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Je te dis que c'est bleu

Je te dis que c'est bleu

Pubblicato 15 lug 2025 Aggiornato 15 lug 2025 Society
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Je te dis que c'est bleu


Les bouteilles d’eau étaient bien alignées, telles des wagons de voyageurs. Personne n’était cela dit destiné à monter dedans. L’essentiel n’était pas là. Lucas regardait fixement la lumière se dégageant du wagon principal, le soleil entrait par la fenêtre et pouvait donner à voir de jolies couleurs qui variaient selon l’inclinaison de sa tête ou bien encore de l’objet. S’il combinait les deux, les couleurs ondulaient, se tortillaient pour finalement qu’une teinte gagnante arrive à sa rétine. C’était toujours le bleu.




Sabine regardait son fils. Depuis une heure et après avoir aligné cinq bouteilles en plastique, il fixait. Fixer était le bon mot. Avec une concentration ultime, assis sur le tapis, Lucas ne voyait rien ni personne.

« Ne t’inquiète pas, c’est un rêveur, un solitaire.

-Je ne sais pas tu sais. En ce moment, il aligne tout. Tout ce qui peut l’être. Puis il reste des heures devant. Il fait parfois bouger les objets, semble les étudier jusqu’à ce qu’il en ait fini. Il se lève et vient me voir. Je lui parle. Il ne semble pas vraiment m’écouter, répète un mot, une phrase puis repart s’asseoir. J’ai essayé quelque fois de détourner son attention ou bien de jouer avec lui en dirigeant le premier wagon vers ses mains. Lucas est entré dans une colère tellement incontrôlable qu’il a fallu que je le contienne très fort ».




« Lucas est autiste. Les différents bilans qu’il a pu réalisé vont dans ce sens. Les signes et les indicateurs témoignent d’une altération de la cognition sociale, de comportement stéréotypés et répétitifs. Lucas n’est pas malade puisque son état ne tranche pas avec un état antérieur. Son cerveau présente des caractéristiques qui diffèrent d’un fonctionnement cérébral typique. Il va falloir qu’il apprenne là où les autres enfants n’ont qu’à suivre. Grâce à des interventions ciblées, il pourra s’adapter au mieux à la société »




Plus tard, Lucas est devant son ordinateur. Il maîtrise le codage à la perfection. Un an qu’il avait été recruté pour ses capacités hors normes en informatique. Les relations sociales étaient beaucoup plus difficiles. Ses collègues bien qu’au courant de sa particularité étaient souvent en peine pour communiquer avec lui. Lucas avait appris les comportements à avoir avec les autres. Les prises en charge et un environnement familial stimulant permettaient à Lucas de savoir quoi faire, de s’adapter dans beaucoup de situations. Cela n’en semblait pas moins étrange. Les temps de réaction semblaient parfois allongés si bien que la spontanéité n’avait souvent aucune place. Lucas possédait une voix assez monocorde sauf lorsqu’il parlait de ses passions. Cela pouvait durer très longtemps si son interlocuteur ne coupait pas cour. La réciprocité était encore limitée et Lucas même s’il l’avait appris peinait à investir des conversations qui ne faisaient pas sens pour lui.




Dans la cour d’école. Lucas tourne et tourne encore.

« Tu as quel âge ?

-Bin le même que le tiens, on est dans la même classe

Lucas se dirige vers Jessica

-Tu as quel âge ?

-Lucas, j’ai le même âge que toi, 9 ans. Tu le sais pourtant »

Il posait la même question sans écouter la réponse réellement. Cela pouvait avoir trait à la ville d’habitation ou bien encore à la couleur du drapeau des Pays-Bas. Toujours de manière stéréotypée. Lucas ne s’intéressait pas à la réponse. Il la connaissait. Il aimait la routine, la répétition et une réponse attendue et claire.




Dans son bureau, Lucas s’ennuie. Les limites, les exponentielles lui manquent. Il se sent sous-stimulé. Alors il se met à penser. La couleur bleue. Les chiffres s’animent. Bleu indigo, bleu cyan, bleu marine, bleu roi… Tous ces chiffres ont une signification et pas la même que celle qu’il a appris. Le 1 est cyan mais aussi tellement lumineux qu’il arrive à sentir qu’il pulse sous son doigt. Le O est plus froid, la teinte de bleu la plus proche du noir permet d’entrevoir son côté sombre et presque anxiogène. Il perçoit ce que personne ne voit: la nature réelle des nombres et leur sens. Il n’est pour autant pas écouté, pour la raison suivante : il n’en parle pas.




Sabine regarde son fils. Il est devenu adulte et elle est fière de lui. Elle le sait atypique et elle sait la souffrance que cela a pu engendrer surtout à l’adolescence. Lucas s’est confronté au regard des autres. Le sentiment de bizarrerie que ses camarades lui renvoyait avait eu parfois raison du bien-être qu’il avait mis tant de temps à trouver. A l’adolescence, les enfants sont intransigeants avec les codes sociaux. Lucas en avait fait les frais. Harcèlement et brimades, son atypie n’avait pas été ressentie comme une différence à valoriser. Lucas était empli de talents. Seul cela dit, sans capacité de partage, avait-il une chance que ceux-ci soient considérés ?




Lucas a aujourd’hui 25 ans. Cet anniversaire est enfin bleu. Les années de théâtre qu’il avait derrière lui l’avait amené à considérer la vie comme un jeu de piste. L’urgence et le défi le motivaient. Il fallait réfléchir vite. Sa copine l’avait compris et c’est ce qui l’avait charmée : ce dépassement de soi et l’utilisation de ses forces incroyables.




Lucas savait là où personne n’était au courant et ne savait pas là où tout le monde avait appris. Cette bascule infernale ne permettait pas d’être raccord. La rencontre lorsqu’elle avait lieu était un hasard, une petite bulle qui éclatait dans un océan d’incompréhension. Cette bulle était devenue addictive pour Lucas qui de plus en plus et avec le temps profitait des instants de partage. La vie n’était plus qu’une question d’adaptation. Tout le temps, il avait eu l’impression de devoir rattraper un train en marche, de devoir déchiffrer un code sans le moindre indice. Maintenant, il se faisait confiance. Lucas avait le pouvoir de voir et sentir des choses extraordinaires, inédites et particulièrement fortes. Il en gardait pour lui : celles qui ne sont pas explicables ou bien trop écartées du monde typique. Pour d’autres, il posait des idées, des réflexions qui pouvaient faire écho. Il allait alors inventer, créer dans des champs inexplorés tout en respectant les règles du monde dans lequel il était né.




« Je te dis que c’est bleu

-Surement Lucas, je ne vois pas les choses comme toi pour l’instant. Et peut-être jamais. Je ne vois que des chiffres. Pourquoi à ton avis le 1 est bleu cyan ?

-Parce qu’il sait qu’il existe »










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