Que ma question entraine un rejet de l’autre a longtemps guidé mon sourire forcé. Je décidais d’avaler ma salive plutôt que de parler.

La fatigue aidant, je finis par lâcher ma peur de la séparation.

Je progresse en m’exprimant, précédé d’un champ de bataille à l’intérieur de moi.

Quelle joie de laisser cette peur au vestiaire. De poser sur la table ce qui ne me plait pas, ce qui ne me va pas, ce qui me fait du mal et m’angoisse.

Après tout, la réaction de l’autre m’éclairera autant que les réponses que j’obtiendrai ou pas. Le désastre attendu ne se produit pas toujours. Parfois une ouverture se fait jour.

Je pose alors la question de ma survie.

Je suis né dans un double message paternel : il m’aime ; j’ai été conçu dans son dos.

Comment ne pas répéter ce que mon père a déjà vécu ?

Il s’est ému d’une conception unilatérale par ma mère, tombée enceinte, puis tombée malade.

La question s’est peut-être ainsi posée à elle : donner la vie, n'est-ce pas aussi donner la mort de l’être à naître qui mourra un jour ? Donner la vie, ou l’interrompre à temps ?

Comment ne pas répéter ce que ma mère a déjà vécu ?

Précédée du suicide de son frère, ma naissance lui est un dilemme. La vie choisit de rester en mon corps.

Quand le cordon-fait-corde se dénoue, c'est Noël.

C’est bon de le prendre avec moi-même.

Je pose la question de ma vie, vient la réponse : « la création d’un enfant se joue dans des zones de non-conscience, là où se jouent la vie et la mort ».

J’écris les mots Tchernobyl et Auschwitz dans mon carnet.

Que suis-je allé faire dans le camp d’extermination ? Et dans ce désert nucléaire ? A la rencontre de qui suis-je allé ?

Je vérifie que je suis vivant en rendant visite à ma-copine-la-mort dans des endroits particuliers.

En me passionnant pour la vie des gens qui y sont mort-nés.

Comment comprendre cette invitation à expérimenter la mise en conscience de la vie et de la mort ?

Dans mon expérience du burn out aussi, je me sens frôler la mort puis revenir. Mes mots et mes maux évoquent ce conflit et cette alliance.

C’est bien d’être vivant.

Tant pis pour les souffrances du départ.

Ne pas avoir peur de la séparation, unir la vie et ma mort en un souffle commun. Sortir de l’ornière, pour aller vers de nouveaux territoires.

Je l’ai fait.

Tout a commencé par un rêve.