Chapitre 10 - Des anecdotes, toujours des anecdotes
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Chapitre 10 - Des anecdotes, toujours des anecdotes
Un boucan contre la porte me réveilla. Je regardai mon réveil. Il indiquait cinq heures du matin. Je me levai, tant bien que mal, et allai ouvrir la porte. Un Gabriel, souriant, me fit face. Il m’ordonna de le suivre. L’archange m’emmena au dojo. Ael s’y trouvait déjà car je l’entendis râler sur l’horaire.
Gabriel me donna un plastron en or, avec des ailes d’anges dessinées en plein milieu — ce qui faillit me faire rire — et m’ordonna d’aller me changer dans la pièce à côté. Lorsque je revins, je le vis se tenir droit, avec du sang sur son bâton. Ael s’était sûrement pris une dérouillée. Cela n’annonçait rien de bon pour moi.
— À ton tour, humain, dit-il d’un sourire narquois. Prends un bâton derrière toi.
Je m’exécutai et me mis dans le cercle qu’il avait tracé à la craie.
— Le but de cet exercice est très simple, reprit-il. Il faut simplement faire sortir l’autre du cercle. Et pour ne pas te désavantager, je ne vais pas utiliser mes ailes.
— Donc, j’ai juste à vous pousser et je gagne. Ça me paraît plutôt facile comparé aux autres exercices que j’ai eus à faire.
— Possible, tu me diras. Maintenant en garde !
Le combat se déroulait bien. Du moins pendant les deux premières minutes. Je jonglais entre esquive et parade, tentant de temps en temps de porter quelques coups. On tournait en rond. Pourtant, plus les minutes avançaient, plus je reculais à chaque coup porté. Sa force augmentait au fur et à mesure. Son échauffement allait bientôt se terminer et à partir de là, je pense que j’allais voler. Il fallait que je trouve une solution. Mais il était plus rapide que moi.
Je tentai de lui balayai les jambes avec mon bâton mais il esquiva cette attaque sans problème. La demi-seconde d’après, une douleur à l’abdomen me fit tomber. Son coup de pied lors de l’esquive avait été fulgurant.
Cependant, je n’étais pas encore en dehors du cercle. Je me relevai le plus rapidement possible et démarrai un enchaînement de coups, variant pied et bâton. Je le faisais reculer petit à petit. D’ailleurs, il ne faisait qu’encaisser ce qui me paraissait bizarre. Mais je ne perdis pas mon objectif, si bien, que je faillis sortir du cercle lorsque, lors d’une attaque au bâton, il se décala. La projection de mon corps me fit avancer rapidement et je dus tomber en arrière afin de ne pas dépasser la ligne. Il ria et me tapota la tête avec son bâton.
— Allez, debout tête brulée ! Ça commence à être long ce combat. Je m’ennuie.
— Eh bien, utilisez votre force complètement.
— Si je faisais une telle chose, je te briserais en mille.
— Il a raison Joseph. La force d’un archange est comparable à… Superman, renchérit Ael en s’immisçant dans la conversation.
— À ce point-là ?
— Eh oui, petit. Donc, pour ton bien, je ne vais pas utiliser toute ma puissance mais puisque tu veux une démonstration…
En un éclair, il s’appuya sur son bâton, se projeta et me balança un coup de pied qui m’envoya contre le mur derrière moi. L’impact me coupa le souffle et je m’écroulai sonné.
Lorsque je me réveillai, j’étais allongé sur un tatami. Je pris ma tête dans mes mains et constatai qu’Azrael était en train d’engueuler son frère.
— Mais qu’est-ce qui t’a pris bon sang ? C’est qu’un humain !
— Il me l’a demandé, je n’y peux rien.
— Tu n’es pas possible mon frère.
— Tiens, ton protégé s’est réveillé, dit-il en me regardant. Tu vois qu’il va bien.
— Il valait mieux pour toi !
Elle s’avança vers moi et m’aida à me relever.
— Comment vas-tu ?
— J’ai mal au dos. Mais hormis cela, tout baigne. Dites Gabriel, juste par curiosité, vous étiez à combien de pour cent de votre force ?
— Une cinquantaine.
— Seulement ? Heureusement que vous ne m’avez pas totalement écouté alors. Je serais sur une civière autrement.
— Pire que ça… dit Gabriel.
— À quoi a servi cet entraînement ?
— À tester ta résistance aux coups. Et également à voir pourquoi ma cruche de sœur t’a choisi.
— Non mais oh ! cria-t-elle.
— Et le verdict ? demandais-je.
— Eh bien, je suis agréablement surpris. Tu sais encaisser, même quand j’augmentais la force. Bien sûr, on ne comptera pas le dernier. Cependant, c’était loin d’être suffisant pour que tu puisses acquérir le statut d’ange.
— Oh… dis-je, attristé.
— Mais ne t’en fais pas, à partir de maintenant, je serais ton entraîneur attitré. Ma sœur, quant à elle, s’occupera d’Ael. Tu n’y vois pas d’inconvénient ?
— Bah si ! Je ne veux pas l’entraîner !
— Merci… répondit l’ange en question.
— Tu n’as pas le choix en même temps. Et puis vous avez des choses à vous dire. Quant à nous, déclara-t-il en se tournant vers moi, nous allons reprendre l’entraînement.
— Avec plaisir !
Les deux archanges, dont l’une énervée, partirent du dojo. Gabriel me fit faire des exercices de cardio, comme sur Terre. Comme quoi, nous aussi leur avons apporté de la culture. Ou alors, c’est eux qui nous l’ont enseigné, je ne sais pas trop.
En tout cas, ce qui était bien, c’est qu’il les faisait avec moi. Je ne le trouvais pas si méchant finalement. Il est méfiant mais une fois que l’on est dans son estime, il est top. Et puis, c’était très enrichissant de travailler avec lui. Il me révéla beaucoup d’anecdotes de sa vie pendant qu’on s’entrainait. Cela devait être de famille cette particularité.
Il me fit signe de faire une pause et me lança une bouteille d’eau. Nous commençâmes à discuter de ma future vie d’ange.
— Est-ce que tu connais la signification de l’alea jacta est ? demanda Gabriel.
— Ce serait Jules César qui l’aurait prononcé avant de franchir le Rubicon avec son armée.
— C’est exact. À l’époque, le consul Pompée, qui dirigeait Rome, interdisait à tout général de rentrer dans Rome avec son armée. César, borné comme il était, ne put s’astreindre à respecter cette règle. Cependant, ce que tu ne sais pas, c’est qu’il me demanda mon avis avant.
— Comment ça ?
— Eh bien, à cette époque, moi et mes frères, nous allions beaucoup sur Terre. Qu’est-ce que nous aimions cette époque ! Donc, on passait beaucoup de temps avec les Romains, les Grecs et compagnies. Tu connais les dieux ?
— Zeus, Poséidon, Hadès…
— Je vois que Monsieur est cultivé ! Eh bien, ces dieux, c’était nous.
— Sans rire ?
— Eh oui ! Moi, on me nommait Poséidon. Azrael, c’était Hadès. Mickael se faisait passer pour Zeus.
— Puisque c’est le plus puissant d’entre vous…
— En effet, je n’aime pas que ce soit le cas mais c’est la réalité. Je ne vais pas te faire le rôle de tous mes frères et sœurs, tu as compris l’idée.
— Oui ! C’est fascinant.
— Et donc pour en revenir à mon anecdote… Juste avant de traverser le Rubicon, César m’appela. Alors je suis apparu devant lui, une grappe de raisin à la main. Je lui donnai mes conseils et la phrase mémorable à dire. J’avoue que j’avais été inspiré ce jour-là.
— Mais vous aviez le droit de montrer votre côté divin aux mortels ? Ce n’était pas interdit normalement.
Gabriel me regardait maintenant avec des yeux fascinés. Comme s’il venait de trouver son confident.
— Au départ oui. Mais on s’ennuyait mortellement donc Dieu nous avait autorisés à passer du bon temps sur Terre. Cependant, les répercussions furent désastreuses. Les humains commençaient à trop croire en nous. Alors Dieu nous a ordonné de rentrer et de ne plus mettre les pieds sur Terre.
— C’est triste… Et la règle est toujours d’actualité ?
— Non bien sûr que non. Pour que les gens continuent de croire en nous, il faut bien qu’il y ait quelques apparitions divines. Ainsi, nous avons le droit de nous promener sur Terre si l’on arrive à se fondre dans la masse. Et quelques fois, il nous arrive de faire un petit geste divin qui induirait la personne choisie à croire en nous.
— C’est incroyable. Quand on a conscience de l’envers du décor, toute la vision de notre Terre est différente.
— C’est le bon côté du paradis, mon ami. Et si tu veux, j’ai plein d’autres anecdotes dans ma besace.
— Oh avec plaisir !
Et nous discutâmes comme ça pendant des heures. En le regardant déblatérer, je me sentais vraiment à ma place. J’étais plus vivant qu’auparavant, alors que je suis au paradis. Paradoxal, non ? Enfin, en tout cas, je ne me lassais pas de sa présence. Il fallut donc qu’Azrael nous interrompe.
Cependant, elle n’arriva pas toute joyeuse comme d’habitude. Son regard semblait vide d’émotion. Et à peine eut-elle ouvert la bouche que Gabriel quitta cette pièce, nous laissant là comme des imbéciles.