Chapitre 16
Auf Panodyssey kannst du bis zu 10 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 9 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
Chapitre 16
Cela faisait quatre jours que l’idée me hantait, oscillant entre la peur de sa réaction et le besoin écrasant d’être honnête avec lui. Comment aborder un sujet aussi intime sans paraître maladroite ou dramatique ? Devrais-je lui en parler lors d’un appel en visio, ou opter pour un message, plus impersonnel mais moins risqué ? L’idée de voir sa réaction en direct me terrifie, et pourtant, une part de moi a besoin de ce moment, de cette authenticité.
Assise devant mon bureau, les mains crispées sur mon téléphone, j’écris et réécris des brouillons que j’efface aussitôt. Les mots me semblent toujours forcés, déconnectés. Aucun ne traduit vraiment ce que je ressens. Chaque fois que je commence par "Il faut que je te parle de quelque chose...", une angoisse familière m'envahit, et mon pouce efface tout. Rien ne sonne naturel.
Je sais que je ne peux pas lui imposer de découvrir la vérité le jour J, devant les autres, dans un moment aussi chargé. Ce serait injuste, presque cruel. Mais comment trouver le courage de franchir cette étape, quand je ne cesse d’imaginer toutes les façons dont il pourrait réagir ?
Assise sur mon canapé-lit, les jambes repliées, je remonte machinalement notre conversation sur mon téléphone. Ses messages sont toujours là, remplis de questions anodines et de remarques légères, comme si son enthousiasme pour notre rencontre ne faiblissait jamais. Relire nos échanges me serre la poitrine. Jaxon est quelqu’un de bien, quelqu’un de sincère… mais cela ne rend pas ma peur moins paralysante.
Alors que mon pouce s’attarde sur son dernier message non lu, mon écran s’assombrit soudain, affichant une notification :
Jaxon Ryder – Appel en cours.
Mon cœur s’emballe. Jaxon.
Je fixe le téléphone, pétrifiée. Depuis quatre jours, j’ai ignoré tous ses messages, incapable de répondre sans me sentir comme une imposture. J’ai repoussé, évité, tout en sachant que ce silence ne pouvait pas durer éternellement. Mais un appel ? Maintenant ? Je ne suis pas prête.
Mon doigt hésite au-dessus de l’écran. "Accepter" ou "Refuser". Refuser serait plus simple, bien sûr. Mais combien de temps vais-je fuir ? Il faut lui parler, tôt ou tard. Je dois lui dire. Enfin… pas tout. Juste le strict nécessaire.
Inspirant profondément, je finis par glisser mon doigt sur l’icône verte.
— Hey, Jaxon, dis-je, ma voix plus rauque que prévu.
— Salut, Avy, répond-il, enjoué, comme si mon silence n’avait pas existé. Tu vas bien ? J’ai essayé de te joindre plusieurs fois, mais je me disais que tu devais être occupée.
Sa voix est un mélange de chaleur et de familiarité, et pour une seconde, j’oublie presque pourquoi je redoute autant cette conversation.
— Oui, désolée pour ça, dis-je en me raclant la gorge. J’ai eu… pas mal de choses à gérer.
— Tout va bien ? demande-t-il, son ton devenant immédiatement plus sérieux.
Je serre le téléphone contre mon oreille, cherchant les bons mots.
— Oui, enfin… disons que je voulais te parler de quelque chose, mais c’est un peu compliqué. Je ne savais pas comment aborder le sujet.
Il y a un silence de l’autre côté, mais je peux presque entendre son sourire se dessiner.
— Tu sais, Avy, tu peux tout me dire. Je ne vais pas te juger.
Mon cœur se serre. Est-ce vraiment si simple ? Cette idée me paraît si éloignée de ma réalité, où chaque mouvement est un rappel cruel de mes limites. Alors que je me relève difficilement du canapé-lit pour aller vers la cuisine, une douleur aiguë s'empare de ma hanche. Elle irradie tout mon corps, et je ne peux retenir un hurlement de douleur.
— Avy ?! s’exclame Jaxon, alarmé à l’autre bout du fil. Qu’est-ce qui se passe ? Tout va bien ?
Je m’appuie contre le mur, le souffle court, les larmes au bord des yeux. Cette douleur, je la connais par cœur, mais elle me terrasse à chaque fois.
— Ce n’est vraiment pas de cette façon que je voulais l’annoncer… murmuré-je, ma voix tremblante de douleur et d’émotion.
— Annoncer quoi ? Avy, tu me fais flipper, là !
Je prends une profonde inspiration, tentant de calmer les battements affolés de mon cœur. C’est le moment. Pas comme je l’avais imaginé, mais c’est le moment.
— Jaxon… Il y a quelques mois, j’ai eu un grave accident, commencé-je, ma voix hésitante.
Un silence tendu s’installe. Je l’entends respirer de l’autre côté, attendant que je continue.
— C’était pendant un concert, avoué-je doucement. Un incident… un mouvement de foule. J’ai été bousculée, écrasée, et… ma hanche s’est luxée sévèrement. C’était au-delà d’une simple blessure.
Je m’interromps, laissant les souvenirs remonter à la surface, amers et douloureux.
— Ils ont dû m’opérer en urgence, reprends-je après un instant. Les médecins m’ont prévenue que ce genre de blessure laissait souvent des séquelles, mais je n’imaginais pas à quel point. Après l’opération, j’ai dû porter un fixateur externe pendant des semaines. C’était une structure métallique… Tu sais, pour maintenir les os en place pendant qu’ils guérissaient.
Je serre les dents, une larme glissant sur ma joue.
— Ensuite, il y a eu des mois de rééducation. Chaque jour, je devais apprendre à marcher à nouveau, à retrouver un semblant de mobilité. Et malgré tous mes efforts… je ne suis jamais redevenue comme avant.
Je marque une pause, le souffle court.
— Aujourd’hui, je peux marcher sur de courtes distances, mais avec une canne. Et pour les longues journées ou les trajets, je dois utiliser un fauteuil roulant.
Je m’attends à une réaction de sa part, mais il reste silencieux. Je décide d’ajouter une précision, pour alléger un peu la tension :
— C’est pour ça que je t’ai évité ces derniers jours. Je ne savais pas comment te dire tout ça.
— Avy… commence-t-il enfin, d’une voix rauque, comme s’il peinait à trouver ses mots.
Mon cœur rate un battement.
— Je ne sais pas quoi dire… mais tu aurais pu me le dire dès le début. Ce n’est pas le genre de chose qui va me faire fuir, tu sais.
Son ton est doux, presque rassurant, mais je ne peux m’empêcher de sentir une pointe de culpabilité dans ses mots.
— Je sais… Je sais que j’aurais dû, admis-je en m’essuyant les yeux. Mais j’avais tellement peur que…
— Que quoi ? Que je réagisse mal ?
Je hoche la tête, même s’il ne peut pas me voir.
— Avy, écoute-moi. Je ne vais pas prétendre comprendre tout ce que tu vis, mais je veux que tu saches que ça ne change rien pour moi. Rien.
Sa voix est si sincère que je sens un poids quitter mes épaules, même si une part de doute persiste encore.
— Merci, dis-je simplement, ma voix brisée par l’émotion.
— T’es sûre que tu vas bien, là ? reprend-il après une pause. Ton cri de tout à l’heure m’a vraiment fait flipper.
Je laisse échapper un rire nerveux.
— C’est juste ma hanche qui me rappelle à l’ordre. Je vais m’allonger, ça ira mieux.
— D’accord, mais promets-moi de te reposer, d’accord ?
— Promis, dis-je avec un léger sourire.
Et alors que l’appel se termine, je réalise que, chaque jour, je fais un pas vers l’acceptation de ma situation. Peut-être que je ne suis pas aussi seule que je le pensais.