Chapitre 9 - Rest in Peace Sean Connery
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Chapitre 9 - Rest in Peace Sean Connery
Sean Connery est mort samedi dernier. Il est temps pour moi d’écrire et de créer mon James Bond. Le vrai en fait. Lui et son pote au bras trop court. Lui le beau gosse mauricien qui jaillit de son ile pour aller se former sur une autre avant d’atterrir en France pour la sauver des méchants allemands. Ian Fleming s’est inspiré de l’agent Dusko Popov pour créer son James Bond, comme Bond Street, la rue des beaux costards à Londres. Ian Fleming était courtier dans une banque avant de devenir agent des renseignements de la Royale Navy.
C’est dans l’exercice de ses fonctions qu’il a rencontré Popov, puis s’en est inspiré, de lui et sans doute d’autres agents, pour créer son James Bond dans sa maison de Goldfinger à Nassau aux Bahamas. Où en Jamaïque ? Je ne sais plus. Ce que je sais c’est que Ian Fleming a écrit une dizaine de James Bond au rythme de un par an, puis s’en est allé, sans doute épuisé. Ou consumé par sa vie.
Hier soir après avoir regardé Bons Baisers de Russie, j’ai pleuré la disparition de Sean avec qui tout un monde semble s’évanouir enfin. J’écris enfin alors que je pensais a priori écrire malheureusement.
Enfin, parce qu’il est temps de passer à autre chose ? Enfin, parce qu’il est temps de faire mon deuil de mon père si associé à ce James Bond dans mes souvenirs parce que ces films étaient ses préférés. Parce que mon père se rêvait James Bond, beau gosse, élégant, cultivé, conduisant des voitures sportives, ayant une maison à Saint-Tropez, voyageant dans le monde entier aux côtés de son oncle, qui avait été lui un vrai James Bond.
A côté de Batman il y a Robin. A côté de James Bond, il n’y a personne. Etre solitaire, séducteur, machiste, rapide, professionnel, finalement sans cœur.
Aujourd’hui, James Bond ne serait plus d’actualité, il serait immédiatement moqué de tous ces défauts qui l’ont pourtant façonné et rendu aimable par des millions d’hommes et de femmes. Une caricature d’homme. Un héros des années d’après guerre où l’on pouvait encore cloper dans les films et au restaurant, où mettre sa ceinture ne rimait à rien, où respecter les limitations de vitesse était ringard, où l’adultère semblait faire partie de la culture.
Lui né en 1929, elle en 1944, mes deux parents sont les enfants de cette époque du XXème siècle où la reconstruction du monde post guerres mondiales a permis nombre d’envolées lyriques, une créativité artistique d’un nouveau genre, en musique, littérature, peinture, architecture, en création automobile, en consommation d’essence, en fumée de cigarette, en sex sans capotes, en enfants illégitimes, en soirée dans le midi, en Bardot, Grace Kelly, Marilyn Monroe, John Kennedy et de Gaulle aussi.
Nous Vadim, eux Peter Fonda, eux Mao, nous Pompidou, eux Johnson, Nixon et la guerre du Vietnam, eux la lune, et nous les profondeurs de la mer, eux Brejnev puis Gorbachev, nous Simone Veil et Giselle Halimi. Et les camps sur lesquels le XXeme siècle s’est fondé et construit, ceux d’Afrique du Sud inventé par les anglais, ceux des aborigènes d’Australie, ceux des anglais en Birmanie, ceux des russes en Sibérie, ceux des chinois en Mongolie, ceux des Khmer Rouge au Cambodge, ceux des juifs en Pologne, ceux de Pinochet dans le désert d’Atacama, ceux de Videla en Argentine, ceux des indiens en Amérique, ceux des bushmen en Afrique du Sud, ceux des juifs apatrides en France, ceux des arméniens en Turquie, et des kosovars en Serbie.
Bref, la liste est longue des cadavres sur lesquels s’est construit le XXème siècle, et comme une respiration infantile, James Bond est sorti des limbes pour nous divertir, ses mauvaises manières sont passées comme une lettre à la poste, tuer était jouer, conduire vite une nécessité, embrasser et sauter une fatalité, sourire une seconde nature.
Les méchants étaient clairement identifiés, et plus que les Russes, Saltzman et Broccoli ont choisi Spectre, une organisation supra nationale capable de faire chanter les grandes puissances de la planète. Barbara a pris la suite, et Daniel s’est joint à la partie.
Plus musclé, moins gonflé, plus je ne sais quoi. Mais il est blond. Et ça, c’est comme une faute de goût. Ou alors un cli d’œil au vrai, car je crois que Dusko Popov l’était lui aussi. Rest in Peace Sean Connery, tu pars dans ton sommeil, et tire la chasse d’eau sur une époque que seuls les plus vieux d’entre nous ont connu et chéri. Nos ados d’aujourd’hui veulent d’autres icônes.
Dans tout ce merveilleux bordel, j’ai envie de repartir aux sources, de vous emmener dans les traces des vrais James Bond, dont deux au moins font partie de ma vie. En vrai. Antelme, France Antelme. Savy, William Savy. Chacun a son permis de tuer. Chacun va infiltrer la France occupée par les nazis et les allemands. Prendre son courage à deux mains, et ne pas se poser de questions, braver sa peur, enlacer la vie dans ce qu’elle a de plus intime et de plus précieux. Courir le danger. Ils étaient mon grand-oncle et son ami. Ils étaient aussi… Les Espions de Churchill.