Partie 2 : Oscillations
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Partie 2 : Oscillations
Sur la planète Torin, quand la vie vacille…
Sloan avait bien dormi. Quand il pénétra dans la cuisine son chocolat chaud venait de finir de couler, il était exquis, le dosage du chocolat était en parfait équilibre avec le lait et la température lui donnait l’onctuosité succulente. Il croqua dans le croissant avancé sur le plateau, l’aspiration des miettes laissa le plan parfaitement propre.
Ce matin il rejoignait Cloé, ils démarraient ensemble un nouveau programme. Celui-ci consistait à surveiller la pollinisation dans leur espace d’expérimentation, les insectes et les fleurs étaient scrutés avec attention.
Nana le suivait partout, il ne s’en rendait même plus compte, elle était comme une partie de lui. En cas de problème elle était là pour répondre de la meilleure façon.
Quand il ferma la porte, la lumière extérieure lui parut « spéciale », c’est ça : « spéciale ». Des lueurs semblaient danser, cela ne semblait pas très naturel. Il regarda au-dessus de lui : rose, jaune, en effet le ciel n’était pas blanc laiteux ou bleu comme d’habitude.
Il cliqua sur l’araignée, posa la question, sa mère lui répondit immédiatement, des champs magnétiques saisonniers provoquaient des perturbations météorologiques. Rien d’anormal, tout était sous surveillance.
Cloé était sincère, prévisible et agréable. Ils formaient un excellent binôme, complémentaires ils résolvaient en général chaque défi avec l’intelligence coopérative de chacun.
En cas d’obstacle, chacun posait les questions de son raisonnement à l’autre et l’autre proposait une réponse validée ou non par le binôme. Pour ce défi sur la nature, les paramètres étaient nombreux : l’atmosphère restait un paramètre prévisible mais encore capricieux par moment : le vent, les courants, le poids, la vitesse… Ils feraient au plus précis des données, comme d’habitude.
Sur le chemin, il éprouva un étrange malaise, une sensation bizarre, les couleurs d’hier semblaient devenues réelles ce matin, comme si ses créations prenaient vie. Des couleurs de craies semblaient couvrir le ciel.
Cloé l’attendait avec un thé entre les mains. Ils commencèrent leur premier exercice, le secteur d’étude était limité, un champ reconstitué de dix mètres sur vingt dans lequel ils avaient planté des graines de fleurs, celles-ci étaient maintenant en période de floraison. Les insectes avaient été introduits et étaient observés par des caméras qui les grossissaient, excessivement, sur les écrans de contrôle.
Subitement, Les ordinateurs se mirent à dysfonctionner, un premier écran devint noir, puis un second, ils semblèrent redémarrer quand tout s’éteignit brutalement.
Sloan se rendit sur le balcon à tâtons, au lieu de faire jour, il faisait nuit. Sloan sentit un frisson parcourir son dos, Nana était à ses côtés, mais même elle ne semblait plus répondre, un sentiment de panique l’envahit. Il appela Cloé, ils ne pouvaient que sentir leur présence mutuelle et leur proximité. Leur vue était condamnée. Cloé était maintenant prêt de lui, en sentant la terreur monter dans la voix de Sloan, elle essaya d’avoir des paroles rassurantes, mais elle aussi commençait à céder à la panique. Tout était prévisible sur la planète Torin et cet imprévu, cette nuit qui s’installait, était complètement anormale et surprenante.
Sloan semblait distinguer des formes abstraites dans le ciel, leur rapidité de déplacement créait chez lui une grande angoisse.
Il avait l’impression de perdre l’esprit, il vit une forme, son petit frère volait-il autour de lui ? Impossible son frère était mort. Il essayait de se raisonner en vain.
Une terreur de fin du monde le saisit, les ombres tour à tour sombres ou lumineuses allaient telles l’emporter.
Il se mit à crier, un cri de terreur venu de ses entrailles. Cloé s’était jetée sur lui, elle avait craint qu’il ne saute du balcon. Elle lui parlait doucement en lui caressant les cheveux.
Le poids du corps de Cloé ramena Sloan sur le sol du balcon, il se mit à pleurer, de peur, de tristesse, de colère.
Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, jusqu’à ce que toutes les émotions négatives de Sloan s’atténuent.
Sloan finit par glisser jusqu’au mûr et s’adosser à celui-ci, il se répandit en excuses auprès de sa camarade. La nuit était toujours là, mais cette fois, des lumières dansaient tranquillement comme dans un balai orchestré. Sloan s’apaisa. Cloé connaissait l’histoire de Sloan, l’enlèvement et le meurtre de son frère Jo. Elle avait compris la terreur de Sloan.
Les yeux de Nana s’éclairèrent, un message rassurant s’afficha sur son dos : les champs magnétiques avaient été beaucoup plus important que prévus et ils avaient perturbés les systèmes trois minutes et trente-deux secondes, les systèmes allaient se réactivés progressivement sous contrôle automatique.
Sloan avait la respiration qui se normalisait, mais la terreur qu’il avait ressentie restait en lui comme un traumatisme. Une peur viscérale, qui lui donnait mal au ventre et une douloureuse envie de vomir. Il voulait de l’eau, de l’eau fraiche.
Il était extrêmement gêné que Cloé ait assisté à sa scène de détresse. Celle-ci essayait en vain de reprendre une conversation normale, mais le silence de Sloan après son cri effroyable semblait se prolonger dans l’espace rendant l’atmosphère inquiétante.
Ils étaient toujours sur le balcon, cette fois Sloan tremblait. Elle l’entendit murmurer : « De l’eau »
Elle tordit un tuyau présent sur le balcon pour l’orienter vers Sloan, de l’eau coulait maintenant sans pouvoir contrôler le débit. Sloan mouillait ses mains, son visage, ses cheveux.
Quand la lumière revint, Sloan était trempé et ses yeux semblaient vides. Lentement il se redressa, en observant le jardin devant lui, il sembla retrouvé ses esprits.
Cloé s’exclama, en essayant d’avoir un ton détaché : « Quelle expérience ! »
Sloan contrit ne savait pas comment interpréter ses paroles.
« Je vais rentrer me changer » Sloan avait parlé tout bas.
« Je vais t’accompagner ! » Son ton autoritaire ne laissait pas d’option de refus, Sloan se sentait tellement faible qu’il n’avait pas le courage de s’opposer malgré sa honte.
Sur le chemin, Sloan ne dit pas un mot, Cloé savait que ce n’était pas les vêtements mouillés qui faisaient rentrer Sloan mais son besoin de sécurité.
En entrant dans la maison, Sloan voulu renvoyer Cloé, mais celle-ci refusa de le laisser seul. Qu’allait-il dire à ses parents ?
Parler de ses angoisses, impossible ! De l’apparition de son frère, carrément impensable !
Sloan avait la sensation qu’il allait s’effondrer, seule la présence de Cloé semblait le retenir. Elle prit les choses en main, l’encouragea à se déshabiller, quand il fut en caleçon elle le recouvrit d’une couverture qui était posé sur le canapé. Naturellement, elle se mit à lui masser le dos avec un rouleau manuel qui se trouvait là. Sloan était toujours muré dans son silence, mais elle sentait qu’il se détendait. Nana semblait désorienté par ces rapports humains, son programme semblait chercher des solutions.
Quand Sloan fut endormi, Cloé décida qu’il était temps de partir. Ses parents seraient sûrement de retour à midi.
Sloan se réveilla avec le bruit coulissant de la porte de l’ascenseur. Sa mère l’interrogea sur sa présence à la maison, il expliqua le problème technique de l’arrosage automatique de leur salle d’expérimentation. Sa mère ne dit rien et enclencha le service du repas.
Ce n’était pas un mensonge, plutôt des omissions, mais au final Sloan se sentait aussi mal que s’il avait menti. Il ne voyait pas comment s’exprimer, comment extérioriser ses sentiments dans ce monde lissé qui était le sien. Pourtant il eut la certitude qu’il devait faire quelque chose, il avait la douloureuse sensation d’avoir atteint une limite mentale. Une limite qui pouvait lui nuire sérieusement s’il la franchissait.
Nana ne pouvait pas l’aider, elle n’intervenait pas sur le psychisme humain.
Sloan décida, comme prévu, de passer voir son grand-père après le repas.
Celui-ci n’habitait qu’à quelques maisons de chez ses parents, il vivait seul. Sa maison était pleine de plantes, on ne savait plus si on était dedans ou dehors. Il vint lui ouvrir la porte, celui-ci refusait d’entrer dans le monde de l’automatisation. Il sentit la confusion de Sloan, il le laissa parler. Sloan commença par lui raconter la satisfaction d’utiliser les craies, il raconta la nuit brutale de ce matin mais il n’aborda pas son expérience terrifiante. Il ne savait pas comment l’exprimer.
Son grand-père l’invita à malaxer de la terre. Sloan n’en faisait rien, il s’énervait presque dessus.
Son grand-père le guida en lui faisant remplir un pot, planter une graine, tasser celle-ci et l’arroser. Cela lui rappela sa mauvaise expérience dans le laboratoire. Il s’effondra en larmes et finit par raconter ce qui lui était arrivé. Son grand-père le pris dans ses bras pour le consoler. Sloan sanglota longtemps, il se sentit soulagé et compris.
Son grand-père lui expliqua que la sécurité que l’on pouvait ressentir ne venait pas de tout ce qui était mis en place pour prévenir les évènements mais de la confiance que l’on avait en soi. Cela exprimait juste la fragilité de Sloan.
- « Comment avoir confiance en soi ? » fut sa dernière question.
Son grand-père ne lui répondit pas, il réfléchissait.