Chapitre 11- Comment ça, "c'est fini"?
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Chapitre 11- Comment ça, "c'est fini"?
— Je sais que tu as très envie de me parler, Conrad…
L’intéressé sursauta, étonné de la lucidité de son père. Holmes avait fini par se rendormir, et Cartier était parti s’acheter à boire. Pendant quelques minutes, le silence avait été total : Evan parcourait le dossier médical de son ami en silence, sous le regard discret de son fils.
— Ça se voit tant que ça ? interrogea le rouquin avec surprise. Ou bien tu lis juste dans mes pensées.
— Instinct paternel, je suppose, répondit le médecin en haussant les épaules. Ça fait déjà quelques jours que j’ai cette impression que tu veux me dire quelque chose mais que tu n’oses pas.
— Ça fait même plus d’une semaine… admit Conrad, décidant de profiter de l’occasion.
— Vu combien tu es tendu, j’imagine que c’est important.
— Oui, mais c’est aussi un peu compliqué.
— Je ne connais pas beaucoup de problèmes simples, soupira Evan en écartant une mèche de cheveux bruns. Je me doute que tu as envie de me le dire. Mais s’il te plaît, je préfèrerais qu’on en parle à un autre moment.
Ayant manifestement décelé la déception dans le regard de son fils, il désigna le professeur de maîtrise d’un signe de tête.
— Pour l’instant, je voudrais être pleinement concentré sur cette opération. Je te promets que quand ce sera terminé, tu pourras me parler autant que tu voudras.
— D’accord, souffla le rouquin. Est-ce que je peux rester ici pendant que tu opères ?
— Ce sera très long, tu es sûr que tu ne vas pas t’ennuyer ? demanda le médecin en reportant son attention sur le dossier.
— J’ai pris mon téléphone, je trouverai bien de quoi m’occuper. Ça ne me dérange pas d’attendre.
— Si tu veux, accepta Evan avec un hochement de tête.
Conrad avait rarement vu son père aussi tendu. Jusqu’à l’heure fatidique, il prononça à peine quelques mots. S’occuper de ses patients à son cabinet était sans doute drastiquement différent de soigner son meilleur ami sur une intervention délicate. Comprenant qu’il ne voulait pas qu’on le dérange, son fils avait décidé de ne pas l’assommer de question. Cartier avait fait le même choix et restait plutôt silencieux également. Au final, le plus détendu dans toute cette histoire, c’était Holmes ! Toujours endormi, il semblait totalement hermétique à n’importe quel stress !
À treize heures, Conrad et son professeur de géographie descendirent jusqu’au rez-de-chaussée. Ils rejoignirent une salle d’attente et s’installèrent sur les chaises en plastique. À présent, tout ce qu’ils pouvaient faire était patienter. Cartier déposa un sandwich emballé dans un sachet en papier sur les genoux de son élève.
— Ton père m’a donné un peu d’argent pour t’acheter à manger, expliqua-t-il devant son regard interrogatif. Quitte à attendre, autant le faire le ventre plein.
— Merci, bredouilla le rouquin, mal à l’aise.
— Je vais dehors quelques minutes, je dois passer un coup de fil.
Conrad le regarda se lever et prendre la direction de la sortie tout en déballant le sandwich. Il prit son propre téléphone dans sa poche et le déverrouilla. Il avait reçu plusieurs messages de la part de Diane. Cette dernière avait décidé de créer un groupe de conversation avec elle, Aloïs et Conrad.
« Comment ça va là-bas ? »
Coinçant son morceau de baguette entre ses dents, il tapa une réponse rapide :
« Holmes et mon père sont en salle d’opération, je suis en train d’attendre »
Quelques minutes plus tard, ce fut Aloïs qui envoya un message.
« Il va s’en sortir, tu crois ? »
« Bien sûr que ça ira ! Je vous tiendrais au courant s’il y a du nouveau. »
Peu après, il se rappela qu’il avait été sur le point de parler de la lettre à Evan.
« Je vais peut-être enfin pouvoir parler à mon père de la lettre de JUGE. On verra bien ce que ça donnera »
Enthousiaste, son amie ne tarda pas à répondre.
« Génial ! Espérons qu’il te croira ! »
L’attente, l’incertitude dans laquelle était Conrad semblait faire s’écouler le temps plus lentement que jamais. Il cessa de compter le nombre de fois qu’il avait allumé son téléphone pour regarder l’heure, avant de constater que trente secondes s’étaient écoulées. Après son appel plutôt long, Cartier était revenu.
— Je dois filer, annonça-t-il à mi-voix, j’ai une course à faire. Ça ne te dérange pas d’attendre seul ?
La bouche pleine, le rouquin secoua simplement la tête, et le professeur parti rapidement, clé de voiture en main. Conrad se félicita mentalement d’avoir téléchargé quelques jeux sur son téléphone lui permettant de s’occuper sans trop réfléchir. Il essayait principalement de distraire son esprit pour ne pas penser à ce qu’il pouvait bien se passer dans la salle d’opération. Plus il voyait le temps passer, plus il se disait que son père devait faire preuve d’une incroyable patience pour rester aussi concentré aussi longtemps. Soigner son ami devait sans doute lui mettre la pression et rendre son travail plus difficile encore.
Cartier fut de retour vers quinze heures, et ne pouvait pas supporter de rester assis sans rien faire pendant un quart d’heure, proposa d’aller acheter un goûter. Il s’efforça de trouver des sujets de conversation intéressants, même si le garçon sentait derrière cette façade ridiculement faible une impatience grandissante du dénouement de l’opération. Mais Conrad saluait ses efforts pour rendre l’attente plus supportable. Il parla du mécanisme des explosions volcaniques, des ouragans et autres phénomènes naturels, rendant cette discussion vraiment passionnante. Grâce à ses explications sur la viscosité du magma et les pressions des gaz dans la cheminée du volcan, le rouquin ne vit presque pas le temps passer, et que dix-huit heures approchait.
Il ralluma brièvement son téléphone, et constata qu’il avait reçu des messages de ses amis. Vers seize heures, Diane avait demandé de ses nouvelles, et avait réitéré sa question une heure après. Finalement, il y a quelques minutes à peine, elle lui demandait s’il était mort, auquel cas elle aimerait le savoir.
« Désolé, j’ai pas vu les messages. Ils sont toujours au bloc, on attend encore. »
Il ne fallut pas longtemps pour que son amie lui réponde.
« Je m’en doute que t’as pas vu les messages ! Ça va bientôt faire cinq heures. »
Aloïs compléta sa pensée.
« Tu crois que c’est mauvais signe ? »
« Aucune idée »
— Conrad, Ludovic, c’est fini.
Le garçon s’immobilisa, le doigt au-dessus du bouton « Envoyer ». D’un même mouvement mécanique, lui et Cartier tournèrent la tête vers Evan qui venait de les rejoindre. Il avait les traits tirés et des yeux fatigués. Il s’était déjà débarrassé de son masque et de ses gants, mais portait toujours une tenue bleu foncé.
— Comment ça, c’est fini ? interrogea le professeur en se levant d’un bond. De quoi tu parles ?
Sa voix était très inquiète, presque paniquée, mais en face de lui, le médecin le regarda avec surprise, comme s’il ne comprenait pas de quoi ce qu’il voulait dire. Il fronça les sourcils, incrédule.
— L’opération, j’ai fini l’opération, compléta-t-il comme si c’était une évidence.
— Ah, ouf ! soupira l’enseignant avec soulagement. Tu m’as fait peur ! Tu as dit ça avec une tête d’enterrement, ce n’était pas très rassurant.
— C’est pas une tête d’enterrement, c’est une tête de zombie, marmonna Evan en passant une main lasse sur son visage. Près de cinq heures au bloc, ça fatigue. Il s’en sortira, mais il restera handicapé pour le restant de ses jours.
— Aïe, grimaça Cartier, il ne va pas aimer, ça…
— Tu sais quand il pourra sortir ? interrogea Conrad.
— Pas encore, il faut voir comment il va à son réveil. Pour le moment, il est encore totalement KO. Sans doute dans quelques jours minimum. Par contre, je suis désolé, mais il faut vraiment que je dorme…
— Bien sûr, vas-y, approuva le professeur. Nous, nous devons retourner à l’école, de toute façon.
— Oui, vous devriez vous dépêcher avant que Mac ne s’inquiète, soupira Evan. Je vais rester une nuit à l’hôpital et je vous tiendrais au courant. Au revoir Conrad.
— Au revoir papa, répondit le rouquin en le serrant rapidement dans ses bras. Bon rétablissement à Monsieur Holmes !
Cartier donna une tape encourageante sur l’épaule du médecin, avant se diriger vers la sortie. Son élève le suivit tranquillement et ils regagnèrent le parking. Ils reprirent la voiture et sur les vingt minutes de trajet de retour, tous deux restèrent très silencieux. Pourtant, ils n’étaient pas tendus comme plus tôt dans la journée, ils étaient beaucoup plus détendus.
En rejoignant la colline, ils se séparèrent, l’un pour retourner au bâtiment dédié aux professeurs, l’autre pour regagner celui des premières année.
Conrad, à peine eût-il passé la porte, se fit assaillir de tous les côtés. Ses amis étaient au-devant du groupe, l’air inquiet ou interrogateur.
— Comment il va ? interrogea Alexandre avec anxiété.
— Il va s’en sortir ? questionna Diane.
— Tu as des nouvelles ? demanda Eleanor.
— Wow, calmez-vous un peu, s’impatienta Jules qui était resté étalé de tout son long dans un canapé. Comment vous voulez qu’il réponde à tout le monde en même temps ?
— Viens, assieds-toi sur le canapé, recommanda Aloïs en le tirant par la manche.
Toute la classe était réunie autour de lui, et un peu plus loin dans la pièce, il y avait même des élèves que le rouquin devinait comme faisant partie de l’autre classe de leur année.
Il préféra s’en tenir à ce lui avait dit son père un peu plus tôt, que l’opération s’était terminée sans encombre, mais que leur professeur resterait sans doute handicapé à vie et qu’ils auraient sans doute des nouvelles plus tard dans la semaine.
Après de multiples questions, auquel Conrad répondit ou non, la foule s’écarta autour de lui pour le laisser respirer. Il avait volontairement décidé de mentir concernant la raison pour laquelle leur enseignant était dans cet état. C’était la vie privée de Holmes et c’était à lui de décider s’il voulait tenir au courant ses élèves.
Finalement, il put s’isoler avec ses amis pour aborder le sujet de la lettre de JUGE. Installé dans la chambre des deux garçons, Conrad raconta ce que son père lui avait dit dans la chambre d’hôpital.
— Tu as de la chance que ton père soit ouvert à la discussion, marmonna Diane d’un air lugubre. Le mien est vraiment un chieur. Tu as déjà réfléchi à comment tu vas lui expliquer la situation ?
— Je pense que je vais essayer de me rappeler tout ce dont la lettre parlait, et bien sûr lui rentrer dans la tête que le sujet est trop grave pour que ce soit une plaisanterie. Ce n’était pas JUGE cette fois, mais ça pourrait arriver à n’importe quel moment.
— T’en fais pas, Conrad, je suis sûr que ton père sera compréhensif, lui assura Aloïs, bien qu’il semblait surtout essayer de se convaincre lui-même de ses paroles.
Ils préférèrent aller se coucher tôt, plutôt que de s’angoisser trop vite pour rien. La journée du dimanche fut marquée par l’arrivée de quelques membres d’autres années qui voulaient également des nouvelles de Holmes, et le jeune garçon répondit tout le temps la même explication.
Heureusement, la reprise des cours le lundi put le distraire un peu plus efficacement. Le professeur Donovan était toujours aussi stricte et ramenait un semblant de normalité à leur classe. Même Cartier assura son cours comme tous les jours et resta fidèle à lui-même.
À la fin de la journée, le garçon reçut un message de la part de son père. Il se mit à l’écart pour le lire tranquillement.
« Holmes sortira de l’hôpital vendredi matin, je rentre à l’ACÉSO maintenant
Bisous »
Il répondit rapidement un « OK, à tout à l’heure » avant de ranger son téléphone. Il avait très envie d’aller voir son père pour lui parler de ce qui l’inquiétait depuis plus d’une semaine, mais il avait surtout le pressentiment que ce n’était pas le moment pour cela. Un de ses amis sortait à peine de gros problèmes de santé, il n’avait sans doute pas envie de parler d’autres soucis. Et le fait qu’il ne relance pas la conversation à ce sujet laissait deviner que soit, il ne voulait pas l’entendre pour le moment, soit qu’il l’avait oublié.
Conrad se décida donc à attendre résolument le retour de Holmes à l’école avant d’aborder à nouveau le sujet. La semaine semblait s’écouler tellement lentement, il comptait les jours et les heures avant vendredi.
Le mercredi, Nathanaël passa dans leur dortoir dans l’après-midi. Il transmettait l’information que suite au retour de leur enseignant, il y aurait bel et bien cours de maîtrise des pouvoirs dans l’après-midi. Juste avant de partir, le Guide se permit de leur lâcher un « Bon courage » avant s’éloigner rapidement.
C’était avec un mélange d’appréhension et de hâte que Conrad vit le vendredi arriver. Après une heure de mathématique et une heure de labo de sciences, leurs heures libres semblaient prendre une éternité à s’écouler. Finalement, quelques minutes avant qu’il soit treize heures cinquante, les élèves de premières années sortirent de table pour rejoindre les vestiaires.
Tout en se changeant, presque personne ne parlait. Tout le monde se demandait ce qui allait pouvoir se passer à présent, mais personne n’estimait utile de le dire à voix haute. Enfilant son gilet, Conrad se dirigea avec les autres vers la sortie. Et comme annoncé, leur enseignant était bien là.
Debout devant le petit groupe d’élèves, il semblait attendre que tout le monde soit réuni. Il ne semblait pas très différent d’avant, toujours avec sa canne dans la main, si ce n’était qu’il avait de légers cernes sous les yeux. Le vent d’automne agitait sa chevelure noire et blanche et malgré ses traits tirés, il avait toujours des yeux flamboyants. Les derniers élèves arrivèrent enfin et le professeur poussa un discret soupir.
— Aucun commentaire sur ma tête, commença Holmes pour les avertir. Je tiens à préciser quelques petites choses avant le cours, parce que vraiment, je ne vais pas supporter vos regards apeurés pendant deux heures.
D’un rapide coup d’œil autour de lui, Conrad remarqua en effet que les autres élèves avaient l’air plutôt inquiets.
— Premièrement, non, je ne vais pas tomber raide mort devant vous, continua l’adulte avec nonchalance. Vous ne vous débarrasserez pas de moi si facilement. Deuxièmement, nous avons à présent un cours de maîtrise de retard, donc il n’est pas question de se tourner les pouces. Troisièmement, Morris, Weber et Metz, il faudra qu’on parle à la fin du cours. Bon, trois minutes de retard, on y va !
Les trois concernés échangèrent un regard interrogateur, avant de suivre le groupe qui s’éloignait en direction de la clairière. Le cours reprit là où il s’était arrêté la dernière fois. Chacun essayait de comprendre le fonctionnement de son pouvoir, de découvrir ce qu’il pouvait faire. Une demi-douzaine d’élèves en étaient cependant toujours à la première étape : activer leur pouvoir. Et Conrad, malgré le fait qu’il ait récemment réussi activer son pouvoir il y a quelque temps, n’y parvenait plus à présent.
Il sentait la frustration devenir plus grande au fil des minutes et la colère était toujours plus présente.
— Ne commence pas à rager, Morris, ce n’est pas de la faute de ton pouvoir.
Le rouquin se retourna d’un coup, et tomba sur Holmes, adossé à un tronc d’arbre à une dizaine de mètres. Il sortit un analgésique de sa poche et l’avala.
— C’est toi qui brides ton pouvoir, lança-t-il en s’appuyant sur sa canne. Toi et ta peur de ce qui pourrait arriver.
— Comment ça ? demanda le rouquin avec surprise.
— Tu as peur de ce que tu risques, donc tu mets une barrière inconsciemment qui t’empêche d’utiliser ton pouvoir.
— Je n’ai pas envie de me casser la figure à chaque fois, se justifia Conrad, piqué au vif.
— Oh crois-moi, j’ai vu pire. Mais je ne compte pas attendre le mois de juin que tu daignes arrêter de flipper. Donc on va faire en sorte de régler le problème maintenant. En général, notre corps possède un mécanisme de défense, une sorte d’instinct de survie. Quand il sent que le danger devenir trop présent, il réagit, et dans les cas particuliers comme nous, c’est notre don qui se manifeste sans notre accord. À ce moment-là, notre pouvoir s’active inconsciemment pour nous protéger.
— Où voulez-vous en venir ? interrogea Conrad sans comprendre.
— Simplement que… si tu ressens une trouille plus grande que celle qui te bloque, ça activerait ton pouvoir. À long terme, je ne garantis rien, mais sur le moment, les résultats seront suffisamment satisfaisant que pour dire que je n’aurais pas perdu ma journée.
Holmes poussa un soupir lassé et se redressa en grimaçant légèrement de douleur. Se stabilisant à l’aide de sa canne, il sortit sa deuxième main de sa poche.
— Voici mon pouvoir : Jagdpanzer.
Comme la première fois, la lueur rougeâtre apparut dans le creux de sa main, et un de ses projectiles apparut.
— C’est très simple, Morris, déclara le professeur avec un ton étrangement grave. Tu as dix secondes pour activer ton pouvoir avant que je le balance à la figure. Dix… Neuf…
— Vous… vous n’allez pas faire ça ! paniqua Conrad face au calme menaçant qui émanait de lui.
— Huit… Sept…
— Vous n’avez pas le droit…
— Six… bien sûr, je vais me gêner, ricana Holmes avec sarcasme en haussant les épaules. Cinq…
— Non, attendez ! Je…
— Quatre…
— Je n’y arrive pas ! Je vous jure que j’essaye !
— Trois…
— Monsieur, arrêtez ! protesta Aloïs deux mètres plus loin.
— Deux… s’il veut que j’arrête, il n’a qu’à l’activer ! Un…
Au moment même où les lèvres de Holmes laissaient apparaître un rictus au moment où il prononçait le chiffre « zéro », sa main propulsa à une vitesse surhumaine sa munition en direction de son élève. Diane sembla amorcer un mouvement pour venir l’aider, mais il était trop tard et Conrad le savait.
Mais au moment où il s’attendait à un impact, voire une explosion, rien ne se produisit. Le projectile était à l’arrêt, immobile juste devant lui avant de tomber comme une pierre qu’on aurait jetée de toutes ses forces par terre. Stupéfait, il leva les yeux vers Holmes qui le fixait en retour.
— Ne me regarde pas comme ça, ce n’est pas moi qui l’ai arrêtée. Je n’ai de contrôle que sur le moment de sa détonation. C’est toi le responsable.
— Mais… mon pouvoir, c’était pourtant de modifier la pesanteur sur moi, non ? interrogea le rouquin, laissant échapper un soupir de soulagement.
— Oui mais non, d’après le directeur, ton pouvoir est de modifier la pesanteur sur tout ce que tu touches et sur toi-même. En l’occurrence, la pesanteur était tellement forte que tu l’as envoyée au tapis.
— Pourtant… vous auriez pu la faire détonner ?
— Pas celle-ci, elle est faite particulièrement pour des entraînements, sourit Holmes. Je veux bien que je suis un sale con, mais tuer des élèves pendant mes cours, j’aurais quelques problèmes avec l’administration moi !
Ça ne le gêne même pas de dire de lui à toute sa classe qu’il est un connard…
L’enseignant consulta sa montre et esquissa un sourire ravi.
— Tiens, c’est l’heure, fin du cours ! Tout le monde au vestiaire, sauf… les trois-là, je ne sais plus lesquels !
Alors qu’Aloïs partait avec ses camarades, Conrad, Diane et Jules restèrent dans la clairière. Ils durent attendre quelques instants que le reste des élèves ait disparu des lieux pour que Holmes se décide à parler.
— J’ai eu vent de ce qui a eu lieu mercredi passé, commença-t-il sans vraiment les regarder. Le docteur Morris m’a dit quel rôle vous avez joué tous les trois ce jour-là. Et même si ce n’est pas dans mes habitudes… je pense… que je devrais quand même vous remercier.
Diane tourna la tête vers son ami, les yeux arrondis sous l’étonnement.
— Bon, bien sûr, je n’irai pas jusqu’à dire que je vous dois la vie, mais plutôt que vous avez… contribué au secours de ma personne !
— Avec plaisir, monsieur, répondit Conrad avec politesse, heureux qu’il reconnaisse la part qu’ils avaient jouée dans son infarctus. On est content de voir que vous allez mieux.
Holmes sembla ne pas savoir quoi répondre, et se contenta de hocher la tête. Finalement, il commença à s’éloigner.
— Retournez aux vestiaires, lança-t-il en repartant vers l’école. Et ne vous attendez pas à des points supplémentaires pour votre bravoure !
Dessin original d'Elysio Anemo
Jackie H vor 2 Monaten
J'arrive en plein milieu de cette histoire-ci avec cet épisode, donc dans l'une des conditions dans lesquelles je teste un livre pour savoir s'il m'intéresse ou pas : en lire un passage au hasard. Test réussi : j'ai envie de la lire en entier et d'en savoir plus ! 👍🏻
Elysio Anemo vor 2 Monaten
Merci beaucoup ! Je suis flatté que cette histoire ait passé le test