Giovanni arriva avec les plats, déposant les assiettes avec un sourire chaleureux.

— Bon appétit à vous deux.

Oscar et Annita attaquaient déjà leurs assiettes avec curiosité. Entre deux bouchées, Oscar prenait des photos, concentré sur les textures et les détails. Giovanni revint peu après pour débarrasser.

— Un dessert, peut-être ? Café ou thé ?

— Une crêpe à la Chartreuse verte… et un café bio, si vous avez. Haute-Savoie, si possible, répondit Oscar.

— Excellent choix. Je vous apporte ça.

Il allait repartir quand Oscar hésita, releva les yeux :

— J’aimerais aussi connaître l’histoire de la Chartreuse… si vous avez le temps de la raconter.

— Mais bien sûr ! Je vais chercher tout ça, et je vous dis tout à mon retour.

Annita le vit sortir son téléphone. Il tapait déjà quelques notes, l’œil vif, comme un journaliste en reportage.

Quelques instants plus tard, Giovanni revint, posa la crêpe fumante et le café devant eux, puis tira une chaise pour s’installer. Il poussa un soupir satisfait, l’air complice.

— Bien sûr que je la connais, cette histoire… Tous ceux d’ici la connaissent, plus ou moins. C’est pas juste une liqueur, c’est un secret de montagne.

Il se pencha un peu, baissant instinctivement la voix, comme s’il allait livrer un trésor.

— En 1605, un manuscrit mystérieux a été confié aux moines de la Grande Chartreuse. C’est le maréchal François Annibal d’Estrées qui leur a remis ce document. Mais comment l’avait-il obtenu ? Ah, ça… personne ne le sait. Certains disent qu’il l’aurait trouvé à Constantinople. Mais ce ne sont que des légendes.

Il fit une pause, le regard un instant perdu dans un souvenir.

— Mon grand-père me racontait ça quand j’étais môme. Ce manuscrit… il est passé de main en main, sans que personne ne le comprenne vraiment. Trop complexe. Jusqu’à ce que, bien des années plus tard, les frères chartreux réussissent à en tirer quelque chose. Une recette. Et encore aujourd’hui, seuls deux ou trois moines connaissent la formule exacte.

Il leva un doigt, presque solennel.

— La verte, c’est la plus célèbre. Une explosion d’herbes et d’épices : menthe, poivre, anis, citron, gingembre… et cette couleur si vive, c’est la chlorophylle. La jaune est plus douce : fleurs, miel, épices, peut-être même du safran. Mais tout ça… ce ne sont que des suppositions. Le vrai secret reste bien gardé.

Giovanni termina son récit, les yeux brillants d’un enthousiasme tranquille.

— Et maintenant, vous savez ce que cache vraiment cette liqueur. Un peu de magie, un peu d’histoire… et beaucoup de patience.

Annita et Oscar échangèrent un regard complice. Oscar tapota encore quelques mots dans son téléphone.

— C’est passionnant, dit-il. Je sens que je vais vouloir en goûter tous les arômes maintenant.

— Tu goûtes déjà tout ce qui se boit, rit Annita en finissant son café.

— Vous avez prévu quoi, après ? demanda Giovanni en se levant pour débarrasser.

Oscar haussa les épaules.

— On hésite encore. On voulait aller vers la forêt, mais cette histoire m’a donné envie de voir la Chartreuse en vrai…

Giovanni sourit.

— Ah, ça tombe bien. Si vous continuez la route vers le sud, vous passerez près de la Chartreuse de la Verne. Ils y font parfois un jeu de piste sur l’histoire des moines, des plantes, de la liqueur… Celui qui gagne obtient une entrée gratuite pour le petit musée secret de la Chartreuse, en contrebas du site.

— Tentant… dit Oscar, intrigué.

Partie 3

Écris fin juin 25

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Barbara Wonder .