Raiatea, c’est l’île sacrée dans la culture Ma’ohi, au centre du Triangle Polynésien qui s’étend de la Nouvelle Zélande à Hawai’i et à l’île de Pâques. Mais j’y reviendrai plus tard.

C’est une île au nord-ouest de Tahiti, de 98 km de circonference par la route côtière, qui partage un lagon commun avec Tahaa, sa petite soeur, à 5 km au nord. A l’ouest à 46 km, l’île de Huahine où je vais aller prochainement, et au nord à 58 km Bora-Bora. Toutes ces îles sont visibles les unes des autres de la côte, et sont l’occasion d’un grand évènement sportif très renommé, la Hawaiki Nui Va’a, une course de pirogues (les Va’a) qui relie en plusieurs jours ces différentes îles . 13.000 habitants, concentrés essentiellement dans la ville principale de Uturoa, le reste de l’île étant restée à l’état assez naturel.

Bora bora au loin

C’est justement l’intérieur de l’île, assez sauvage, que je pars explorer le matin, accompagné d’un guide (obligatoire), pour la fameuse randonnée des 3 cascades. L’occasion de parfaire ma connaissance des multiples plantes et arbres de Polynésie, mais cela demandera un article à part entière pour vous présenter tout cela tellement la végétation ici est luxuriante. L’occasion également de me baigner dans chaque cascade et de m’imprégner de son mana, son énergie, comme de bien entendu. Ce sont des occasions que je ne loupe jamais…:-)

Au retour, je croise les neveux de Tomy et Mylène qui reviennent de la pêche, avec cette fois 2 gros thons de plus de 50kg attrapés à la traîne. Impressionnant ! Ils les dépeceront et les revendront au marché pour env. 400 euros chacun..

Je décide de louer un petit scooter l’après midi pour pouvoir faire le tour de l’ïle, et me rendre surtout sur le site de Taputapuatea. Outre la magie de la côte, de ses baies, du lagon, des palmiers ou des cocotiers qui prennent des couleurs jaunes/oranges absolument magnifiques, ce site est la principale curiosité de l’île à visiter.

La civilisation Ma’ohi, avant l’arrivée des Européens, était une civilisation de tradition orale, dont on n’a que peu de traces ou de vestiges hormis les descriptions des premiers explorateurs. Le patrimoine archéologique tient essentiellement dans la présence des Marae, lieux de culte et de pouvoir sanctuarisé où l’on y honorait les dieux, accomplissait les cérémonies rituelles, intronisait les chefs, préparait les guerres et négociait les paix. On y pratiquait également des sacrifices humains rituels.

La société polynésienne était très hierarchisée, structurée dans un système de castes, très clanique et belliqueuse, organisée autour de chefferies qui se faisaient régulièrement la guerre pour étendre leur influence. Le marae était ce lieu de pouvoir, partagé entre l’arii, le chef, et les tahua, les prêtres, constitutif de chaque chefferie.

Le marae Taputapuatea était considéré comme le marae fondateur du dieu créateur Ta’aroa puis dédié à son fils Oro, dieu de la paix et de la guerre. Se rejoignaient régulièrement les différents grands ari’i du triangle polynésien, pour de grands rassemblements et cérémonies.

Le site de Taputapuatea, inscrit depuis 2017 au patrimoine mondial de l’Unesco, regroupe plusieurs marae au bord du lagon, à proximité d’une passe Te-Ava-Mo’a considérée comme la porte cérémonielle maritime sacrée, de laquelle arrivaient les différentes chefferies du Pacifique. Le surplombant, une petite colline sacrée également, de laquelle on a une vue époustouflante sur le marae, le lagon, la passe, et le motu Atara.

la passe au milieu de la barrière, et le motu à droite

Je poursuis mon tour de l’île au gré des baies et des jeux de lumière dans les palmiers et sur les motu, évitant au maximum les averses courtes mais fréquentes. Et là, dans la remontée du sud ouest vers le nord, un cadeau somptueux : un fabuleux arc en ciel, complet et lumineux, qui m’accompagnera sur toute la remontée. Je vous laisse admirer…

Je finis la journée sur le ponton à côté de la maison où l’on peut admirer le coucher de soleil sur le motu au large en sirotant un cocktail. Je suis ensuite attendu par Tomy et Mylène qui m’ont invité à passer la soirée avec eux et les amis de leurs fils, tous regroupés à l’occasion d’un anniversaire. L’occasion de manger le thon pêché du matin sous toutes ses formes, sashimi, carpaccio, tartare, vapeur,  mariné,...on mange bcp de poisson cru ici ! , et de parfaire un peu plus mon immersion au sein d’une authentique famille polynésienne. :-)

Aujourd’hui, c’est plongée ! Je pars le matin à l’assaut du Nordby, l’épave d’un trois mats de 1900 échouée dans la baie. Premières retrouvailles avec la plongée en bouteille depuis la Corse en 2013 où j’avais passé mon niveau 1. Super sensations ! Voir une épave bien conservée et toute la vie subaquatique qui s’y est développée depuis est vraiment un moment exceptionnel ! On y croisera des mérous, une murène nichée dans le trou du mat, un petit poisson feuille, et de multiples petites limaces d’eau, avant de revenir sur le bord et observer de multiples poissons… Extra !

Pas de photos perso hélas, une monitrice avait un super appareil, elle devrait me transmettre prochainement les photos ...

Le motu en face de la maison, le matin au soleil levant

Je poursuis mon après midi à faire du paddle sur le lagon, pour aller rejoindre le motu d’en face et faire un peu de snorkelling, sur un lagon paisible et mer d'huile....

Là encore, pas de photos, mais un article certainement à venir pour vous donner une idée de ce que l’on peut observer ici. Ca foisonne de poissons ! Mes petits préférés : l’Ange Royal et le chirurgien clown en illustration…:-)

Je termine la journée en admirant le coucher de soleil paisiblement. Quand le dernier rayon a disparu, démarre au loin des tambours et des chants. En discutant avec Mylène, il ne s’agit pas d’un office religieux comme je le pensais, mais d’un spectacle donné dans le Lodge à côté. Je me faufile discrètement, incognito, et cela me donne l’occasion d’assister à mon premier spectacle de danse tahitienne !

Ici, la danse fait vraiment partie intégrante de la culture polynésienne, perpétrée de génération en génération, et c’est l’association locale intégrant 3 ou 4 générations qui se représente ici, grands parents, parents, enfants, tous ensemble. Il s’en dégage une gaieté, une jovialité non feinte, une simplicité, une légèreté, une volonté de partage , un esprit communautaire et un rythme très entraînant me rappelant fortement  par moments mes soirées et la musique  congolaises ; absolument magnifique !

Encore deux belles journées magiques, féeriques même !, pleines de surprises et de cadeaux... il me suffit de prendre le temps de vivre au rythme du pays et de me laisser porter là où le vent me mène… et tout vient naturellement se présenter à moi, comme des présents. Il n'y a plus qu'à prendre avec respect et gratitude ! Tout ce que j’aime dans le voyage... :-)))) Le Mana est avec moi, je crois ! (le mana, dans la culture ma’hori, est une puissance surnaturelle, une force et une aura qui imprègne les personnes, les lieux et les objets). Je le transmets télépathiquement à celles et ceux qui en ont bien besoin en ce moment en France..

Que dire pour conclure ? Les Polynésiens sont tous extrêmement gentils, souriants, accueillants et avenants ! Tout particulièrement Tomy et Mylène chez qui je suis logé... Ici, on se salue et on se dit bonjour partout, Ia Ora Na !, le tutoiement et les arrangements sont monnaie courante, il y a toujours beaucoup de paisibilité, de respect et de politesse,  spécialement sur une petite ile comme Raiatea où tout le monde se connait, c'en est même scandaleux de gentillesse d'accueil et d'ouverture ! Le stress ne fait pas partie de leur culture, vraiment pas.. Tout ça me fait vraiment chaud au coeur, et me laisse fortement songeur sur nos propres modes de relations et notre rythme de vie pressé chez nous !

Maururu Roa, Mylene et Tomy !!! (Merci beaucoup )