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Chapitre 20 - Un simple choix... pour l'éternité

Chapitre 20 - Un simple choix... pour l'éternité

Pubblicato 22 ago 2021 Aggiornato 17 feb 2022 Viaggi
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Chapitre 20 - Un simple choix... pour l'éternité

             Après un mois d’essais en tout genre, tous aussi infructueux les uns que les autres, nous étions perdus.

-On en est à combien ?

-On doit être au plan mille quatre-cent quatre-vingts et des brouettes, répondit Lucifer.

-Et il nous en reste combien à faire ?

-Aucun. Jophiel, j’ai bien l’impression que nous allons être piégés à jamais ici…

-Ne dis pas de bêtise, ce n’est pas toi qui disais que tu ne resterais pas dans une autre prison ?

-Je ne pensais pas que ce serait aussi difficile…

-Rien n’est évident dans la vie. Et c’est ça qui en fait la plus belle des choses. Une fois que l’on parvient à braver ces défis, nous en ressortons emplis de fierté.

-C’est quelque chose que je ne connais pas. La fierté ne m’a jamais traversé.

-Et bien, ce sera le cas, aujourd’hui. On retente le plan quatre-vingt-six !

-C’était quoi déjà ?

-Fait comme moi et tu vas t’en souvenir.

             Je dépliai mes ailes et commençai à prendre de la hauteur. Lucifer me rejoignit rapidement et nous grimpâmes ensemble vers le mur de la prison. À une certaine hauteur, je me mis en boule. Lucifer m’attrapa et me jeta vers le sol. Lors de l’impact, je ne m’écrasai pas, je rebondissais et m’envolai en piqué vers le mur, propulsé une fois de plus par Lucifer lorsque je me trouvai à sa hauteur.

             J’avais atteint une vitesse. Celle de la lumière à côté, c’était un escargot. Je pensais vraiment que j’allais traverser la prison et qu’elle allait céder mais quelque chose vient interrompre cette tentative d’évasion.

             Je fus attrapé par une immense main et projetai vers le sol. Cette fois, je ne rebondissais pas mais je m’écrasai. Lucifer me rejoignit, inquiet. Je lui fis signe que tout allait bien et une voix atteignit nos tympans.

-Suffit ! J’en ai assez de vos bêtises !

-Tu n’as qu’à nous laisser sortir ! criais-je à l’éther.

-Voyons Jophiel, tu sais très bien que c’est impossible.

-Et pourquoi ça ?

-Parce qu’il me faut un hôte.

-Mais alors tu n’as pas besoin de Lucifer ? Il peut partir lui…

-Non… Il me donne encore plus de puissances mais c’est trop compliqué à expliquer. Dans tous les cas, vous m’avez énervé donc il faut que je vous donne une bonne leçon.

             Des cavaliers, ressemblant étrangement aux vrais, affluèrent de partout autour de nous. Nous étions cernés.

-Vous aimez ? Je les ai fabriqués moi-même. L’imagination est une machine incroyable. Cela devrait vous occuper un bon moment. Je vous laisse donc avec eux. Bon combat et… que le sort vous soit favorable.

             Ils nous attaquèrent tous en même temps. Heureusement pour nous, ils n’étaient pas très puissants mais ils se régénéraient sans cesse. On avait beau en tués autant que l’on voulait, le même nombre revenait à la charge.

             Même en changeant de tactique, cela n’améliorait aucunement notre situation. On alternait coup de pieds, coups de poings, battement d’ailes… Rien n’y faisait. Même aller se percher en hauteur était impossible, ils avaient les mêmes facultés que les vrais. Une chose était sûre cependant, nous nous défendions bien. On se protégeait mutuellement, si bien que je lançai un coup de pied sauté afin de protéger Lucifer d’un des cavaliers. Et il fit pareil pour moi en fauchant un ennemi avec son aile droite.

             On était sommes toute bien rôdé niveau combat, mais cela ne suffisait pas. À ce rythme, nous serions exténués bien avant que tous ces sbires meurent – s’ils le peuvent, je n’en suis même pas sur – et par conséquent ils finiraient par nous tuer. Ou du moins nous briser suffisamment.

             Lucifer, bien décidé à en finir me pris le bras et s’envola. Il me fit un clin d’œil et je compris ce qu’il s’apprêtait à faire. Je l’imitai donc. Nous plongeâmes vers le sol tous les deux et au dernier moment, nous dépliâmes nos ailes afin de ne pas percuter le sol. Ce mouvement provoqua un souffle qui ravagea tout sur son passage. Nous pensions en avoir fini avec les cavaliers mais ils se reformèrent tous.

             Nous réitérâmes ces gestes une bonne centaine de fois avant de ne plus pouvoir s’envoler. L’épuisement nous avait gagné et on ne pouvait plus lutter. Abattus, nous nous laissâmes rués de coups, allongés en boule sur le sol.

             Vous devez surement vous demander combien de temps cette torture avait duré ? Combien diriez-vous ? Une dizaine de minutes ou une heure tout au plus. Sincèrement, j’aurais aimé... Cela avait duré soixante-douze heures. Oui, vous avez bien lus, soixante-douze. Et aucun de nous n’a crié, pleuré, ni rien. Nous avions accepté notre sort. Nous n’avions plus aucun espoir de s’évader. Lucifer et moi étions condamné à subir les atrocités de l’éther, jour et nuit. Les soixante-douze premières heures s’étaient alors vite changeaient en éternité. J'étais visiblement l'hôte parfait. Car oui, si vous ne l’aviez pas encore compris, le coup du « tu vas bientôt mourir » n’était qu’un leurre. Une farce de plus pour que l’éther puisse réaliser son plan. 

             Au départ, je le prenais vraiment pour un allié. Il m’avait été bénéfique. Mais je me suis rendu compte, bien que trop tard, qu’il était plus néfaste qu’autre chose. Et à présent, un ami prenait des coups pour une faute que j’avais commise alors que je devrais être le seul dans cette situation. Que pourrais-je faire pour prendre l’ascendant sur une énergie ? Je pourrais reprendre le contrôle mental ? Et comment ferais-je cela ? Je ne suis pas un de ces héros qui d’un coup se découvrent un don pour quelque chose et arrive à dépasser ses limites. Je suis juste un pauvre type qui a été choisi, par erreur, pour être transformé en ange. Et depuis cela, tout se déroulait merveilleusement mal.

             Il fallait se rendre à l’évidence, je ne suis pas le sauveur ou le messi ou tout ce que vous voulez d’autre. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même désormais. Condamner à errer dans mon esprit et à me faire frapper. Parfois, entre deux coups, je repense à ce jour, à ce café que j’ai pris avec Azrael. Ai-je bien fait de la suivre ? Je n’aurais pas eu le choix de toute façon. Le purgatoire, en revanche, j’aurais pu. Ma vie aurait peut-être été différente, plus relaxante, mais je n’aurais pas rencontré Lucifer. Un mal pour un bien finalement.

             La vie est comme cela. Elle nous oblige sans cesse à faire des choix, bon ou mauvais, bénéfique ou… qui font terriblement souffrir. Et de temps en temps, même si elle ne les comprend pas tout à fait, elle exauce nos vœux. L’éternité au côté de Lucifer en est la preuve. Cependant, le décor n’est pas aussi idyllique que les enfers et je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir le supporter…

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