L'avenir de l'Afrique
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L'avenir de l'Afrique
01Aug 15
Il reste toujours frappant de voir les écarts de richesse et de développement entre l'Afrique et le reste du monde. A ce constat est souvent apposé des explications accusatrices, le colonialisme et la domination post-colonialiste de l'Occident, les régimes politiques dictatoriaux ou instables et ses nombreuses guerres civiles, l'oisiveté ou la paresse des africains et leur incapacité à se prendre en main pour construire eux-mêmes leur pays.
Mais il est aussi frappant de voir combien l'Amérique latine ou l'Asie sont parvenues à s'émanciper depuis du joug occidental et des dictatures qui leur ont été imposées, et à enclencher un développement certain de leur économie, quand l'Afrique reste toujours à la traîne dans les statistiques mondiales.
L'Afrique est riche, très riche, ce qui la rend centre de toutes les convoitises. Mais elle est souvent incapable de mettre à profit toutes ces ressources pour assurer son développement et entrer de plein pied dans le concert mondialisé des nations. Ses ressources premières intéressent le monde entier, mais il n'y a quasi aucune industrie qui suit : Pétrole, Coton, Café, Cacao, Minerais, Métaux, Pierres Précieuses, Coltrane... elles sont très souvent exploitées par des sociétés étrangères qui assurent leur extraction, les exportent et les transforment pour en faire des produits à haute valeur ajoutée. D'où le terme de grand pillage de l'Afrique.
Tout ceci dérange nos consciences éprises de justice, et les explications simplistes apaisent nos esprits revendicateurs de scénarios américains, un bon et un méchant, un tyran et une victime, un drame et un coupable.
Il faut à mon sens savoir réfléchir à un niveau macro et à un niveau micro, raisonner de l'extérieur et de l'intérieur, observer des cultures et non seulement des données et des chiffres, et ce genre d'expériences que je vis m'aide à un peu mieux appréhender ces réalités, sans prétendre pour autant détenir des vérités. Ainsi, plutôt que d'asséner des réponses, il me semble plus sage d'aborder ce thème sous la forme de questions :
- Jusqu'à quel niveau, malgré l'indépendance des pays, l'Occident a-t-il continué à s'ingérer dans les affaires des états africains, a-t-il fait et défait les régimes et les dictatures ; d'abord au nom de la lutte contre le communisme, depuis au nom de la lutte contre le terrorisme ; et toujours de manière sous tendue et implicite dans la préservation de ses intérêts économiques, et ce au détriment de l'émancipation des peuples ?
- Dans quelles mesures, à l'heure de l'économie mondialisée et de la compétition entre les nations, l'Occident est-il un oppresseur ou un partenaire économique, participe-t-il au développement ou au dépouillement de l'Afrique, impose-t-il ses directives via le FMI et soumet-il les économies africaines, sous couvert de remboursement de la dette et de bonne gérance, dont je vous ai déjà parlé ? (http://roadtrip-in-peru.over-blog.com/2015/07/la-question-de-la-dette.html)
- Que penser de l'entrée des économies émergentes, Chine en tête +++, dans la redistribution des cartes et dans ces rapports de pouvoir et d'influence sur le continent africain ?
- Les programmes d'aide au développement, les actions de coopération, l'action humanitaire ne sont ils que des leurres, des petits pansements, des caches misère pour venir compenser à minima des écarts toujours plus grands ?
Mais aussi :
- Qu'ont fait les gouvernements africains en termes d'éducation, de santé, de modernisation de l'agriculture, de développement de leurs infrastructures, routes, réseau électrique, réseau d'eau potable, soutien à la création d'entreprises et d'industries de transformation des matières premières et de production de biens finis ?
-Qu'est devenu tout cet argent facile obtenu en retour de l'exploitation de l'immense richesse de ses sols, petrole et minerais en tete ?
- Dans quelles mesures les populations ont-elles elles-mêmes favorisé, mis en place et soutenues ces régimes qui l'ont dépouillé du bénéfice de leurs ressources, et soutiennent elles encore aujourd'hui ces régimes ?
- Dans quelles mesures les divisions ethniques, si prépondérantes en Afrique, et renforcées par un découpage arbitraire des pays au sortir de la colonisation, ont-elles favorisé toutes ces guerres civiles, ces rébellions, ces régimes militaires, qui ont fait et font de l'Afrique un territoire aussi instable politiquement et économiquement ?
- Dans quelles mesures la préférence clanique, qui favorise toujours les proches au détriment des compétences des individus, entretient-elle un système de preference et de corruption systématique et généralisée, à tous les niveaux en haut comme au bas de l'échelle, pour tous ceux qui détiennent un minimum de pouvoir, et l'accaparement des richesses par la minorité au pouvoir, au détriment de l'intérêt général?
- Dans quelles mesures les africains sont ils vraiment prêts à faire les efforts suffisants, à faire preuve d'autocritique et de remise en cause, à revoir leurs pratiques et à évoluer, pour cesser d'être des spectateurs fascinés et envieux de l'Occident, et devenir les vrais acteurs de leur propre développement ?
- Y a-t-il un complexe d'infériorité, intégré dans l'inconscient collectif, qui freine la créativité et l'inventivité de ces nations pour s'émanciper de l'influence de l'Occident ?
Les réponses sont probablement quelque part au milieu de ce micmac, et bien présomptueux est celui qui prétend en détenir toutes les clefs. Le monde reste fait de personnes et de groupes qui cherchent leurs propres intérêts, et qui jouent de leur influence pour tirer profit au mieux des situations et des possibilités rencontrées, dans le cadre d'une morale approximative, étirable et variable selon les époques, les civilisations et les enjeux en cours. C'est ce qui s'appelle la realpolitik.
L'Occident devrait se garder de se poser encore et toujours en donneur de leçons, et de prétendre savoir et apporter ce qui est bon pour l'Afrique et les Africains. Il a largement contribué à la situation telle qu'elle est aujourd'hui, et ses solutions de développement ne sont pas nécessairement applicables aux modèles africains. A ce rythme, celle-ci continuera à courir derrière le reste du monde en le regardant de loin.
L'Afrique saura-t-elle se montrer suffisamment ingénieuse pour générer sa propre voie de développement, son propre modèle de gouvernance, son propre savoir-faire, sa capacité à exploiter et faire fructifier elle-même ses propres ressources, dans l'intérêt général et non pour des intérêts particuliers, pour devenir des nations réellement indépendantes et souveraines de leur évolution ?
C'est ici que se situent, à mon sens, tous les enjeux.