Partie 2 : Couler
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Partie 2 : Couler
Sur la planète Numar, un jour où la vie change...
Joanna et Pierre était un couple classique, voir même banal.
Joanna faisait un travail de relations humaines qu’elle appréciait particulièrement. Elle devait faciliter les relations, apprendre et former ceux qui avaient le plus de difficultés, en tout cas leur permettre plus d’apaisement dans leurs échanges pour créer un minimum d’harmonie au travail.
Elle savait parfaitement et depuis longtemps que certaines personnalités ne s’accordaient pas. Des caractères opposés, des besoins divergents et l’incompréhension pouvait être extrêmement rapide à s’installer. Mais elle savait aussi combien certaine personne pouvait s’accorder, se compléter, se faire progresser mutuellement. Sans l’avouer à personne, elle savait qu’au-delà de la mort une certaine énergie persistait et pouvait s’exprimer sur les vivants. Elle n’avait pas de preuve concrète mais son expérience personnelle était suffisamment probante. Elle ne se sentait pas le devoir de convaincre, ni d’expliquer, mais son rapport à la vie en était changé. C’était une femme gracieuse, optimiste et toujours de bonne humeur, n’en déplaise à certain que cela agaçait prodigieusement.
Pierre gérait ses affaires avec un certain détachement, il fallait que les affaires tournent, comme un cercle immuable qui s’auto entretenait. Son rôle se limitait à relancer les affaires quand celles-ci ralentissaient. Il était performant dans son travail mais s’ennuyait. Lui rêvait d’être un héros, un héros qui se distinguait par ses pouvoirs comme dans tous les films et toutes les séries qu’il visionnait chaque jour avec passion. Les créations des scénaristes étaient prolifiques, bien que les intrigues soient relativement répétitives. Peut-être, était-ce l’origine de son addiction qu’il n’aurait pas nommée comme telle. Il vivait plutôt par procuration, c’était un rêveur.
Nils était né comme une évidence dans la continuité de leur union, ils étaient fiers du jeune homme qu’il devenait curieux et tempéré.
Quand Joanna monta dans sa voiture ce matin-là, elle ignorait que la fin de sa vie terrestre était proche, elle glissa son sac sur le siège passager, mis la marche arrière et recula avec énergie. Ce matin, elle rencontrait deux personnes pour une médiation troublante, entre admiration et détestation, elle était pressée de relever ce défi.
Malheureusement, elle n’arriva jamais à son travail, sa voiture fut percutée brutalement par un chauffard inconscient, qui lisait ses messages téléphoniques en conduisant. Elle n’eut le temps de se rendre compte de rien. Elle qui s’était préparée à la mort avec une perte de vie progressive ne put même pas en profiter.
*
Nils se réveilla dans le brouillard, il consulta son téléphone, la nouvelle s’affichait avec des étoiles qui clignotaient et une musique entrainante, il avait gagné au loto. Il ne connaissait pas encore la somme et le saurai dans la journée. Sa journée s’annonçait parfaite. Il partit au lycée.
*
Pierre visionnait une série depuis une heure quand il fut interrompu. Dans son bureau, deux gendarmes venaient de se présenter et lui annoncer la perte de sa femme. Joanna n’était plus.
Pour échapper à cette réalité Pierre se demandait ce qu’il devait faire, reprendre son film ou rester au bureau surveiller ses affaires malgré tout. Il se rappela qu’il devait manger avec Nils. Comment allait-il lui annoncer ? La migraine de Pierre débuta.
Quand Nils vit son père à l’entrée du lycée, deux heures avant le repas, il sut que quelque chose de grave était arrivé, il avait le teint gris et les lèvres sèchent. Ils pleurèrent dans les bras l’un de l’autre. Ils rentrèrent comme des automates à la maison pour prévenir la famille, heureusement le frère de Joanna pris les choses en main pour l’organisation des funérailles.
Trois jours, c’était ce qu’accordait l’administration, trois pauvres jours pour reprendre sa vie. Le défi semblait impossible à surmonter, pourtant en quelques semaines le quotidien de Pierre repris, les affaires ne s’arrêtaient jamais. Le quotidien immuable était sa consolation, la continuité des choses était rassurante. En plus, ses collègues de travail lui avaient même accordé de la considération, son nouveau statut de veuf lui apportait désormais certains privilèges : une nouvelle prime, des réductions pour ses loisirs et des jours de congés supplémentaires pour s’occuper de Nils.
Nils devenait grand, après le jour de l’annonce de la mort de Joanna celui-ci l’avait peu sollicité. Les funérailles avaient été pénibles, beaucoup de monde aimait Joanna, il avait fallu les accueillir et les écouter parler d’elle. Pierre avait pris Nils dans ses bras devant la tombe, il avait laissé s’échapper un dernier sanglot. Ses rêves de vieux couples qui partagent leur quotidien lui échappait. Pierre restait dans sa chambre, il avait proposé à Nils de se joindre à lui pour visionner un film, celui-ci avait gentiment refusé. Ils n’avaient plus pleuré.
*
Nils eu l’impression que la terre s’effondrait, mais contrairement à ses dernières heures de cours qui avait concerné la planète, tout cela était à l’intérieur de lui. Il ressentait des sensations étranges dans son corps, la nausée, des vertiges, mal à l’estomac, aux genoux, au cou, au dos, il n’avait jamais pensé que son corps pouvait autant souffrir. En le regardant, rien ne se voyait, tout était intériorisé, le combat était rude, il s’écroulait et une question tournait en boucle dans sa tête :
Pouvait-il vivre sans sa mère ?
C’est la voisine qui perçut le mieux son mal être, elle qui l’observait chaque jour ne reconnaissait pas sa démarche. Elle l’invita à s’assoir dans son jardin, elle ne posait pas de questions et l’alimentait en fruits, cela convenait à Nils. Les fruits et leur saveur le maintenait en vie, comme sa déglutition était parfois contrarié, il pouvait laisser glisser le jus des fruits dans sa gorge.
Cela dura plusieurs semaines, Nils s’aperçut cette fois consciemment que son corps continuait à fonctionner, que les jours et les nuits se succédaient, que les oiseaux piaillaient du matin au soir, que les moustiques continuaient à lui sucer le sang. Les fleurs du petit jardin s’épanouissaient. Lors d’une fin de matinée, Foster lui lécha la main, après l’avoir caressé longuement il remercia chaleureusement sa voisine, il devait se mettre en route. Qu’allait-il faire de sa vie ?
Contrairement à Pierre lui avait besoin de la changer. Il se rappela alors qu’il avait gagné au loto. Il se décida à aller consulter sa cagnotte. Le chiffre était illisible, Nils n’arrivait pas à le lire, il arrivait à distinguer sept chiffres, la somme était colossale. Nils sentit la tension le gagner entre le désespoir qu’il avait éprouvé pendant des jours et cette nouvelle, le contraste était saisissant.
Avec beaucoup de maturité et de prévoyance, il versa une partie de la somme à son père, à sa famille, à sa voisine et à lui-même sur un compte sécurisé.
Sa voisine l’avait informé, grâce à lui, elle partait faire le tour de la planète Numar avec Foster.
Sa carte d’identité était périmée, alors une drôle d’idée avait émergée et si elle se faisait faire un passeport pour voyager enfin. Cela ne semblait pas très opportun à son âge, mais qu’avait-elle donc à perdre aujourd’hui ? Sa vie monotone et répétitive ? Elle appréhendait le changement, mais il y avait tant de lieu qu’elle n’avait jamais vu… En observant Nils elle se disait qu’elle devait marcher même lentement mais le plus longtemps possible, la vie pouvait s’arrêter sans prévenir.
Quand les volets de la voisine furent fermés, Nils se dit que lui aussi pourrait voyager…
Pierre n’y voyait pas d’inconvénient du moment qu’il l’informe d’où il était et comment il allait régulièrement.
Le soir en observant les étoiles, Nils ressentit la joie que pouvait diffuser sa mère quand ils partageaient leurs activités quotidiennes. Des larmes coulèrent sur ses joues, où pouvait-elle être ? Une si belle énergie ne pouvait pas s’être éteinte. Sans le savoir Nils venait de s’approprier les mêmes convictions que sa mère, la vie continuait sous une autre forme. Nils avait besoin de plus de découvertes, de plus de connaissances et pas seulement celles dispensées dans une salle de classe. Nils pris sa décision, il ferait le tour des six planètes.
Comment ? Combien de temps ? Il ne savait pas mais il sentait qu’il devait se mettre en mouvement. Sa mère revint dans ses pensées, elle semblait être là, prêt de lui, alors il ressenti une énergie nouvelle et surtout une confiance inédite dans la conviction que c’était la bonne décision.