si l’incarnation était une cafétéria sélective
un menu de l’âme à cocher entre deux lampadaires froids
et si l’on m’obligeait à choisir un corps d’animal
mon choix serait gravé au burin sur l'ardoise des jours
je choisirais la vibration du félin ascétique
l’amour sans chichis d’une carcasse affûtée
jamais cette douceur convenue du lâche au poil soyeux
le parasite ronronnant qui prend la pâtée pour un dû
la masse tiède en droit sur ton sofa ikea
ou pire
cette chose sans urgence
qui s’affale sur ta poitrine
pendant la lecture vaine d’un livre qui te n’apprendra rien
ce piège à siestes
ce luxe de la médiocrité bien chauffée
non
je prends la machine à tendons
le trait d’ombre qui coule dans la fissure du trottoir
l’esquive maigre dont la faim est l’unique boussole
il est le propriétaire absolu du caniveau
l'empire de la brique humide et moussue
où le reliquat et la pluie se mélangent en une poésie crue
il est debout
éveillé
ses pupilles des fentes d'or
il court après ses propres monstres
sa faim noire ses démons intérieurs
pendant que le monde
ce grand dormeur médiocre
est mollement rangé sous des draps synthétiques
lui
il est son propre absolu
sans juge ni condition
sa survie est son manifeste
sa loi non écrite
sa propre mesure de gravité
il n’a besoin d’aucun regard
car il est l’authenticité sans masque
la liberté tu vois
ce n’est pas le confort
c’est l’urgence de la patte
c’est le muscle tendu
la vérité sous la pluie
et le cri rauque avant l’aube
enfin
une âme qui ne s'excuse de rien.
— dato
Jackie H vor 19 Tagen
La version féline de la fable du chien et du loup 🙂
Line Marsan vor 20 Tagen
Des images tendues et aiguisées comme des griffes de chat. C'est très beau... même si je suis du clan des siestes! 😉
Dato vor 19 Tagen
Merci pour votre commentaire, Line.
Et merci d’avoir pris le temps de lire ce message du chat cosmique.