Le conte des trois sapins, par Jean-Christophe Mojard

Dans la fougue élancée de leur verte jeunesses,

Trois arbres s’en allaient à rêver d’aventures.

Le premier se voyait ciselé de promesses

En gardant des richesses derrière sa serrure.

Le deuxième espérait découvrir l’océan

Et parcourir les eaux sous tous les horizons.

Le dernier aspirait à devenir géant,

Pousser jusqu’à l’Olympe et déifier son nom.

Leurs rêves furent coupés dans toute leur splendeur,

Ne laissant que des larmes de sève à leurs pieds.

Un simple bûcheron de sa lame et d’ardeur

Débita les trois troncs pour planches ou papiers.

Le premier fut, pourtant, d’une simple mangeoire,

Le berceau accueillant du plus grand des trésors,

Puisque l’Enfant Sauveur, porteur de nos espoirs,

Se servit de cette auge pour y poser son corps.

Le deuxième eut aussi à entrer dans l’histoire,

Puisque l’embarcation, dont il était le bois,

Fut celle de ce Roi du Ciel dont la gloire

Est encore louée de tous les gens de foi.

Le troisième, à son tour, réalisa son rêve

D’une façon tout autre à ce qu’il s’en faisait :

Il supporta le corps de celui qu’on élève

Au rang de fils de Dieu et qu’on fit crucifier.

Le conte des trois sapins, par Juliette Norel

Dans une forêt ancienne, bercée par le chant éternel des oiseaux et le murmure du vent dans les feuilles, trois jeunes conifères grandissaient côte à côte. Leurs branches tendues vers le ciel, ils murmuraient leurs rêves secrets sous la voûte étoilée.

Le premier sapin, fier et élancé, rêvait de devenir coffre au trésor. Il imaginait être sculpté avec des détails précieux, renfermant des joyaux et des richesses, admiré par tous pour sa beauté éclatante. Il souhaitait éblouir les regards par son éclat doré.

Le deuxième sapin, robuste et ambitieux, aspirait à devenir un grand navire, voguant sur les mers infinies. Il rêvait de parcourir le monde, de sentir le vent salé fouetter ses voiles, et de porter des rois et des reines vers des contrées lointaines et mystérieuses.

Le troisième sapin, de tempérament humble et contemplatif, aspirait seulement à demeurer pour toujours au cœur de la forêt qui l’avait vu naître, s'élevant majestueusement parmi ses semblables. Il voulait toucher le ciel et inviter les âmes à rêver, inspirant ceux qui levaient les yeux vers sa cime, et connectant la terre au ciel de son immobile présence.

Le temps passa, et un jour, les trois sapins furent abattus.

Celui qui espérait devenir un coffre au trésor, fut coupé et transformé en une mangeoire rustique.

Déçu, il se résigna à l’humilité de son sort, jusqu'à ce qu'une nuit froide, une lueur divine illumina sa destinée.

Un nouveau-né, enveloppé de lumière, fut déposé en son sein. Son rêve de magnificence prit une forme inattendue, gravant son bois dans l’éternité d’une des légendes fondatrices de notre civilisation.

Le deuxième sapin, rêvant d'aventures sur les océans, fut transformé en un simple bateau de pêche.

Bien qu'il ne devînt pas un grand navire royal, il connut des voyages inestimables.

Un jour, il transporta un homme sage qui, par la seule force de sa voix, apaisa une tempête déchaînée, sauvant par là-même de nombreuses vies innocentes.

Le sapin découvrit alors que son destin, bien que modeste, était infusé de miracle.

Quant au dernier désireux de rester dans la forêt, fut taillé en une grande croix.

Il se crut oublié et inutile, mais son bois devint un symbole puissant de foi et d'espoir.

Érigé sur une colline, il inspirait et guidait les cœurs vers le ciel, accomplissant un destin au-delà de ses rêves les plus fous.

Ainsi, les trois sapins, chacun avec leurs aspirations, découvrirent que leur véritable grandeur résidait non seulement dans ce qu'ils étaient devenus, mais surtout dans l'impact profond qu'ils avaient sur le monde.

Chacun, à sa manière, illumina la vie des hommes, devenant des symboles d'amour, d'espoir et de foi.

Cette tendre légende nous rappelle que le destin, même s’il nous semble parfois mystérieux,

choisit pour nous les voies les plus brillantes et justes, même si nous ne le percevons pas toujours.

Chaque chemin, même inattendu, peut mener à des éclats de grandeur et de beauté insoupçonnée.