Ils vivent de cela 5/9
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Ils vivent de cela 5/9
[...]
"Vraiment Angelo il y a quelques chose que vous pouvez faire pour moi: j’ai des documents à emmener chez les arméniens. Je ne peux pas y aller moi même, en ce moment précis. Vous voudriez bien le faire pour moi?", "Oui, Anna"."Tenez. Voici la liasse à emmener et voici à qui vous adresser. Dites-leur que c’est de la part d’Anna Hylan. Je ne les connais pas, mais eux, eux me connaissent depuis très longtemps".
Elle sort la liasse et elle lui remet entre les mains. Si vous avez une ficelle, afin que les feuilles ne se dispersent pas...Le fermoir que je vous ai donné, était le fermoir de cette liasse.
"Je comprends". "Merci de votre aide". "Merci de votre confiance".
Angelo prend le premier bateau le matin d’après, en entourant la liasse avec la ficelle il voit les feuilles écrites avec des caractères inconnus. Il ferme la liasse avec beaucoup de précaution. Il a le coeur qui bat très fort. Il pense aux années passées dans le maquis, où il avait accompli les missions les plus dangereuses, celles que personne ne voulait accomplir. Et pourtant toutes ces missions lui semblent presque anodines face aux documents qu’il avait entre les mains. Il porte ces documents serrés sur sa poitrine, avec cette sensation unique qui l’accompagnait dans chaque bataille, mais complètement exempte de peur. L'adrénaline pure du combat. Sans le danger du combat.
Quand il arrive au monastère, il demande au gardien de parler avec le Prieur en disant qu’il avait quelques chose qui venait de la part de Anna Hylan, une femme qui habitait dans son auberge. Avec son immense surprise, le Prieur le reçoit immédiatement. Il le salue de manière carrément obséquieuse puis il prend dans ses mains la liasse, il commence à la feuilleter, avec un œil de plus en plus attentif. Vers la fin de la lecture des documents il est époustouflé et il murmure:
"On m’avait parlé d’elle, mais je n’aurais jamais imaginé quelque chose de pareil".
Il continuait à tourner les feuilles, l'air émerveillé et songeuse. Puis il lui demande:
"Elle est dans votre auberge?","Oui"."Elle est comment? On la décrit comme une femme très mystèrieuse, troublante. Les juifs du Ghetto ont toujours murmuré son nom avec grande admiration et parfois même, il m'est semblé avec une vague crainte… vous arrivez à garder votre calme en l’ayant dans votre auberge?"
Angelo pense à la douceur avec laquelle elle lui parlait, aux réparties drôles dans la salle commune, à la tendresse qu’elle montrait envers les femmes qui passaient dans l’auberge et celle, toute particulère, qu'elle avait pour lui. Tout lui viendrait à l’esprit, sauf que la définir une femme qu’inspirait de la crainte. En y pensant il se dit même que jamais de sa vie il avait été si serein que depuis l’arrivée d’Anna. Il répond au Prieur:
"Mystérieuse, oui, certainement. Troublante ça dépend de points de vue - pense-t-il en songeant au désir qu’elle réveillait en lui à chaque rencontre, même la plus fortuite, dans la salle commune - mais inquiétante, alors ça non. Vraiment pas du tout".
Le Prieur plonge dans la lecture puis une demi heure après il ferme la liasse et il dit à Angelo:
"Dites-lui que les documents sont arrivés au bon endroit. Nous sommes très honorés de les garder. Nous allons faire tout ce qu’il faut faire".
Enfin il se lève pour l’accompagner à la sortie. Ils traversent ensemble le cloître. Le Prieur s’arrête devant la chapelle. Angelo regarde par la porte, il voit les voûtes peintes du même bleu que celui des tableaux d’Anna.
"Vous voulez entrer? lui demande le Prieur","Juste un instant, pour prier". "Allez-y, lui dit le Prieur"
Angelo rentre, il se met à genoux sur un banc, il pose la tête sur son bras, plus comme un enfant fatigué que comme un homme qui prie. Il pense que ça devait dater de sa toute première enfance qu’il n’était pas rentrée dans une église pour prier. Il n’aurait pas aimé qu’on le voit dans l'Église de son île, mais ici, dans cette église nichée au cœur d’un îlot habité uniquement par des moines d’un peuple qui lui était complètement inconnu, il décide que c’est bien. Magnifique même. Il avait envie de la faire. Le Prieur le laisse tranquille, quand il sort, Angelo a les yeux pleins de larmes. Le Prieur lui demande:
"Vous étiez en train de prier pour Anna?","Oui"."Au point d’en pleurer?","Oui. Je sais qu’il y a peut-être des gens à qui la perçoivent comme une femme distante, auxquels elle inspire da la crainte, mais en moi c'est l'envers. Elle dégage quelque chose de si puissant et de si fragile à la fois, je ne sais pas pourquoi elle a choisi mon auberge, mais...","Vous aimerez qu’elle soit ailleurs? Vous pouvez lui dire de venir ici".
Angelo pense que pour rien au monde il voudrait qu’elle quitte son auberge. "Non, ce n’est pas ça, bien au contraire, juste je voudrais savoir comment lui faire comprendre que…", "Que..."
Il n’ose pas dire tout simplement que je l’aime:
"Qu’elle peut compter sur moi pour tout…","Je crois qu’elle le sait déjà si elle vous a confié tout cela. Et, vous savez, ce type de personnes ne se trompent jamais sur les choix fondamentaux: ni des personnes, ni des lieux. Si elle a choisi d’habiter dans votre auberge, si elle vous a choisi pour vous confier tout cela c’est qu’elle a une très bonne raison de le faire. Si elle vous fait confiance, faites-vous confiance aussi. C’est peut être là le coeur de la question, ce n’est pas à elle qu’il faut expliquer qu’elle peut compter sur vous, mais à vous d’accepter qu’elle vous a choisi pour une raison précise, et qu’il faut y croire, à cette raison, même si pour le moment vous en ignorez la motivation profonde"."Vous devez avoir raison. Même si je ne sais pas la raison"."Moi, je la connais, la raison". "Oui? Laquelle?", "Il suffit de vous voir prier pour elle…Vous l’aimez tellement fort que votre amour la protège. Ces personnes-là sentent l’amour loin de centaines, voire des milliers de miles de distance, je vous l’assure. Ils vivent de cela". "Je croyais que ces personnes-là vivaient de Dieu". "Justement. C’est ce que je suis en train de vous dire. Ils vivent de Dieu, ils vivent d’Amour".
Photo du net: San Lazzaro degli Armeni, Venise