La barrière de la langue
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La barrière de la langue
Troisième partie : rayonnement du maloya (7)
On ne s'est pas compris
Les choses évoluent tout de même. Dans les années 80, on peut avoir un meilleur aperçu de ce qui se fait à Maurice et à La Réunion en termes de production musicale. Les éditions Playa Sound ont commencé à compiler des ségas et à les diffuser dès la fin des années 70, alimentant régulièrement le marché avec des collections comme « Les Ségas instrumentaux de l'Océan Indien », « Ségas et boléros de La Réunion », « Les Grands noms du séga », « Hit-Parade du séga ». Il n'est toujours pas question de maloya, bien entendu. Le maloya n'a pas droit de cité. Mais rien que le séga, cela représente des dizaines et des dizaines de disques. C'est très minoritaire en comparaison de la masse de variété de l'époque mais on ne peut plus dire que le séga vient d'îles trop lointaines et qu'on ne trouve pas de disques : il y en a. C'est le public qui n'est pas vraiment intéressé. Le rendez-vous est manqué. On ne s'est pas compris, pas entendu. La langue créole est à la fois trop lointaine et trop proche : trop différente pour être naturellement comprise et couler comme de l'eau à nos oreilles, mais trop semblable pour nous faire croire à un ailleurs. De la même manière que le breton ou l'occitan n'intéressent que très modérément le ch'timi (je parle des langues, pas des personnes), le créole sonne comme une langue régionale dont on sait qu'elle existe sans que cela ne suscite une curiosité démesurée.
Avec lui, en revanche, on s'est compris : merci à Eric Ausseil.