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L'innovation Agile

L'innovation Agile

Pubblicato 7 mag 2020 Aggiornato 25 set 2020 Tecnologia
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L'innovation Agile

Le monde change vite, très vite. De l’histoire de l’humanité, jamais nous n’aurons connu une telle accélération technologique. De la pénicilline à la thérapie génique, du transistor au cloud, de la BBC londonienne au tweet californien, notre rapport au temps, à l’espace et à l’humanité a changé de manière radicale et irréversible en l’espace de quelques décennies.

Ainsi, la révolution numérique est à ce point disruptive qu’elle peut être comparée à la maîtrise du feu, l’invention de la roue et de l’imprimerie, la découverte des Amériques ou la mise au point des moteurs thermiques. Elle rend accessible à tous la connaissance – le savoir et l’information –, le pouvoir d’influencer (un individu, un groupe, un peuple) dans une immédiateté inédite, parfois sans filtre, sans mise en perspective ou pédagogie. Cette connaissance, cet accès à un savoir, peut révolutionner ce que nous sommes, héritiers d’unsiècle de barbaries pour une transcendance globale au service de tous, ou elle nous détruira. C’est ainsi que nous sommes à la croisée des chemins. Vivronsnous une ère prométhéenne, inspirée par ce titan qui livra le feu de la connais sance aux hommes, ou serons-nous Icare, fils de Dédale, échappé d’un labyrinthe par les airs, mais mort de s’être approché trop près du soleil ?

Sur ce nouvel écosystème social, une économie numérique s’est créée. Elle représente aujourd’hui environ 5 % du PIB et 3,5 % des emplois directs dans les pays industrialisés. Des marques mondiales se sont construites en l’espace de quelques années, dépassant, et parfois de très loin, la capitalisation boursière de la vieille économie. Ainsi, tandis que General Electric pèse un peu plus de 52 milliards de dollars ou Procter & Gamble 280, Google en pèse environ 1.400 et Apple 1.300. Aujourd’hui, China Mobile pèse le triple de Volkswagen (respectivement 156 et 66 milliards), comme Microsoft pèse plus de dix fois Bank of America (respectivement 1.400 et 193 milliards). Enfin, Facebook, créé en 2004 dans une chambre du campus de Harvard, se valorise aujourd’hui autour de 600 milliards, soit près du triple de Disney. Et cet écart entre l’ancienne et la nouvelle économie augmente de mois en mois.

Ainsi, en l’espace de quelques années, le digital, cet impalpable et virtuel, a largement dépassé des valeurs tangibles et transgénérationnelles. Il y a quelque chose à retenir ici, signe que nous sommes passés dans une autre ère, avec d’autres repères communs, d’autres cycles de construction, de nouvelles façons de penser et de consommer. Les Trente Glorieuses finies, les trente piteuses semblent se clore vers une nouvelle ère, peut-être les trente prometteuses ? Les vies quotidiennes de nos clients ont également été bouleversées, radicalement. En l’espace de deux décennies, les téléphones portables sont apparus.

Dans quelques centimètres carrés, sont maintenant contenus une radio, une télévision, un juke-box, un GPS, une console de jeux, un dictaphone, un blocnote, un appareil photo, un annuaire... un terminal de paiement. Dans notre paume tient plus de puissance de calcul que dans la totalité de la capsule spatiale Apollo 11 qui a aluni en 1969. Combien d’années encore avant que nos mobiles, nos objets connectés ou un de leurs logiciels deviennent plus intelligents que nous autres, humains. Plus intelligents jusqu’à nous supplanter dans les métiers de la culture comme les robots ont supplanté nos ouvriers sur les chaînes de production automobile dans les années quatre-vingts ?

Nos clients sont devenus hyperconnectés, hypersollicités, hyperinformés, maintenus dans un flot de données, de distractions laissant peu de place à l’introspection, à la prise de recul et à la mise en perspective. Ils sont devenus influençables, revendicatifs et volages. Voilà quelques années, la transmission d’un compte bancaire se faisait de génération en génération ; il suffit aujourd’hui de quelques minutes pour ouvrir un Compte-Nickel dans un bureau de tabac. La donne, c’est-à-dire la relation, l’expérience de marque et l’engagement/réengagement, tout cet ensemble se doit d’être radicalement réinventé.

Le temps des grands empires est révolu. Persépolis, Rome, Constantinople, Paris, Londres ou Amsterdam ne régissent plus le monde « civilisé », sa culture et son commerce. Les nouveaux espaces de conquête sont digitaux, les empires sont des marques comme Netflix, Airbnb, Uber, Xiaomi ou, plus proche de nous, Blablacar. Nous sommes rentrés dans un monde où une mise à jour d’operating system permet de gagner quelques kilomètres/heure en vitesse de pointe ou quelques dizaines d’hectomètres en autonomie. Notre monde est devenu multipolaire, neuronal et virtuel.

Rome avait soumis le monde connu avec ses légions, Londres avait bâti son empire par la force de sa marine, et la Pax Americana reposait sur la puissance destructrice de ses fusées et ses modules spatiaux. Aujourd’hui, la plus puissante armée est celle qui maîtrise l’espace digital. Plus besoin d’une compagnie du génie pour contrôler un barrage hydraulique ; un hacker d’une nouvelle unité cybernétique pourra en prendre le contrôle depuis sa console. 

Plus besoin d’espion pour saboter et retarder un programme de recherche nucléaire ; un virus informatique suffira pour détruire des centaines de centrifugeuses. Dans notre nouvel espace-temps, quelques milliers d’octets contiennent potentiellement plus de puissance destructrice que l’acier et la poudre. Nous avons changé de siècle : les robots nous parlent, des adolescents peuvent hacker l’ADN humain, nos employés se font débaucher par une firme à l’autre bout de la planète, nos clients sont au centre des nœuds d’information et de sollicitation. Ce qui était de la science-fiction voilà encore moins d’une décennie est devenu une réalité. Entrepreneurs, dirigeants et managers, réveillons-nous ! Demain est déjà aujourd’hui. Changeons ou mourrons.

Les bouleversements toujours plus rapides, toujours plus violents et toujours plus rapprochés emportent notre économie : réchauffement économique à l’image de notre terre, réchauffée climatique. Blablacar, précisément, ne s’attaque ni plus ni moins à une institution nationale : la SNCF. Chaque vendredi soir, la startup embarque l’équivalent de cinq TGV au départ de Paris. Autant de recettes aspirées sans les investissements en infrastructures, les obligations de service public ou les contraintes du dialogue social.Créé en 2006, Blablacar compte 20 millions de clients et est valorisée 1,5 milliard de dollars. Elle, Uber et Tesla peuvent maintenant s’attaquer à l’ensemble des industries et services des transports, domaine réservé de l’État colbertiste, planificateur, élément de souveraineté et de solidarité nationale.

Quid des États quand les marques maîtrisent les technologies ? A fortiori, quid des entreprises lentes qui n’auront pas su accélérer ou trouver l’envie d’accélérer ? Le dieu Chronos, maître du temps, mangeait ses enfants, impitoyablement.

Notre monde change vite, très vite. D’ici vingt ans, 50 % des entreprises qui n’auront pas pris très rapidement ce virage auront disparu, darwinisme économique à marche forcée.C’est en effet sur l’échelle de Richter qu’il faut mesurer la secousse que va connaître un large spectre de secteurs industriels mondiaux, depuis l’agriculture au luxe, des transports à la santé, de la Beauce à la 5e Avenue, d'Arkhangelsk à Ushuaia.

Les secousses telluriques qu’ont été les révolutions Internet, mobiles et IoT, comme la prochaine vague robotique et intelligence artificielle sont les révélateurs d’une vérité parfois oubliée : le monde change de plus en plus vite et de plus en plus brutalement.

Winston Churchill, leader éclairé qui a vécu entre la reine Victoria et les Beatles, connu les guerres de colonisation et de décolonisation, survécu à deux conflits mondiaux résume en une phrase un conseil pouvant tout autant valoir d’épitaphe : « Il faut saisir l’histoire par la main avant qu’elle ne vous prenne par la gorge. » Entrepreneurs, dirigeants, managers, employés, qu’en pensez-vous, ici et maintenant ? Que faites-vous pour ne pas sentir le souffle chaud du retard sur votre nuque ? Innovons ou disparaissons.

Lâchons le mot. L’uberisation est la nouvelle menace et le nouveau défi d’une économie toujours plus globalisée et collaborative. Si elle a été initialement circonscrite à son patient zéro, les taxis, cette nouvelle forme de modèle social et économique se duplique déjà dans un large spectre d’autres secteurs comme l’hôtellerie ou l’entertainment, l’éducation ou la santé. Les géants du CAC 40, grands groupes historiques issus d’un décret royal comme Saint-Gobain ou de la croissance des Trente Glorieuses, se découvrent des pieds d’argile, écho biblique de la chute d’un autre empire, celui de Babylone. Nos temps sont quasi bibliques, ils appellent de notre part un dépassement de soi, de nouveaux modèles de sociétés et de société. Ces changements colossaux commencent pour vous, pour nous, ici et maintenant. Et ces quelques lignes lues vous indiquent que vous êtes déjà sur la bonne voie. « Le commencement est la moitié de tout », Pythagore.

Comment évoluer ? Comment s’adapter lorsque l’on est un grand groupe menacé d’uberisation ? Muter, changer à marche forcée en s’appuyant sur les forces du nouveau monde : la rapidité et la souplesse. Intégrer l’ADN d’une startup dans le corps d’un grand groupe. Devenir une CorpUp ou, à tout le moins, une entreprise agile plus tournée vers l’avenir qu’ancrée dans un héritage. 

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