L'assertivité est-elle encore une valeur pertinente ?
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L'assertivité est-elle encore une valeur pertinente ?
Alors que les tensions internationales et les crises sociales s’intensifient, une question se pose : l’affirmation de soi, ce pilier du développement personnel et des relations sociales, est-elle encore adaptée à notre époque ? Cette interrogation prend racine après des décennies passées à explorer et écrire sur le sujet. Mais face aux dérives actuelles - des invectives publiques entre candidats à la présidence américaine, aux conflits meurtriers et aux harcèlements sur les réseaux sociaux, l’idée même de promouvoir l’affirmation de soi semble remise en cause.
Aux origines d’une méthode d’émancipation personnelle
L’assertivité est née aux États-Unis dans l’après-guerre, un contexte de transformation sociale sans précédent. La montée des mouvements pour les droits civiques, la libération des femmes, la lutte contre la guerre du Vietnam et la contre-culture hippie ont poussé de nombreux individus à repenser leur rapport au monde et à la société. Au cœur de cette quête de liberté et de rébellion contre les structures sociales traditionnelles, l’assertivité est apparue comme une voie d’émancipation personnelle et de réalisation de soi.
Dans une Amérique en pleine guerre froide, l’individualisme incarné par l'asserivité servait aussi de contrepoint idéologique au collectivisme communiste. L’idée que chaque individu pouvait s’épanouir en fonction de ses choix et efforts personnels trouvait un écho puissant dans les valeurs américaines de liberté et d’indépendance. Elle incarnait ainsi une alternative séduisante pour ceux qui refusaient les modèles de société imposés.
En parallèle, la prospérité économique et la montée de la classe moyenne ont favorisé un climat d’optimisme et d’idéalisme où l’assertivité semblait garantir un « vivre ensemble » apaisé. Cette méthode s’est donc diffusée dans les pays démocratiques, portée par des valeurs universalistes.
Les fondations de l’assertivité, bousculées par la réalité
L’assertivité repose sur plusieurs principes : inviter les autres à s’affirmer en retour, rechercher des compromis, influencer sans imposer, privilégier l’intérêt commun et transformer les contraintes en opportunités de dialogue. En somme, cette approche se veut un modèle de coopération.
Or, aujourd’hui, ces principes paraissent fragilisés. Les débats publics et les échanges, souvent marqués par l’agressivité et le refus de compromis, semblent en opposition totale avec l’esprit d’écoute et de coopération promu par l'asserivité. Dans un monde où chacun défend bec et ongles ses opinions, influencer l’autre sans le convertir paraît une utopie.
L’intelligence contextuelle, une nécessité face aux limites de l’assertivité
Dans un contexte social de plus en plus polarisé, l’adoption de l’assertivité requiert une intelligence contextuelle fine. Il s’agit d’identifier les situations où cette méthode peut réellement être efficace. Par exemple, sur les réseaux sociaux, où les opinions tranchées dominent, la nuance et la diplomatie semblent souvent sans effet. Plutôt que de s’épuiser à convaincre, il peut être plus judicieux de concentrer son énergie sur des actions concrètes.
Ainsi, si l’assertivité semble difficile à appliquer dans certaines sphères de la vie publique, elle conserve néanmoins toute sa valeur dans d’autres domaines. Dans les projets collaboratifs, les associations ou même les relations personnelles, cette méthode continue de montrer son potentiel. Superviser des projets, mener des médiations, défendre ses droits face à des administrations sont autant de contextes où l’affirmation de soi s’exprime avec justesse et efficacité.
Vers de nouvelles approches d’influence et de coopération
Dans un prochain billet, nous explorerons des techniques adaptées à ces contextes, qui permettront d’influer sans forcer et de trouver des terrains d’entente malgré les désaccords. Car si l’affirmation de soi se heurte aux tensions de notre époque, elle demeure une voie de dialogue et de respect. Et en ces temps troublés, n’est-ce pas là, finalement, l’un de nos plus grands défis ?