Les souvenirs sont des fantômes… Hantant les mémoires de ceux qui les ont vécus, hantant les lieux d’actes révolus.

Tels des tableaux prenant la poussière dans un grenier, ces souvenirs se ternissent, le poids des années altère leurs images peu à peu défraîchies, effaçant parfois le message qu’ils exposaient…

Les souvenirs nous hantent mais, comme certains fantômes, ils errent dans nos mémoires, enfermés dans leur rappel infini, refaisant toujours les mêmes pas, répétant toujours les mêmes mots, n’existant plus qu’à travers cet enfer qu’est la répétition.

Les souvenirs hantent les lieux où ils ont vécu. Laissant une trace de leur présence, imprimant une émotion dans les murs et les faïences, apparaissant parfois aux consciences qui traversent ces lieux en silences…

Les souvenirs sont des fantômes, parfois errants sans faire de vague, parfois frappant de leurs images sans âges… Des fantômes qui nous suivent tant que nos mémoires restent vivent, des fantômes parfois bienveillants, parfois sanglants, parfois remplis de souffrances qui monopolisent nos consciences.

Les fantômes sont des souvenirs, des souvenirs qu’on refuse de laisser partir. Par nos douleurs ou nos colères, on retient ces spectres, prisonniers de nos têtes, enchaînés à nos êtres. Comme si les retenir pouvait faire fuir ces émotions qui nous font souffrir…

Alors on s’enchaîne à ces souvenirs, on traîne ces émotions dans les couloirs de nos mémoires, craignant le soir où le noir nous rappellera à ce désespoir…

Les fantômes sont des souvenirs… Hantant les mémoires de ceux qui les ont connus, hantant les lieux de leurs actes perdus…

Mais ces souvenirs ne cesseront de nous hanter, seulement si on accepte de les laisser s’envoler. Libérant les chaînes qui les retiennent, nous permettrons aussi à nos peines de s’éloigner enfin de nos âmes si pleines…

Alors ces fantômes qui nous hantaient alors, ne seront plus que de vagues souvenirs qui, tels des tableaux offerts aux quatre vents, s’effaceront avec le passage du temps…