

Chapitre 2 - La naissance de l'univers
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Chapitre 2 - La naissance de l'univers
Nunael flotte dans l’obscurité, observant les prémices de son univers.
— « J’ai tout donné à la matière, à la lumière, à la force. Pourtant, il manque une étincelle. Quelque chose qui relie, qui transcende, qui donne un sens à l’ensemble. Est-ce cela, la magie ? »
Elle lève la main. Dans l’espace, des symboles apparaissent, flottent, s’assemblent. Ce ne sont pas de simples chiffres ou lettres, mais des équations entremêlées de glyphes, de runes, de fragments d’alphabets oubliés. Newton, dans ses nuits d’alchimiste, aurait reconnu ce mélange. Kepler, obsédé par l’harmonie des sphères, aurait souri devant cette danse. Nunael trace un cercle, puis une spirale. La lumière suit ses gestes, s’étire, se tord, se divise. Chaque mouvement tisse un fil vibrant d’une énergie nouvelle.
— « Regarde ce que tu fais, Nunael. Avant de créer, tu dois comprendre la portée de ton pouvoir, tu dois maîtriser la puissance de la magie. »
La magie. Ce mot résonne d’une façon particulière dans son esprit. Ici, la magie n’est ni artifice ni jeu, mais une force aussi réelle que la gravité. Elle circule tel un champ quantique invisible, une mer d’énergie qui traverse et relie tout. Nunael sent la chaleur sous sa paume, la vibration dans ses doigts. Elle tisse patiemment un réseau lumineux où chaque fil relie une étoile à une autre, une particule à une autre. L’univers devient une toile, un immense canevas où science et mystère s’entrelacent. Mais cet équilibre est fragile, elle le sent. Plus l’ordre s’installe, plus le désordre guette. La magie, force d’union, peut aussi devenir force de rupture.
Elle observe le réseau qu’elle vient de créer. Les fils vibrent, s’accordent, mais parfois surgit une note fausse. Un fil se tend, se relâche, menace de rompre. Nunael fronce les sourcils. Elle ajuste, corrige, cherche la justesse. Mais la dissonance persiste, infime, presque imperceptible.
— « Pourquoi cette anomalie ? J’ai tout fait selon l’ordre, selon la beauté. Pourtant, quelque chose résiste. Est-ce la nature même de la magie ? Est-ce moi qui doute ? »
Elle s’arrête et écoute. Dans le silence, la dissonance devient murmure, souffle, question. Nunael sent la tension monter. Elle tend la main vers la source du trouble et sent une résistance, une force qui refuse de se plier à sa volonté. Elle insiste, mais le fil glisse, lui échappe.
— « Je ne contrôle pas tout. Je ne suis pas toute-puissante. Je suis une chercheuse, une bâtisseuse, une rêveuse. Je doute, je trébuche. Mais je continue, toujours. Parce que c’est ainsi que l’on crée. »
Autour d’elle, l’univers frémit. Les étoiles naissent, meurent, recommencent. Les galaxies s’étirent, se replient. Nunael sent la fatigue, la lassitude. Elle n’est pas une déesse, pas une toute-puissante. Elle est une chercheuse, une bâtisseuse, une rêveuse. Elle doute.
Elle ferme les yeux. Elle plonge dans le réseau, devient fil, devient lumière. Elle sent chaque vibration, chaque tension. Elle cherche la faille, la brèche. Elle la trouve enfin : un point minuscule mais instable, un nœud de forces contraires. Nunael s’approche, observe, comprend. Ce n’est pas une simple erreur, mais une intrusion. Une force étrangère, venue d’ailleurs, tente de s’insinuer dans son tissage.
— « Qui es-tu, toi qui viens troubler mon œuvre ? »
Nunael recule. Elle sent la peur, la colère, la curiosité. Qui ose bousculer cet équilibre si ténu ?
— « Je ne dois pas me dérober. Je dois regarder cet inconnu en face et défendre ce que j’ai créé, même si je ne comprends pas tout. »
Elle s’approche de l’origine de la faille.
— « Je sens ta présence, Étranger. Tu n’es pas encore là, mais tu guettes. Tu attends le moment de t’insinuer dans mon univers. Je ne te laisserai pas faire. »
Dans le silence, une voix résonne. Ce n’est pas la sienne. C’est un écho, un avertissement, une promesse.
— « Je t’entends, Étranger. Je t’attends. Je ne te crains pas. L’univers est un champ de bataille, un laboratoire, un rêve. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais j’ai la volonté. J’ai la lumière. J’ai la magie. »
Nunael progresse dans l’obscurité, guidée par cette vibration étrange qui trouble le tissu de l’univers. Elle perçoit la dissonance — ce fil tendu qui vibre à contretemps dans sa toile patiemment tissée. Elle écoute. Là, dans le silence : une pulsation sourde, presque un appel. Elle suit cette onde. Chaque pas la rapproche d’un point où la lumière se tord, où l’espace lui-même semble hésiter. Devant elle, le vide s’ouvre : un gouffre, un vortex, un trou noir. Nunael s’arrête, à la fois fascinée et terrifiée. Elle observe la frontière mouvante de l’horizon des événements, cette limite invisible où même la lumière ne peut s’échapper. « L’horizon des événements », pense-t-elle, « la frontière ultime, le point de non-retour. Au-delà, tout disparaît, même le temps. » Elle s’approche. La lumière s’étire, se déforme, s’enroule autour du gouffre. Les couleurs se brisent, se fragmentent. Nunael sent la gravité — cette force qui attire tout, qui plie l’espace, qui ralentit le temps.
Le temps ralentit. Nunael lève la main. Sa peau semble s’étirer, ses doigts se dédoublent, se dissolvent. Elle sent la dilatation temporelle : près du trou noir, chaque seconde devient une éternité. Elle ferme les yeux. Une voix faible s’insinue dans son esprit — pas la sienne, mais un murmure, une présence. L’Étranger. Elle ne le voit pas, mais le sent, tapi dans l’ombre du trou noir. Sans forme ni visage, il est le chaos, l’entropie, la promesse de la dissolution. L’entropie, se rappelle-t-elle, mesure du désordre, tendance naturelle de tout système à se dégrader. Ici, l’Étranger incarne cette force, ce désir de tout ramener au néant.
— « Pourquoi es-tu là ? Que cherches-tu dans mon univers ? »
La gravité la tire vers l’abîme. Nunael lutte. Entre peur et fascination, elle veut fuir, mais doit comprendre. La lumière danse, prisonnière à la surface du trou noir. Les étoiles proches s’étirent, happées par la force du gouffre. L’espace se plie, se tord. Les distances perdent leur sens. Elle avance, chaque mouvement plus difficile que le précédent. Son corps s’alourdit, son esprit se brouille.
Au cœur du trou noir, une chaleur intense l’enveloppe. Une tempête d’émotions la submerge, et à travers sa peur et sa curiosité, un rire sinistre ébranle ses certitudes.
La voix de l’Étranger se fait plus claire.
— « Tu n’es pas la première. Tu ne seras pas la dernière. »
Nunael frissonne.
— « Qui es-tu ? »
Le silence répond, puis un souffle, et enfin un rire sans joie.
— « Je suis la fin de tout. Je suis ce qui attend chaque univers, chaque rêve. »
— « Je ne te laisserai pas prendre ce monde. »
— « Tu ne peux pas lutter contre l’entropie. Tu ne peux que retarder l’inévitable. »
— « Crois-tu vraiment que tu me fais peur ? Lorsque je saurai qui tu es, je saurai comment te détruire ! »
Elle traverse le trou noir, sent la singularité — ce point central où la densité devient infinie, où les lois de la physique s’effondrent.
— « La singularité », pense-t-elle, « c’est le cœur du mystère, le lieu où tout commence et tout finit. »
Le temps perd son sens. Les souvenirs affluent, se mêlent. Nunael revoit ses premiers gestes, ses premières hésitations — la lumière, la matière, la magie. Tout se confond. La présence de l’Étranger se fait plus proche, plus pressante.
— « Tu es courageuse, fragile entité. Mais le courage ne suffit pas. »
Elle avance encore. La lumière s’efface. Dans le silence total, elle ne voit plus rien, n’entend plus rien. Elle n’est plus qu’une pensée, une volonté. La gravité la broie, la disperse. Mais elle résiste, s’accrochant à une certitude.
— « L’univers n’est pas fait pour disparaître. Il est fait pour durer, pour changer, pour surprendre. »
Le trou noir l’engloutit. Nunael ferme les yeux, acceptant la peur et l’incertitude. Elle accepte la possibilité de l’échec, mais refuse de renoncer. Un dernier souffle. Un dernier éclat de lumière. Elle franchit le seuil et disparaît dans l’inconnu, prête à affronter ce qui l’attend de l’autre côté.
Après un temps infini, elle émerge dans un espace d’une désolation absolue. Autour d’elle, les galaxies s’effilochent, leurs bras spiralés se délitant comme des fils usés. Les étoiles, jadis flamboyantes, ne sont plus que des braises mourantes, éparpillées dans un ciel d’un noir profond. Une évidence s’installe dans son esprit : ce qu’elle découvre, c’est l’entropie à son apogée. Ici, tout est figé, sans espoir de renouveau.
— « Est-ce ainsi que tout finit ? Un jour, mon univers ressemblera-t-il à cela ? »
Devant elle, une planète attire son attention. Sa surface craquelée, aride, témoigne d’un passé où la vie a peut-être existé. Nunael s’approche de la surface. Ces collines rectangulaires et ces pyramides ne sont pas naturelles. Elles ont dû servir d’abris à des êtres vivants, il y a des milliers d’années.
— « Qu’est-il arrivé à ce monde ? » murmure-t-elle, sa voix brisée par une tristesse qu’elle ne peut contenir.
Elle ferme les yeux. Des images lui viennent, floues, fragmentées. Des océans, des forêts, des cités. Des vies qui ont prospéré, aimé, combattu. Puis, le silence. Une lente agonie. Nunael se redresse, le cœur lourd. Elle marche parmi les ruines.
Elle lève les yeux vers le ciel. Une étoile vacille, sa lumière s’éteint lentement. Nunael sait ce qu’elle voit : une étoile en fin de vie, une géante rouge qui s’effondre sur elle-même.
— « Ce monde est condamné, mais je dois comprendre ce qui s’est passé, pour éviter que le même malheur ne se produise dans le mien. »
Alors qu’elle retrouve le vide sidéral, elle sent une présence, diffuse mais puissante. L’Étranger. Elle ne le voit pas, mais elle le sent, comme une ombre qui s’étend sur tout ce qui reste. Il n’est pas une personne, pas une créature. Il est une force, une volonté. Il est l’entropie incarnée, la fin de tout.
— « Que me veux-tu ? » demande-t-elle.
— « Je cherche à survivre. Ton univers est jeune, plein de vie. Le mien est mort. Je veux ce que tu as. »
Nunael recule. Elle comprend. L’Étranger n’est pas seulement une menace. Il est une conséquence, une leçon. Il est ce qui arrive quand l’équilibre se brise, quand l’ordre cède au chaos. Mais elle ne peut pas le laisser envahir son univers. Elle ne peut pas le laisser tout détruire.
— « Tu ne peux pas prendre ce que j’ai créé. »
— « Tu ne peux pas m’arrêter. L’entropie gagne toujours. »
Elle ne peut en supporter davantage. Elle doit retourner dans son propre univers et se préparer à combattre l’Étranger. Elle rassemble toute sa volonté et traverse à nouveau le trou noir. L’espace-temps se tord autour d’elle, mais elle garde les yeux ouverts. Elle voit les galaxies mourantes disparaître, les étoiles s’éteindre une à une. Elle sent la gravité, la désolation, la fin. Puis un ballet de lumières. La voilà revenue chez elle.
Son univers l’accueille avec une chaleur qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant. Les étoiles brillent, les galaxies dansent, les couleurs de chaque objet stellaire sont uniques. Elle inspire profondément.
— « Je dois protéger ce monde. Je dois ériger des barrières, des défenses. L’Étranger ne doit pas passer. »
C’est un souhait qu’elle sait impossible. Tant qu’elle ne sait pas exactement qui il est, ce qu’il est, elle ne pourra jamais être certaine que son monde est en sécurité.
— « Soit… », se dit-elle. « J’ai encore mille choses à faire ! »
Effectivement, elle doit maintenant se concentrer sur le nouveau chapitre de son projet : créer la vie.

