Il s’agit d’une bande dessinée assez particulière avec un traitement de la couleur et du dessin à la fois extrêmement précis mais torturé: il n’y a aucune ligne droite, tout semble toujours un peu de travers et cela participe à l’ambiance absurde et angoissante de l’album. Je reparlerai sans doute d'une autre BD de Nicolas Dumontheuil à un moment car j'adore son travail graphique.

L’histoire repose sur la théorie du bouc émissaire de René Girard : la mort prématurée d’un villageois génère des tensions dans le village, des tensions qui mènent à la folie, présentées comme le « remordingue » dans la bande dessinée. Les personnages sont tantôt truculents, tantôt inquiétants, et l’on suit le personnage principal, nouvel arrivant dans le village, pas à pas, tentant de comprendre ce qu’il se passe, cherchant du sens dans ces échanges, cherchant également à créer des liens avec les villageois qui au fur et à mesure se montrent de plus en plus hostiles envers lui, mais aussi les uns envers les autres. Le tout sur fond d’érosion de la falaise où le village est bâti.

Il y a de la satire sociale, un côte fable grotesque, mais aussi un humour noir qui devrait satisfaire les amateurs d’absurde, de sociologie rurale et de thriller. Oui, tout ça à la fois.