

Trump et l’arme à double tranchant du dollar : qui tient le couteau par le manche ?
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Trump et l’arme à double tranchant du dollar : qui tient le couteau par le manche ?
Le dollar est utilisé par les américains comme une arme depuis des décennies, servant tout à la fois pour sanctionner, pour dominer, pour s’imposer et Donald Trump, inconscient des réalités de ce système est en train de le compromettre. Causant des troubles momentanés en raison d’un ordre des choses établi, mais que nous pourrions tourner à notre avantage en jouant finement.
Commençons par contextualiser historiquement
Lors de la Seconde guerre s’est constitué progressivement une alliance entre pays, à l’initiative des Etats-Unis et du Royaume-Uni essentiellement, afin de combattre les forces de l’Axe, du Japon et nazies, faites des armées allemandes et des pays occupés, ainsi que l’URSS qui avait contribué à l’invasion de la Pologne avec l’Allemagne. À partir de l’invasion de la Pologne et après que la France eût perdu la guerre, en 1940, le mouvement s’amplifia rapidement, le monde prenant conscience de la toute puissance de l’Allemagne et du Japon, qui avait attaqué la Chine en 1937. Le mouvement pris encore de l’ampleur avec l’attaque fin 1941 des Etats-Unis par le Japon à Pearl Harbor, qui se trouve sur l’île d’Hawaï, en plein Océan Pacifique, à mi-chemin des Etats-Unis et du Japon. Les Etats-Unis, se retrouvant avec la nécessité d’entrer en guerre contre le Japon qui les avait attaqués à l’Est, et le potentiel d’être attaqués un jour par l’Allemagne à l’Ouest, risquant donc de se retrouver en tenaille avec un conflit majeur sur leur sol qu’ils auraient peu de chances de gagner, ont accéléré les choses. Jusque-là les USA étaient une nation pacifique, mais la destruction de leur flotte du Pacifique et le besoin d’armement pour se défendre contre l’Allemagne fit qu’ils restructurèrent leur économie pour l’effort de guerre et accélérèrent le rassemblement des nations opposées à l’Axe. À laquelle se rallièrent progressivement jusqu’à 44 pays, que l’on qualifia « d’Alliés » ou « Nations Unies » dès 1942. Y compris l’URSS, attaquée entretemps par Hitler en 1941, et la Chine. Pendant ce temps, De Gaulle et Churchill, au Royaume-Uni…
Les débarquements en France des Alliés, l’Opération Neptune en Normandie le 5 juin 44 et l’Opération Anvil, deux mois et demi plus tard en Provence, mit fin à la guerre. Les américains exploiteront à fond le fait qu’ils soient venus nous libérer. En réalité, non seulement il n’y avait pas que des américains qui ont débarqué, beaucoup de canadiens aussi, mais également des britanniques et des gens de toute origine qui étaient parvenus à échapper à l’Anschluss. De plus les américains et les canadiens ne sont pas venus tant nous libérer qu’éviter de se retrouver avec une Allemagne toute puissante une fois qu’elle aurait vaincu la Russie, pris la France, puis le Royaume-Uni dans la foulée, qui viendrait les envahir sur leur sol. En plus d’avoir une guerre sur leur sol, avec la dévastation que cela représente, les Etats-Unis pris en tenaille entre le Japon et l’Europe n’auraient eu aucune chance, puis il aurait été facile de prendre le Canada, le Japon et l’Allemagne se seraient alors partagés le monde. Ils devaient donc absolument gagner en Europe, en profitant du fait que les allemands pataugeaient en URSS, à qui les américains envoyaient du matériel, comme aujourd’hui en Ukraine face à la Russie.
Ensuite de quoi il fallait évidemment reconstruire
Pour cela, au mois de juillet 44 avaient été signés les Accords de Bretton Woods. La seule monnaie puissante restant crédible à ce moment-là était évidemment le dollar. Les autres monnaies étant des monnaies de pays dévastés et donc la proposition a été que le dollar soit la seule monnaie convertible en or et devienne la monnaie pivot internationale, autrement dit, la monnaie de change universelle. Les pays possédant de l’or et ne sachant qu’en faire puisque leur monnaie n’était pas convertible, le confièrent aux Etats-Unis, qui le stockèrent et l’utilisèrent comme garantie pour le dollar qui était alors la monnaie mondiale de sécurité, stable et forte. A partir de ce moment-là le décor était en place, la partie pouvait se jouer. La reconstruction ne pouvait être financée par l’Allemagne (le plan Morgenthau), puisqu’elle était ravagée et c’était déjà cette exigence terrible du Traité de Versailles qui avait poussé les allemands ruinés dans les bras d’Hitler. Qui avait apparemment relancé l’économie dans un premier temps, par des artifices économiques, mais qui n’étaient en fait que de la dette dissimulée. C’est une fois l’Allemagne ruinée qu’il se retrouva contraint de déclencher la guerre pour piller ses vaincus et maintenir l’économie allemande à flot. Il fallait, en même temps que reconstruire, stabiliser l’Europe et l’amener vers la paix une bonne fois pour toutes. La solution préférée fût celle du Général Georges Marshall, qui proposait que les Etats-Unis prêtent aux Etats qui le demandaient, de l’argent pour se reconstruire :
« Il est logique que les États-Unis fassent tout pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle il ne peut y avoir aucune stabilité politique et aucune paix assurée. » Genéral Georges Marshall
Je vous épargne l’étape, pourtant cruciale, mais il ne m’appartient pas d’écrire toute l’Histoire, le lecteur s’informera, sur la volonté américaine d’imposer un protectorat sur les pays européens, afin de gouverner la France en particulier et son immense territoire maritime et ultramarin (Amgot), chose que le General De Gaulle empêcha. L’important est de savoir que le Plan Marshall accompagna notre reconstruction. Les Etats-Unis prêtèrent du dollar, mais avec l’exigence en contrepartie que les emprunteurs achètent pour l’équivalent de biens américains, de manière à réparer également l’économie américaine. Si le pays n’a structurellement que peu souffert de la guerre, économiquement, il en sort laminé par l’effort de guerre. C’est donc un échange gagnant-gagnant, qui contribue à répandre et confirmer le dollar dans son rôle statutaire conformément aux Accords de Bretton Woods. Vous commencez à voir la trame ?
En 1960 les Accords de Bretton Woods ont du plomb dans l’aile quand l’or se renchérit à Londres, alors un arrangement, un pool international, visant à stabiliser son cours pour protéger la convertibilité du dollar se met en place, le « Gold pool ». Ce faisant, le dollar continue de se répandre, lui conférent un statut incontournable, toutes les grandes transactions, importations, exportations, pétrole, calculs de PIB, tout se fait en dollar, se calcule en dollar. Les américains sont partout à travers le dollar. Mais cette hégémonie coûte cher aux économies, évidemment, qui doivent en permanence passer par le dollar, ce qui fait qu’indirectement les Etats-Unis s’enrichissent sur chaque transaction entre pays tiers. Alors, en 1967, l’année du siècle où tout s’est passé, l’année de l’intelligence qui, comme par hasard, se trouve également être celle de ma naissance, De Gaulle quitte le pool de l’or. Non officiellement, il le fait discrètement, simplement, la France n’interviendra plus dans le processus, le téléphone ne répond plus, quoi. Le monde croule alors sous les dollars après une période de croissance phénoménale, les « Trente glorieuses ». Une période de croissance qui prend fin avec la hausse du prix de l’énergie en raison des troubles au Moyen-Orient. Guerre des Six jours, avec le verrouillage du Detroit de Tiran qui ralentit le commerce mondial. Muammar Kadhafi qui prend le pouvoir en 1972 et exige de l’OPEP que le prix du baril soit augmenté pour que les pays producteurs s’enrichissent et se développent comme les pays consommateurs, tout ceci tue cette belle prospérité. En 1971 les allemands mettent officiellement fin à leur participation aux Accords de Bretton Woods. L’Allemagne est une grosse économie, ça fait quand même un certain trou dans la raquette. En quittant le Gold pool la France a déjà factuellement quitté les Accords de Bretton Woods, puisqu’elle n’y contribue plus, maintenant l’Allemagne. Nixon met définitivement fin à la convertibilité du dollar.
Mais le dollar est partout
Et les économies européennes étant désormais libres d’émettre autant de monnaie qu’elles veulent, n’étant plus contraintes au système monétaire de Bretton Woods, se retrouvant, comme les Etats-Unis d’ailleurs, sous la contrainte de devoir financer leur économie devenue moins rentable en raison de la hausse des prix de l’énergie, pour éviter que n’importe qui fasse n’importe quoi, il est mis en place le Serpent Monétaire Européen. Un système interdisant aux Etats de se financer par la création monétaire, autrement dit, l’inflation. Mais il n’est pas très contraignant et peu respecté, chacun y allant de sa petite méthode de contournement. Valery Giscard d’Estaing, en France, d’abord Ministre de l’Économie sous Pompidou, puis Président de la République à la mort de ce dernier jusqu’en 1981, lui, édicte l’obligation pour les banques commerciales de se poser en acheteuses de second rang des effets de l’Etat. S’ensuit une période d’inflation, typiquement de 8 % à 10 %. François Mitterrand, réélu après lui en 1981, reprend le système, mais il l’amplifie, l’inflation dépasse 10 %, atteint même un record de 14 %. Jusqu’en 1986 où aux législatives l’opposition de droite retrouve la majorité, mettant en place la première cohabitation.
La Loi 73-7, écrite par Valéry Giscard d’Estaing, était une loi de simplification. La Constitution de la 5e République de 1958 édictait que « l’Etat ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France sans l’aval du gouvernorat de la banque, du Ministre de l’Économie et du Parlement ». Autrement dit, l’Etat ne peut émettre librement des obligations pour emprunter à la Banque de France afin de se financer comme il veut. Une loi de bon sens qui limite le risque inflationniste et stabilise l’économie voulue par le Général De Gaulle. Tant que le pouvoir est à la majorité, tout va bien, puisque c’est le Président qui nomme le Gouverneur de la Banque de France, avalise l’aréopage ministériel et le Parlement lui est favorable. Mais si c’est l’opposition qui est majoritaire, ça change tout. Alors, en 1986, le Parlement, avec sa majorité de droite, s’oppose à la Loi de Finance, interdisant à François Mitterrand d’emprunter à la Banque de France de quoi financer l’Etat, ce qui le contraint à emprunter sur les marchés. L’inflation passe instantanément de plus de 10 % à 2 %. C’est à partir de ce moment-là que la dette souveraine de la France doublera tous les 10 à 15 ans. 400 Mds en 1986, 800 en 1997, plus de 1700 en 2012, année de l’arrivée du Mozart de la finance, Emmanuel Macron, dans le game, en tant que Ministre de l’Économie de François Hollande. Puis Président de la République à partir de 2017 et en 2025 la dette est à plus de 3300 Mds. La dette a donc bel et bien doublé tous les 10 à 15 ans depuis 40 ans.
Les américains, eux, ont une autre idée, le dollar devient un instrument de diplomatie
Ils vont exploiter l’hégémonie du dollar en s’en servant comme d’une arme. C’est-à-dire que celui qui ne le soutiendrait pas perdrait beaucoup d’argent. Pour financer leur économie, ils vont émettre massivement de la dette. Bien plus massivement que nous, le double. Mais ils sont devenus une économie si puissante qu’ils représentent un gros débouché d’exportation pour à peu près tous les pays qui ont une balance commerciale systématiquement excédentaire avec les USA. C’est d’ailleurs ce dont argue Trump aujourd’hui quand il nous qualifie « d’arnaqueurs ». L’excédent européen avec les Etats-Unis s’élève à 157 Mds de dollars, c’est considérable, ça représente environ le quart du volume que nous exportons chez eux. Pour la Chine, c’est encore bien plus. D’émettre massivement de la monnaie réduit sa crédibilité sur le marché, puisque cela la dévalue, amenant l’inflation. Or si le dollar baisse, le pouvoir d’achat des américains baisse et donc nous exportons moins puisqu’ils ont moins les moyens de nous acheter. Donc, si on veut exporter aux Etats-Unis, nous sommes obligés de soutenir mordicus le dollar, les Etats-Unis nous tiennent par les couilles. Ainsi, les économies qui exportent aux USA sont-elles obligées d’acheter des Bons du Tresor US de manière à faire du dollar une monnaie de confiance et donc de maintenir le niveau de confiance de la dette. Si les pays cessent d’acheter ces bons, alors le niveau de confiance du dollar baissera, l’indice de fiabilité de la dette souveraine américaine aussi, augmentant son taux d’intérêt, ce qui augmentera le coût du service de la dette tout en réduisant la capacité américaine de financer son économie. Nous tenons les américains par les couilles.
Cependant, tout comme lors du Plan Marshall, découlant directement des Accords de Bretton Woods, où les américains nous prêtaient de l’argent, mais en contrepartie nous devions leur acheter l’équivalent en biens, ce qui revient à un échange win-win : on vous sort la tête du sable, en échange vous assurez notre réussite, ce qui nous donne les moyens de vous sortir la tête du sable, ils vont récidiver dans le même esprit. Aussi, ils nous achètent ce que nous leur exportons. En contrepartie nous achetons leurs Bons du Tresor, ce qui leur permet de financer leur économie à un coût raisonnable, même si leur dette devient franchement mirobolante. Reste à ce que quelqu’un ne décide pas de renoncer à ce système, considérant que les achats de Bons du Tresor lui coûtent trop cher. C’est que nous ne parlons pas de petites sommes. Les investisseurs européens en détiennent pour plus de 6000 milliards de dollars. La Chine a réussi à se soulager d’une partie, avec la « dédollarisation du monde » voulue par les BRICS, mais elle en détient toujours un joli paquet. Il fallait donc que des investisseurs suffisamment massifs pour représenter une garantie pour le dollar aient envie de les acheter, il ne s’agit pas de détenir de la dette, ça doit rapporter. Les investisseurs sont des hedge funds, des assureurs-vie, des fonds de pension, etc. Autrement dit, nos retraites sont garanties par de la dette américaine (SI !). Si les américains crèvent, nos retraités crèvent. Alors, pour inciter à l’achat de leurs titres, les américains ont eu une idée de génie : l’indexation sur l’inflation. C’est-à-dire que si vous achetez un Bon du Tresor américain, il prend de la valeur au fur et à mesure que l’inflation court. Un titre « normal » se dévalue, il a toujours la même valeur faciale, mais cette valeur faciale est plus faible puisque la monnaie vaut moins en raison de l’inflation. Pas avec les Bons du Tresor US dont le coupon augmente avec l’inflation. Ainsi, tout le monde achète les bons américains, ce qui soutient le dollar, permettant d’exporter aux USA, qui peuvent emprunter à bon taux, pour financer leur économie et en contrepartie ils enrichissent les détenteurs des bons. C’est ce qu’on appelle un échange gagnant-gagnant, mais belliqueux, inamical. Un accord apaisé, amical, prévoit la même chose, mais avec sincérité, sans petit jeu « je te tiens, tu me tiens, par la barbichetteuh ». Même rentable, ce genre d’arrangement reposant sur la contrainte est désagréable et non souhaitable.
Les USA face au mur de la dette
Dans les faits, les américains n’ont évidemment pas les moyens d’assurer la garantie de valeur de ces bons, un système qui a l’inconvénient de coûter plus cher au gré que la dette augmente et dure dans le temps. Mais officiellement, si. Il y a une dizaine d’années une délégation américaine est allée en Chine pour défendre le partenariat économique et donc inciter la Chine, qui voulait absolument se débarrasser de ces bons de plus en plus instables au gré que l’économie américaine se retrouvait surendettée. Affirmant aux chinois que ces titres étaient d’excellente qualité et très fiables, ça avait suscité une hilarité dans l’assemblée, constituée essentiellement d’étudiants en économie, qui avait fait le tour du monde. Ca n’a évidemment pas empêché la Chine de se séparer progressivement de ses bons, aussi vite que possible, mais pas plus que nécessaire pour que le dollar ne souffre pas trop et ne compromette leurs exportations vers les USA. Or, justement, ils entrent dans une période où ils vont devoir refinancer plusieurs milliers de milliards de dette qui arrive à échéance, en plus des refinancements habituels et des nouvelles émissions. Ce qui va renchérir mécaniquement le coût de la dette, qui va s’envoler, entre l’augmentation de l’émission et la hausse des taux d’intérêts qui en découlera immanquablement. Les conséquences systémiques vont être considérables. Un tel endettement souverain compromettra mécaniquement les capacités de financement des banques, dont les créances ont déjà de la peine à trouver preneur. En effet, aux USA les créances sont cessibles. C’est-à-dire que celui ou l’entité à qui vous avez emprunté de l’argent peut revendre la créance et c’est donc à quelqu’un d’autre que vous devrez cet argent. Le créancier gagne moins que ce qu’il aurait gagné sur la durée du prêt, mais il retrouve immédiatement de la capacité de financement. Et aujourd’hui c’est devenu très difficile. En général, les investisseurs dans ces créances sont des requins plus ou moins mal famés qui sont à l’affût du moindre défaut de votre part, pour pouvoir exiger le remboursement immédiat de la dette et vous saisir puisque vous ne pourrez évidemment pas. Avec la morosité économique la valorisation des biens saisis s’est effondrée et donc la récupération devenue difficile, les créances se vendent mal. Ce qui entraîne un manque de financement pour les banques. Là-dessus s’ajoute la dévaluation des garanties constitués des obligations d’Etat en raison de la situation d’endettement, ce qui va compromettre gravement l’investissement.
D’où l’acharnement de Trump à faire usage des taxes douanières pour tenter de convaincre les industriels de faire revenir des productions manufacturières, les Etats-Unis ayant un crucial besoin d’argent frais. C’est aussi la raison pour laquelle il a émis l’idée de ne jamais rembourser les obligations. Au lieu qu’elles parviennent à maturité, le Tresor se contentant de payer pour l’éternité les coupons ce qui en soit constitue un défaut, autrement dit : la faillite ! Ce qui n’est évidemment pas envisageable. Cela impliquerait que les Etats-Unis ne trouveraient tout simplement plus à se financer pour couvrir leur colossal déficit budgétaire, durant des années. Seulement avec sa politique d’expulsion des immigrés illégaux, qui travaillerait dans les usines ? Même en faisant travailler les enfants comme la Floride l’envisage, ce à quoi Trump ne s’oppose clairement pas, on est loin du compte. Au Texas 49 % des employés des exploitations agricoles sont des immigrés illégaux. Le manque de main-d’œuvre est déjà critique, si de nouvelles industries venaient se rétablir aux Etats-Unis et produire plus cher des produits moins vendables, elles ne trouveraient personne pour y travailler.
Pour tenter d’éviter ça et donc reconnaître publiquement la réalité de la situation, Trump est en train de mettre tout simplement à la poubelle des décennies de couteuse et fastidieuse diplomatie étatsunienne pour asseoir leur hégémonie impérialiste et prendre le leadership par leur soft power. Dont ils ne décollent quasiment pas de la première place depuis des décennies, sauf lors de la première mandature de Trump où ils avaient déjà dégringolé à la septième place. Et ce dans l’objectif de « Make America Great Again » grâce à une puissance industrielle restaurée comme à l’époque de ce qu’il imagine être la grandeur de son pays durant les Trente glorieuses. Sans avoir conscience que toutes ces productions de l’époque sont très loin d’être suffisamment rentables pour le 21e siècle. Pour Trump, l’USAID c’était du gaspillage d’argent en faveur de populations de « pays de merde », en réalité, c’était surtout une implantation américaine, un des piliers de la géopolitique américaine. Chaque action dans un pays c’est une implantation, avec une influence, qu’il a annihilé et lorsqu’il faudra la reconstruire les pays d’intervention vont se méfier. En augmentant les droits de douane il espère inciter les industriels à aller produire aux Etats-Unis et que les États, écœurés, cessent de soutenir le dollar, le laissant baisser, de manière à rendre la production américaine plus compétitive et donc pouvoir exporter plus facilement. Son argument principal est qu’en raison des « arnaqueurs » qui produisent une balance commerciale déficitaire pour son pays, l’industrie est partie des Etats-Unis, passant de 23 % du PIB au début des années 70 à 10 % aujourd’hui. Ce qui est aussi le cas chez nous. Comme dans toute économie avancée, d’ailleurs, parce que l’industrie ne change pas en valeur, mais l’assiette du PIB s’élargit constamment au gré du développement économique, ce qui dilue évidemment la part de l’industrie. En France, en Italie, en Allemagne, partout, on parle de « réindustrialisation », ce qui est ce qui pourrait nous arriver de pire. La réindustrialisation est pareillement souhaitée parce qu’elle est source massive d’emplois. Seulement ça ne peut pas fonctionner, parce que le travail est LE moyen LE plus inefficace de créer de la richesse.
De plus, écologiquement, si nous nous retrouvons dans cette situation catastrophique, c’est parce qu’après la fin des Trente glorieuses, nos économies confrontées à l’automatisation, plutôt que d’évoluer vers le modèle économique suivant, se sont acharnées à produire de plus en plus de merdes de moins en moins chères qui durent de moins en moins longtemps pour que de plus en plus de gens puissent en acheter de plus en plus souvent. Ce qui a évidemment ravagé l’environnement. Ce n’est pas la croissance qui pollue, mais l’emploi, qui de surcroît coûte très cher, parce que comme la valeur produite est trop faible pour assurer les coûts issus de notre niveau de développement sociétal, il faut subventionner l’économie à grands coups de dette souveraine. La boucle est bouclée et c’est donc le pire argument à sa politique régressive absurde. La production industrielle de masse est une étape du développement économique. Une fois qu’elle a apporté son effet il faut y renoncer, sous peine de déclin.
Quelle attitude, quelles solutions ?
Concrètement, le monde s’affole devant le délire paranoïaque ultrapopuliste de Donald Trump, qui a déjà détruit des milliers de milliards de valeur sur les marchés mondiaux qui ne savent plus sur quel pied danser. Rien de dramatique comparé à la crise des subprimes dans l’immédiat mais les pertes sont considérables pour les investisseurs. Persuadé que les USA sont si importants que tout le monde va accepter ses conditions, il appuie, sans retenue. Que cherche-t-il ? A produire une grave récession, ceci afin de contraindre la FED d’émettre massivement de la monnaie, ce qui entraînerait une inflation dans le but de restructurer leurs 34 700 Mds, bientôt 40 000 Mds, US$ de dette, le double de la dette européenne pour un tiers d’habitants de moins ? Peut-être. Toujours, conscients que le coût de la vie va augmenter en raison de l’inflation aux Etats-Unis, les exportations vers les USA vont diminuer, les États du monde tentent de se réorganiser, se chercher de nouveaux débouchés pour compenser les pertes américaines. Les produits américains sont boycottés, il est même question que le Canada rejoigne l’Union Européenne, on n’ose faire un rêve aussi idéal, trop beau pour avoir une chance de se produire, sûrement. Les premières manifestations de la faim se produisent. Même Elon Musk s’est déclaré rêver d’un accord de libre-échange avec l’Europe, contredisant frontalement son patron. La structure de Donald Trump bat clairement de l’aile. En réalité les américains ont vassalisé systématiquement leurs alliés. Ils nous ont sciemment coupés de notre amitié d’avec la Russie. Parce que c’est là que se trouve notre ressource naturelle. Les Etats-Unis sont un gigantesque pays aussi grand que l’Europe géographique, environ 10 millions de kilomètres carrés, comme la Russie, le Canada, le Groenland et la Chine. Ils sont bourrés de ressource naturelle avec seulement 340 millions d’habitants. L’Europe c’est le double et l’essentiel de sa ressource naturelle se trouve en Russie. En nous coupant de notre ressource, les américains sont certains d’assurer leur domination. D’où leur ultimatum qu’il nous servent à tout moment : « vous êtes avec nous, ou contre nous ». Autrement dit : sont nos ennemis ceux que les américains nous désignent, les russes. Voilà l’origine de la tension qui a causé l’énervement de Poutine qui a déclenché la guerre en Ukraine. Trump nous offre la possibilité de nous extraire de cette condition, saisissons-là.
Il est vraiment crucial de la manière la plus absolue pour notre intérêt de nous soustraire à notre vassalité transatlantique. Tout en conservant évidemment intacte notre amitié avec les américains. Ils ont voulu Trump, c’est leur décision, il nous offre la possibilité de nous soulager, profitons-en en faisant preuve de courage. Plutôt que de bêtement nous contenter d’appliquer la réciprocité des droits de douane aux américains, ce qui relève de la dispute de cour d’école, nous avons un florilège de possibilités. Tout d’abord, la négociation, si les Etats-Unis veulent réviser leur positionnement dans l’ordre mondial, pourquoi pas ? C’est bien leur droit et ils sont de toute façon nos amis, alors négocions. Mais là c’est mal parti, Trump a adopté une attitude qui ne donne pas vraiment envie de faire preuve d’empathie, qu’il considère de toute façon comme une faiblesse, lui faisant préférer l’épreuve de force. Si les négociations n’aboutissent pas, quelle que soit la raison, une position trop dogmatique de la part de Trump où des conséquences trop coûteuses pour nous, il nous faudra prendre des mesures de contrainte. Parce qu’il ne faut pas perdre de vue que c’est Trump qui a attaqué sans préalable. S’il voulait négocier la position des Etats-Unis sur l’échiquier, il n’avait qu’à le dire, personne n’aurait refusé. Au lieu de ça il a insulté et sanctionné tout le monde, persuadé que le monde s’effondrerait en voyant les Etats-Unis se fermer, ce qui n’est évidemment pas le cas, son pays n’est rien sans le reste du monde. Et il ne faut quand même pas oublier les américains, qui ne laisseront peut-être pas faire n’importe quoi. La bronca se précise dans les rues et sur les bancs du Congrès, Trump pourrait recevoir un rappel à l’ordre à court terme, ce qui nous faciliterait considérablement les choses.
A ce moment-là nous pourrions mettre courageusement sur le marché les Bons du Tresor américains, quittes pour cela à indemniser les investisseurs pour limiter d’éventuelles pertes et soutenir le marché. L’Allemagne envisage le rapatriement de 1200 tonnes de son or, en réalité tous les européens devraient rapatrier l’intégralité du stock. De manière à dévaluer les bons et déstabiliser l’économie américaine reposant sur ses réserves d’or et faire s’effondrer le dollar et abaisser la note de la dette américaine en amenant une baisse de la confiance. Nous avons d’autres leviers d’action sur la gestion de l’épargne européenne, dont une partie est aux USA en raison d’accords et de réglementation comme le Protocole de Bâle. Cette épargne, qui représente des centaines de milliards chaque année, si elle venait à ne plus abonder aux caisses américaines, causerait un trou considérable. En agissant de telle façon, ils ne pourraient plus financer leur économie à un coût supportable et alors ce sera nous qui tiendrons le couteau par le manche. Ca nous fera mal, très mal, mais avec en arrière-plan notre impérialisme renforcé et les américains à genoux, ayant pris conscience que c’est nous qui leur donnons les moyens consciemment de leur hégémonie, que notre balance excédentaire est compensée par des efforts pour les porter, plus enclins à négocier un ordre mondial où leur positionnement aura changé. Nous rétablirons alors notre libre-échange et nous établirons de nouveaux partenariats équitables. Reste qu’il est tout-à-fait envisageable que les Etats-Unis préfèrent déclarer la guerre plutôt que d’assumer leur déchéance. Trump est tout bonnement en train de nous emmener vers la 3e guerre mondiale.
Edit du 10/04/2025 : Donald Trump a annoncé suspendre les droits de douane pour tout le monde sauf la Chine où il les a relevés encore à 125 %. Le marché s’est alors envolé. Ce faisant, il s’est rendu coupable du plus grand délit d’initié de l’Histoire, un crime à échelle mondiale. Quelque chose qui a été officiellement reconnu par un de ses ministres à la langue manifestement trop bien pendue. Ca me surprenait que personne ne bouge, mais en fait, si, ça commence à réagir.
De fait, dans la foulée, il y a eu demande de comptes au Congrès. Je m’excuse, il n’y a pas de sous-pitre pour traduire… mais ce qui s’est passé c’est que le Représentant (au Congrès donc, constitué des « Représentants », les députés, et les Sénateurs) Steven Horsford a interpellé directement la gouvernance sur la manipulation du cours qui a permis le délit d’initié. Le Représentant Horsford parle des conséquences pour le peuple américain des hausses de coût des matières premières, comme l’acier let l’alu, entre autres. Qui est manifeste. #Trump a décidé de la baisse, jusqu’où ça allait baisser, quand ça allait remonter. Et si quelqu’un s’imagine que quand il a dit sur Truth Social que c’était le moment d’acheter il ne l’a pas fait, c’est qu’il est aussi fou que lui. En réalité, à l’heure qu’il est Trump a engrangé déjà au bas mot des centaines de millions de valeur, sinon des milliards.
« Rep. Steven Horsford to Greer: « So the trade representative hasn’t spoken to the POTUS about a global reordering of trade, but yet he announced it on a tweet? WTF! Who is in charge? It looks like your boss just pulled the rug out from under you. There is no strategy … is this market manipulation? » »
Edit : mon ami Sylvain a demandé à ChatGPT ce qu’il pensait de l’article et de réaliser une image qui l’illustre. Je ne mets pas toute la conversation ou l’IA se contente de résumer le contenu. La seconde infographie implique simplement la réciprocité immédiate, ce qui relève des gamineries à mon sens mais est évidemment nécessaire, voici le résultat :

