Reclus
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Reclus
Sur la planète Kruptein, lors d’une épreuve sportive entre adolescents…
Ils couraient sur le sentier glissant, sautaient d’une pierre à l’autre. Leur course infernale ne semblait jamais s’arrêter. Leurs chaussures en corde semblaient leur donner un équilibre divin sur le sol humide. Les six adolescents s’arrêtèrent dans l’espace où le bleu semblait venir du ciel et où le jaune doré semblait jaillir de la terre. Il était impossible de les identifier, les turbans qui entouraient leur tête et leurs sarouels leur donnaient des allures semblables.
C’était le but, ne former qu’un dans cette épreuve de compétition où le premier donnait le pas et le suivant le répétait pour celui d’après, aller de plus en plus vite en recopiant les mouvements à l’identique. Ils étaient aguerris à l’exercice et avançaient comme un seul animal, tel un serpent silencieux qui glissait sur la terre glaise d’un brun clair.
Leurs yeux habitués à la pénombre et leurs mouvements fluides et légers leur permettaient de relever le défi avec brio. Ils abaissèrent leur turban sous leurs bouches pour respirer avec plus d’aisance. Leurs barbes naissantes couvraient leur menton. Leurs vêtements de couleurs vives les animaient d’un air festif malgré la fatigue qui marquait leurs visages.
Ils connaissaient les grottes par cœur, ils vivaient là depuis toujours. L’extérieur était inhospitalier avec sa chaleur exténuante et ses vents inconstants. Ils sortaient rarement et seulement accompagnés d’adultes expérimentés.
Leur terrain de jeux leur convenait, les grottes s’étendaient sur des kilomètres, se succédaient ou se superposaient pour créer de grands ou de petits espaces que chacun s’appropriait selon ses besoins.
Généralement, jusqu’à leurs quinze ans ils vivaient en famille, puis en groupe d’adolescents et quand la maturité venait, ils se mariaient pour créer à leur tour une famille. Les personnes âgées étaient peu nombreuses, la vie sous terre réduisait l’espérance de vie.
Opal déroula son turban pour se désaltérer à une source d’eau claire, libérer ses cheveux blonds et les humidifier, cela le rafraichissait après tant d’efforts. Ses camarades l’imitèrent.
Après leur difficile parcours, ils décidèrent de se reposer dans cet espace paisible et chaleureux. Faël installa les couvertures où ils s’allongèrent en silence.
Ils jouèrent un moment à faire résonner leur voix en lançant de courte onomatopée vers le plafond. Deux d’entre eux ajustèrent leurs casques audio pour s’endormir avec la musique qu’ils appréciaient. Quand leurs quatre camarades furent endormis, Opal se glissa contre Faël, leurs mains se caressèrent le torse en glissant sous leurs vêtements, ils échangèrent un long baiser avant de sombrer dans les bras de Morphée.
A leur réveil, une petite nappe était déjà couverte de mets préparés, des petits feuilletés, des pâtés, des fruits et des légumes assaisonnés. Chacun se restaura avec plaisir, leur course de trois jours avait diminué leur énergie. Ils parlaient peu, ils se comprenaient en silence.
C’était l’heure de repartir. Ils replièrent leur matériel, chacun rangeait ce dont il était responsable, l’alimentation, l’orientation, le repos… Ils remplirent leurs gourdes, l’attachèrent à leur ceinture. Ils réajustèrent leurs turbans pour reprendre leur course folle.
Cette fois, c’était sûr ils allaient gagner ! L’équipe suivante ne les avait pas rattrapés, ils leur restaient trois énigmes à résoudre pour relever le défi de leur fin de cycle.
L’énigme des scarabées était facile puisqu’ils avaient suivi le cours de sciences et vie de la terre, celle des stalactites aussi, le compte était bon, il ne fallait pas s’embrouiller dans des calculs compliqués juste lire l’énoncé correctement.
Par contre l’énigme sur les plantes, leur demanda plus de réflexion, l’espèce à déterminer était semblable à d’autres et il fallait procéder par élimination, sans compter que l’espèce était rare et qu’il fallait bien connaître ses conditions d’implantation, la fougère arborescente Dicksonia fibrosa fut bientôt identifiée.
Leur course se poursuivit cette fois sans pause. La grotte étroite ne leur permettait plus d’alterner le rôle de meneur, seul certain court passage restait favorable, leur course était ralentie.
Enfin, un brouhaha qui montait crescendo leur indiqua la présence de nombreuses personnes. Tous les étudiants étaient réunis dans une vaste grotte où un lac souterrain permettait à la lumière de se refléter pour créer ce qui pouvait ressembler à la lumière du jour.
Les acclamations les accueillirent, ils avaient réussi, le record était battu !
Ils ne pouvaient pas encore parler, ils devaient reprendre leur souffle. Réussir l’arrivée en groupe, tous ensemble sur un même rythme, avec toutes les énigmes résolues, ils pouvaient vraiment être fier d’eux, trois jours et deux heures trente minutes était le nouveau record.
Adalric, le père d’Opal était venu l’accueillir et le féliciter :
- « Bravo mon fils, je suis fier de toi et de tes camarades ! »
L’émotion et la fierté se lisaient sur son visage souriant.
Après les acclamations, la remise des prix fut fabuleuse, des chants, de l’énergie, la foule était en liesse, puis il fut tant de rentrer. La fatigue se lisait sur les figures des champions qui avaient des cernes sous les yeux.
Adalric, un bras sur les épaules de son fils, guidait ses pas sur le chemin plus sombre qui conduisait à leur grotte à l’étage supérieur, Opal retrouvait les odeurs familières de son foyer.
Léoda fut inquiète en voyant le visage de son fils, elle compris l’épreuve qu’il avait enduré. Elle avait préparé un bain, il décida de ne tremper que ses pieds souffrants, ses mains recueillirent l’eau et il s’aspergea le visage.
Le challenge était relevé, il n’avait pas eu peur avec ses camarades, leur organisation et leur entente avaient été parfaites. Ils n’avaient plus qu’à savourer leur victoire, celle-ci leur donnerait accès à des postes supérieurs qui leur assureraient de bons revenus pour l’avenir : peut-être dans la justice ? Ou pourquoi pas dans la politique ? Rien n’était décidé.
Il allait dormir et réfléchir encore un peu. De toute façon les choix ne se feraient que dans trois mois. Les pensées d’Opal étaient pour Faël, leur avenir commun qui s’écrivait ravissait Opal.
Son tendre Faël avait été performant, il n’avait rien lâché, chacun connaissait les enjeux de ce parcours initiatique. Opal se remémora ses cheveux humides et transpirants quand il avait ôté son turban lors de leur première nuit, son corps luisant de sueur qui s’était collé contre le sien, son odeur et leur premier baiser dans la grotte obscure. Leurs désirs réciproquent s’étaient exprimés.
Opal revenait transformé de ces quatre jours et ce n’était pas juste d’avoir remporté les épreuves. La certitude de son amour pour Faël s’était confirmée. Ce soir ses pensées étaient pour lui.
Cet amour réciproque le transportait. Opal rêvait d’amour, de caresses et de baisers. Leurs corps en harmonie, les muscles de leurs cuisses qui s’étreignaient, leurs mains qui se découvraient. L’éveil de ses sens l’émerveillait. Il s’endormit comblé de bonheur et d’heureux espoirs, le sourire aux lèvres.
Après une bonne nuit, sa mère le félicita, elle l’embrassa, le serra encore contre elle. Aujourd’hui la famille venait lui rendre visite et lui apporter des présents pour sa réussite mémorable. Il ne verrait pas Faël ce jour, celui-ci vivait les mêmes évènements chez lui. Il faudrait patienter pour savourer la victoire ensemble et profiter de plus d’intimité.
*
Adalric était fier, son fils et ses camarades avaient réussi brillement le parcours. Cela le ramenait vingt ans plus tôt quand lui aussi avait passé les épreuves, il n’avait pas été aussi rapide, son équipe avait été troisième. Cela augurait d’un bel avenir pour son fils et cela calmait ses angoisses.
Rien n’était facile dans cette vie, les épreuves se succédaient et affaiblissaient les ressources de chacun au fil des ans. Cette belle énergie de la jeunesse le ravissait, lui donnait espoir pour des jours meilleurs. Chacun faisait au mieux pour faciliter la vie dans les grottes. La vie sans soleil n’avait pas la même saveur que lorsqu’il était petit. Aujourd’hui, il était impossible de s’exposer au-delà d’une heure à l’air libre et de toute façon le vent rendait les sorties désagréables. Il fallait toujours anticiper, préparer des vivres, du matériel de secours, prévoir des itinéraires de repli. Sortir dans cet espace hostile, aux milieux des rochers et du sable, était une expédition. Il fallait être bien préparé pour avoir la certitude de revenir en vie et en bonne santé.
Embellir la vie à l’intérieur de la grotte était donc un gage du bien vivre ici-bas. Adalric avait à cœur d’assurer un bon avenir à Opal. Il voulait le meilleur pour lui.