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Mais pour qui sonne ce glas ?
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Mais pour qui sonne ce glas ?
Mais pour qui sonne ce glas au milieu de cette bien jolie campagne ?
Pourquoi tant de jeunes devant cette petite église située au milieu de rien, sinon d’un cimetière.
Je me sens faible et m’assois entre mes parents, dignes, mais aussi émus que je le suis.
On a comme l’impression que le temps s’est arrêté en même temps que lui.
Il n’y a que ce maudit glas qui continue de résonner, encore et encore, au rythme de mon cœur.
Le temps s’est donc suspendu, le vent s’est levé et les nuages valsent dans le ciel.
En un instant, le silence s’est fait et il est arrivé…
Les yeux se sont rougis autour de moi, il était là, tout près de nous, sans qu’on puisse le voir.
Ils ont ouvert la porte, ces hommes tout en noir, avec des visages sans expression et ils ont commencé à décharger de multitudes de fleurs, de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, lui qui aimait tant mettre de la couleur dans nos vies.
Et ils l’on sorti. Certains ont baissé les yeux, d’autres les ont levé vers les cieux mais tous avaient la même question en tête : Pourquoi lui ?
Alors, nous l’avons suivi, tout doucement, sans un geste ni un mot de trop, comme si on avait peur de le réveiller. Et ils l’ont installé pour qu’on lui fasse un dernier au revoir….
« La famille devant ! »...
clamaient les hommes en noir. « Etais-je de la famille ? » moi qui me sentais veuve avant d’avoir été mariée. Je me suis donc installée au 2ème rang, auprès de mes parents.
La petite église de campagne n’avait jamais du être aussi remplie qu’aujourd’hui, certains devaient même rester debout.
Les fleurs de toutes les couleurs entouraient mon petit homme, devant cet homme en mauve, couleur de deuil. Et le cérémonial a commencé :
- Des passages d’évangile à l’histoire du grain de blé qui en mourant en fait naître des centaines d’autres…
- Du poème d’espoir de Claudel « Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin »
- au discours de Jack qui comme par miracle venait d’hériter de la facilité de communication de son frère, étendu là, dans sa boîte pas aussi grosse que je n’aurai pensé.. et qui lui ne pourrait plus jamais nous parler comme il le faisait si bien, si instinctivement…
Et moi, j’étais là, au milieu de tout cela, spectatrice d’un film qui ne m’atteint pas.
J’étais ailleurs, avec lui peut-être, je le sentais en moi, comme une douce chaleur auprès de mon cœur. Je regardais stoïque le paysage d’automne à travers la petite fenêtre, scrutant les feuilles bercées par le vent…
Puis, ils l’ont baptisé, une dernière fois, comme pour le protéger, comme les bonnes fées des contes pour enfants qui se terminent toujours bien…
Nous l’avons alors suivi, le mort dans l’âme, vers sa dernière demeure qui serait dans le sud. Il était le premier de la famille à y être enterré et nous avons donc rangé la petite boîte, le temps de bâtir le caveau. Alors est arrivé l’instant du dernier adieu, de dernier regard sur ce qui n’était plus lui… mais pas la dernière pensée, larme, tristesse et tant d’autres émotions liées à sa disparition si vive et si brutale.
« Chacun fait le geste qu’il veut… »
a dit l’homme en mauve. Alors, je me suis avancée dans cette longue file de gens que je ne connaissais encore que trop peu… et je l’ai embrassé sur cette plaque dorée où y était inscrit « Benjamin R. 1977-1998 ».
Et je me suis en allée, entourée de mes parents, longeant cette file de gens, le regard vide lié à ce manque, cette absence qui grandissait en moi plus j’avançais. Je me sentais si isolée, si seule, au milieu de toutes ces personnes qui m’entouraient et qui l’aimaient, mais pas de la même manière que moi…
Alors nous sommes partis et le vide s’est agrandi, mêlant mes larmes à des mots insensés : « ce n’était pas lui dans cette boîte, il nous a fait une blague ce con ! »… Plus rien n’était réel, ce paysage tant aimé, ces chemins tant empruntés qui disparaissaient sous mes yeux mouillés… Je l’aimais mais il voulait s’en aller et il n’y aurait plus jamais mon Benji…
Mais il sera là,
Tout près de moi,
A chaque fois qu’il le faudra.
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