Battle of the sexes (Jonathan Dayton et Valérie Faris, 2017)
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Battle of the sexes (Jonathan Dayton et Valérie Faris, 2017)
Dans une scène clé (et véridique!) de "Battle of the sexes", celle qui précède la reconstitution du match qui opposa en 1973 la championne de tennis trois fois titrée en grand Chelem Billie Jean King âgée de 29 ans au vétéran et ancien numéro un mondial Bobby Riggs âgé de 55 ans, ceux-ci s'échangent des cadeaux qui soulignent que le combat ne se situe pas seulement sur le terrain sportif. Bobby qui surjoue les phallocrates donne en effet à Billie Jean une sucette géante ("Annie aime les sucettes, les sucettes à l'anis") non aux couleurs de ses grands yeux mais à celles de son sponsor "Sugar Daddy" à qui il fait les yeux doux ^^. Billie Jean qui ne manque pas de répartie lui balance alors un porc(elet) dans les bras. Le film, lui même hybride (mi biopic, mi comédie sociale) illustre en effet deux combats inextricablement liés derrière l'enjeu sportif, l'un, féministe, pour la reconnaissance de l'égalité hommes-femmes et le second, LGBT, pour l'acceptation de son identité sexuelle. Billie Jean est au carrefour des deux problématiques et on se passionne pour son parcours, formidablement porté par l'énergie pleine de détermination de Emma STONE. Les discriminations (être payée 1/8° du salaire d'un tennisman à niveau égal par exemple) et humiliations (les propos sexistes décomplexés qui étaient la norme à l'époque) la poussent à sortir de sa réserve et à prendre ses responsabilités sociétales en tant que championne face à un monde d'hommes machistes qui fixes les règles inégalitaires du monde du tennis professionnel (et ce combat là est loin d'être terminé même si l'angle du harcèlement sexuel n'est pas évoqué). Parallèlement, elle découvre son homosexualité à la fois dans le trouble du désir et dans le secret et la honte qui était le propre de cette époque. Deux dimensions que les réalisateurs, Jonathan DAYTON et Valerie FARIS parviennent à parfaitement retranscrire dans leur mise en scène. Néanmoins à la différence de tant de jeunes femmes célèbres des seventies qui ne parvinrent jamais à faire leur coming out, Billie Jean fut la première sportive à effectuer le sien en 1981 et finit par refaire sa vie pour vivre en accord avec elle-même. Tout le contraire du personnage de Bobby Riggs dont les outrances machistes mise en avant dans ses mises en scène de showman sont subverties par l'interprétation qu'en donne Steve CARELL qui le rend surtout pathétique à force de vouloir prouver "qu'il en a" alors que visiblement il a surtout un sacré trou non dans la raquette mais dans le pantalon.
A l'image de leurs deux premières réalisations, le cultissime "Little miss Sunshine" (2005) et "Elle s appelle Ruby" (2012), "Battle of the sexes" est donc une comédie intelligente à plusieurs niveaux de lecture (ce dont je suis particulièrement friande, je pense aussi à celles d'un autre duo, Eric TOLEDANO et Olivier NAKACHE). Et bien que le tennis ne soit qu'un prétexte à des sujets plus universels, la reconstitution du match final (tout comme celles des années 70) est remarquable de limpidité, faisant entrer le spectateur de plein pied dans ce combat pour l'égalité et l'émancipation qui se joue non aux poings mais à la balle de match.