Extrait 1
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Extrait 1
Elle est assise sur une petite chaise pliante de jardin, composée de métal et de bois verni, qui ne déparerait pas si on la découvrait en photo dans les magazines de décoration dont raffolent les bobos parisiens. Dans un geste naturel, elle a croisé ses jambes fines et posé le pied gauche sur trois briques empilées comme à dessein. Ses doigts sont entrelacés sur ses genoux. On pourrait la croire plongée dans une intense réflexion, quand, d’un œil absent, elle fixe sans les voir un couple de pigeons qui roucoulent à qui mieux mieux le long de la gouttière. Au-delà, s’offre un panorama époustouflant sur la ville, privilège rarissime à Paris.
Lors de son arrivée dans l’appartement, elle a eu tôt fait d’aménager la terrasse comme elle l’aurait fait d’un jardin ; elle s’est efforcée de dissimuler l’architecture trop moderne du bâtiment avec des plantes grimpantes, chèvrefeuille, clématite et autre faux jasmin. Quelques arbustes aux couleurs multiples et chatoyantes et des compositions florales renouvelées chaque saison complètent l’ensemble, s’épanouissant tour à tour dès la venue du printemps jusqu’à la fin de l’été.
Cette année, elle ne verra rien éclore. Le duplex est vendu. L’agent immobilier a été d’une efficacité redoutable. Il ne lui reste plus beaucoup de temps à y vivre et c’est très bien ainsi. Ses affaires sont en ordre à présent. Elle a réglé quelques détails ultimes trois jours auparavant. De toute façon, ils sont peu nombreux à se souvenir d’elle et la plupart l’imaginent déjà morte.
Elle pousse un léger soupir tandis que son regard se voile de nouveau. Si seulement les choses avaient pu être aussi simples qu’elle le croyait ; ses regrets seraient inexistants et sa mémoire envolée à jamais. Elle se pensait capable de maîtriser toutes ses émotions ; et, tout au long de sa vie, même dans les moments les plus improbables, elle a su à merveille les étouffer. Beaucoup la tenaient pour un véritable monstre d’indifférence et d’égoïsme. Aujourd’hui, force est de constater qu’elles renaissent de manière exponentielle à mesure que se rapproche la note finale de son existence ; elle déteste cette impression de perdre le contrôle.
À cette simple pensée, son souffle s’accélère un peu et elle éprouve une sorte d’oppression qui enveloppe sa poitrine.