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A mi-voix, à mi-corps, à mi-rien

A mi-voix, à mi-corps, à mi-rien

Pubblicato 21 mag 2025 Aggiornato 21 mag 2025 Society
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A mi-voix, à mi-corps, à mi-rien

Nous avions 50 ans.


Quand une gamine a lancé « how dare you » à la face du monde, nous avons culpabilisé un peu, sans vraiment nous sentir concernés. Étions-nous responsables, nous qui étions restés les enfants ?


Nous étions les enfants de mai 68 et de l’avènement de la Crise. Nos parents avaient l’âge de Fanny Ardant, de Voulzy et de Souchon. Ils auraient eu l’âge de Coluche, Balavoine et Le Luron. Ils avaient connu la fin des Glorieuses et la gloire des Valseuses.


Nous étions la génération Goldman, les enfants de 81 et des années SIDA. Nous avions vu la chute du Mur et le 12 juillet 98. Nous avions chanté pour des causes et mené des combats à distance. Nos engagements avaient l’épaisseur de nos inconsistances.


La guerre, nous ne la connaissions pas. On nous l’avait racontée, en noir et blanc, avec des voix d'archives et des musiques dramatiques. Chez nous, nous n’avions vécu que la paix – unepaix relative, une paix de surface, une paix sous dépendances.

Nous avions vu sans les voir les réalités et les batailles de notre monde. Nous avions préféré ignorer les réalités et les batailles à nos portes. Le 11 septembre et le 21 avril nous avaient donné la gueule de bois. Nous étions tombés de nos illusions, sans jamais vraiment nous relever.


Parce que nous avions porté des gilets jaunes et passé des nuits debout, nous avions cru nous révolter. Parce que nous avions dit non à l’horreur, nous avions cru nous défendre. Parce que nous avions mis des distances, nous avions cru être solidaires. Nos solidarités n’avaient que l’épaisseur de nos masques.


Nous avions pris l’habitude de tout remettre au lointain. Nous avions appris à nous confiner, à scroller, à commenter. Avec des hooks, des émoticônes et des hashtags pour être sûrs d’être bien likés.


La mère des batailles, nous ne la livrerions pas. Notre maison brûlerait et nous la regarderions partir. Nous préférions nous abîmer dans des querelles cosmétiques.


Nous repeignions nos bonnes consciences en ruines, comme on repeint un mur délabré : de belles couleurs pour raviver le blanc cassé, mais sans rien avoir gratté dessous.


2025 ne nous réveillerait pas.


La guerre, cette fois, était là. Plus vraiment loin. Moins floue. À la télé, elle était devenue flash, image tremblante, témoignage direct. Réïm et Gaza. Donetsk. Rafah. Haut-Karabakh. Soudan et Kasanga. Inde et Pakistan. Taïwan en suspens. L’Europe en tension. Le climat délirant. Le délire des puissants. Et nous, toujours à mi-voix, à mi-corps, à mi-rien.


Notre passé ne nous constituait plus. Notre présent se diluait dans notre effacement et notre aveuglement. Notre avenir s’évaporait dans le vent de nos égoïsmes.


Nous étions devenus cette génération qui regarde le monde s’effondrer en streaming HD. Qui pleure sur un drame et zappe au suivant. Qui veut la paix, mais sans trouble. Le changement, mais sans effort. Un avenir, mais sans choisir.


Nous le savions. Et pourtant, nous n’agissions pas.


Nos renoncements nous coûteraient plus chers que nos insouciances.

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