Mon voyage sonore avec un implant cochléaire.

Depuis que j’ai reçu un implant cochléaire, ma vie a changé. Au début, il était difficile de m’habituer aux sons qui m’entouraient, de ne pas perdre espoir face aux obstacles, et de faire preuve de courage. Je me sentais seule et incomprise, comme enfermée dans une bulle. Puis, ma famille a déménagé, et j’ai dû changer de lycée.

Quitter mon monde et mes amis a été une épreuve. Ne plus les voir était dur, mais ils m’ont fait une belle surprise en me laissant des petits mots gentils sur des cartes colorées.

Leur générosité m’a émue aux larmes. J’ai prononcé un discours d’adieu devant ma classe, remerciant mes camarades pour leur soutien et une professeure de français qui m’avait beaucoup aidée.

En sortant du lycée, les larmes coulaient. Je faisais des allers-retours, incapable de tourner la page.

Je savais ce que je laissais derrière moi, mais j’ignorais ce qui m’attendait dans le sud.

Je me souviens encore de mon arrivée dans le sud.

Quel changement ! L’accent, les expressions, la culture… Tout était différent.

L’accent chantant me déstabilisait, et je me retrouvais souvent perdue dans les conversations, essayant de lire sur les lèvres ou de demander à répéter.

Mais, petit à petit, j’ai appris à comprendre et, surtout, à rire de mes incompréhensions.

J’ai intégré un nouveau lycée professionnel, plus grand et plus exigeant, où j’ai choisi la filière service à la personne.

Cela n’a pas été facile de m’adapter, de me faire de nouveaux amis et de suivre les cours. Les langues, en particulier, étaient un défi : je n’y comprenais rien ! Heureusement, je n’étais pas seule dans ce cas, et j’ai pu compter sur le soutien de mes camarades. Lors de mes suivis médicaux à l’hôpital de Montpellier, les spécialistes étaient épatés par mes progrès en élocution et en audition.

Moi aussi, à vrai dire.

Je réalisais tout ce que j’avais appris, et combien j’avais gagné en confiance et en autonomie.

Après avoir réussi mes examens scolaires, j’ai décidé de poursuivre mes études en préparant le concours d’auxiliaire de puériculture.

Ce métier m’a appris l’importance de l’écoute, de l’attention et de la bienveillance.

Pendant six ans, j’ai accompagné des familles et des enfants, trouvant un immense plaisir dans ces moments de partage.

Travailler avec les enfants m’a offert des expériences enrichissantes, notamment avec les plus petits, dès l’âge de deux ans. Ils sont souvent très curieux, et certains fixaient mon appareil auditif comme pour se demander : “Qu’est-ce que c’est ?”. Avec les plus grands, à partir de cinq ans, les questions arrivaient souvent.

Je prenais plaisir à leur expliquer et à leur montrer comment fonctionne mon appareil externe. Une fois qu’ils comprenaient, ils poursuivaient leur journée comme si de rien n’était en parlant généralement bien en face de moi. C’était aussi une belle façon pour eux d’apprendre la tolérance et d’accepter la différence.

Par la suite, j’ai passé le concours d’aide-soignante et travaillé sept ans dans ce domaine.

Ces années m’ont permis de développer mes compétences, mais aussi une résilience et une gratitude profonde pour les liens humains que j’ai créés.

Aujourd’hui, je souhaite me mettre à mon compte et réaliser mon rêve.

Le monde est beau quand on sait l’écouter avec son cœur.

Mon implant cochléaire m’a appris à écouter non seulement les sons, mais aussi les sentiments.

Fin (8)