Un exercice de style soufflé par Marjolaine Séréduik : faire ma propre version de la scène développée de 99 façons différentes par Raymond Queneau dans Exercices de Style. - ed. Gallimard

Ce long cou de poulet... Difficile à oublier.

Nous étions serrés comme des sardines dans le ventre d'un aquarium qui dessert la ligne 5. Et comme toujours dans ces cas-là, il fallait qu'un énergumène rende le trajet un peu plus inconfortable. Le genre de gus maniéré qui n'aurait pas manqué à ma journée. Vissé sur sa tête, un galure avec une tresse là où d'autres portent ruban, achevait de lui donner l'air ridicule.

Pourquoi Diable sont-ce toujours les personnes à la voix la plus désagréable qui sont les plus promptes à se lancer dans des récriminations sans intérêt ?

La querelle qu'il servait à son voisin m'inspirait une certaine envie de violence. Je vous fait grâce des images qui se forgeaient dans ma tête tandis que l'autre l'ignorait de sa superbe. Le répit vint enfin avec la soudaine libération d'une place assise sur laquelle le pleurnichard se précipita, tel un oisillon apeuré.

Je n'aime pas les journées qui commencent mal. Comme celles où on se brûle les cuisses avec le premier café du matin. Généralement, elles se poursuivent mal. Justement, ce foutriquet m'imposa encore son agression visuelle, Cour de Rome où il discutait chiffons avec un camarade du même acabit que lui. Je tirais sur ma clope, remontais mon col et poursuivis ma route vers la Gare St Lazare.

Photo : Couverture de l'Édition à tirage limité en 2012 (Gallimard)