Un air de famillle
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Un air de famillle
S’il y a quelque chose de très intriguant ici, c’est la constitution des familles. Ici, on appelle tout le monde Papa ou Maman, du taximan à la vendeuse de rue, comme on dirait Monsieur ou Madame. Ici, tes amis sont tes frères et tes amies sont tes sœurs ; tu présentes ton oncle comme ton père et ta cousine comme ta sœur, parce que sinon ça vexerait. Bref, d’apparence, tout a l’air très simplifié et l’on se dit que c’est bien occidental que de vouloir catégoriser et nommer précisément les liens qui t’unissent aux gens, qu’ils soient de ta famille ou pas.
Mais si l’on y regarde de plus près, les choses sont assez mal définies à l’intérieur même des foyers. Quand il s’agit de ton « vrai » frère, on demandera « même père, même mère ? ». Les enfants vivent indifféremment avec leurs frères et sœurs, cousins/cousines, oncles et tantes, grands-mère ou grand père, sans forcément la présence des parents biologiques. Qu’on ne se trompe pas : cela n’est pas la traduction d’une vie communautaire « tous sous le même toit », mais bien plutôt d’une autre conception de l’appropriation et de l’éducation des enfants.
Revenons à mon article sur la précarité. En gros, celui qui est le mieux disposé à s’occuper de l’enfant le prend en charge. Qu’il s’agisse de la grand mère parce que sa fille a eu l’enfant très jeune, de l’oncle et la tante qui ont une meilleure situation financière ou une plus grande maison, du membre de la famille qui est parti en France et à qui on a confié l’enfant. Bref, tout ça constitue un vrai micmac dans lequel les enfants sont baladés à droite à gauche, selon les dispositions du moment, sans que cela ne dérange qui que ce soit. D’ailleurs pour le nommer, on dit plutôt l’enfant que mon fils ou la fille de ma sœur, montrant bien cette appartenance moins exclusive comme on est habitué chez nous.
Quant à la situation des couples, elle n’est pas très structurée non plus. Il est rare, voire très rare, de constater qu’un enfant vit avec ses deux parents à la maison. Les séparations et divorces sont nombreux, très nombreux. On vit quelques années avec l’un, on a un enfant, puis on se sépare, et on reconstruit éventuellement sa vie (en ayant d’autres enfants) avec un/e autre. Il faut bien voir qu’ici il n’y a pas le même contrôle de la procréation, et donc la même proportion de grossesses désirées.
Il faut bien voir aussi qu’ici une femme doit être mère avant 25 ans et un homme père avant 25-30 ans, s’ils ne veulent pas subir la désapprobation de l’entourage ou les rumeurs malveillantes d’infertilité. Enfanter est primordial et bien plus prégnant dans les mentalités, comme un devoir envers la communauté, et puis après advienne que pourra, on verra bien qui pourra le mieux s’en occuper.
Alors les couples séparés et les unions multiples sont légion ici, enfants de différentes unions vivant sous le même toit, parents ayant des enfants vivant sous différents toits, sans que cela ne choque personne. Ensuite, il n’y a pas de lois ni de juge pour attribuer l’enfant, et tout cela doit se régler à l’amiable selon celui qui peut assurer les meilleures conditions de vie à l’enfant. On est bien loin du débat sur le mariage pour tous en France et sur l’importance de la préservation de la cellule familiale « un père une mère » !!! Mais il faut bien voir que dans ce système fondé sur la prise en charge communautaire des enfants, il s’agit avant tout de lutter contre la précarité des situations ; et pour celles et ceux qui se retrouvent seuls à élever leurs enfants, la situation est vraiment très compliquée…