait pas ça… ils m’ont fait tant de mal mais je ne peux pas accepter ça. Je suis un monstre…
Elle se met à pleurer.
-Non, c’est sûrement moi le monstre, répond il. Mais on a ce qu’on voulait non ? Alors autant y aller jusqu’au bout.
Sur-ce, ils se dirigent vers la voiture.
1er juillet 2018, commissariat central d’Ajaccio, 18h17
-Décidément je vous vois tous les jours, dit l’homme. On est presque une famille maintenant finalement, dit-il, en riant à moitié.
Il est toujours aussi pâle. Il marque une pause puis demande fermement :
-Vous l’avez attrapé le connard qui a fait ça ?
Demande-t-il, les poings serrés, les sourcils froncés.
-Pas encore mais nous sommes sur la bonne voie.
-Donc vous savez qui c’est ?
-Écoutez, s’énerve l’inspecteur, on ne peut rien vous dire pour le moment.
-Alors pourquoi je suis là ? S’agace-t-il.
-Vous aviez commencé à raconter ce qui est arrivé à votre fils la dernière fois lorsque vous avez été interrompu. Vous vous souvenez ?
Il ne prend pas la peine de répondre à cette question. Il semble se plonger dans ses souvenirs. Il a un air mélancolique. Il blanchit davantage. On pourrait presque en voir l’intérieur de son corps, ses veines et ses os.
-Ezéckiel…
Il s’arrête là, sa voix tremble, il a comme une boule au fond de la gorge. Il a envie de pleurer.
-Mon fils était malade.
Il s’arrête, regarde par la fenêtre.
-Malade ? Grave ? Demande l’inspecteur sous le choc.
-Oui.
-Oui. On a failli le perdre. Il était tout petit, tout frêle. Pourquoi les maladies graves touchent les enfants, hein ? Pourquoi pas les fumeurs, les pédophiles, les tueurs en série ? Pourquoi mon garçon…
Il se met à pleurer. Il se calme, puis reprend.
-Ezekiel souffrait d’une cardiopathie congénitale. C’est une déformation du cœur qui arrive à la naissance. Son cas n’était pas très grave au début. Les quatre premières années il prenait ses médicaments et tout allait bien. On devait juste faire attention à son alimentation son activité physique etc. En janvier 2017, soudainement tout a empiré. Il faisait des sortes de crises où son cœur palipitait, il faisait des malaises, il avait des douleurs thoraciques. Son cœur battait la chamade pendant de longues minutes. Au début ça lui arrivait une fois par semaine. A la fin c’était plusieurs fois par jour. Il prenait des médicaments mais ça n’a pas vraiment arrangé. A force, il a fini par être hospitalisé fin janvier 2018.
Il marque une pause.
-Il a failli mourir... Un jour en mai de cette année l’hôpital nous a appelé et nous a dit que si notre fils n’était pas greffé dans l’heure qui suivait il allait mourir. Alors ils l’ont opéré et lui ont donné un nouveau cœur. Depuis, on vivait une vie de rêve. Depuis tout allait mieux entre Jeanne et moi. Notre fils souriait. On commençait enfin à redevenir une famille…
Il pleure davantage et essuie ses larmes avec le haut de son t-shirt.
Quelques secondes plus tard, un agent entre dans la pièce et vient glisser quelques paroles à l’oreille de l’inspecteur dont les yeux s’ouvrent grand.
Voyant la détresse de l’homme, l'inspecteur Barot de voit obligé de lui dire la vérité.
-Écoutez, je ne veux pas vous faire de faux espoirs mais nous avons des raisons de penser que votre fils est toujours vivant.
L’homme tressaille, il fronce les sourcils puis son visage se détend, il sourit.
-Mais qu’est-ce que vous racontez ? Ricane-t-il. Ça va pas ou quoi ?
Il semble hésiter entre rire et inquiétude.
-On ne peut pas tout vous révéler, seulement nous avions des doutes et avons fait déterrer et réanalyser le corps de l'enfant et il s’avère qu'il ne s’agit pas d’Ezéckiel mais d’un autre petit garçon. Et ce petit garçon cela fait longtemps que nous le cherchons. Depuis 2013 pour tout vous dire. Il s’agit du petit Éric…