Chapitre 2 du roman le royaume de Séraphin
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Chapitre 2 du roman le royaume de Séraphin
Je ne sais pas trop ce qui m'arrive. Il n'y a pas si longtemps encore, je baignais dans un liquide à 37°C, légèrement sucré. J'étais occupé à sucer mon pouce tranquillement quand, tout à coup, j'ai ressenti une violente pression qui me poussait vers le bas. Puis, une deuxième un peu plus tard, puis une troisième, une quatrième, une cinquième... Elles étaient de plus en plus rapprochées les unes des autres et de plus en plus violentes si bien que j'en ai perdu le fil. J'ignore combien il y en a eu mais ce que je sais, c'est qu'irrémédiablement, elles me pressaient la tête contre une paroi et que celle-ci a fini par céder sous la pression. Je me rappelle aussi qu'il y avait cette corde avec laquelle j'avais si souvent joué les derniers mois. Elle s'était enroulée autour de mon cou et je me souviens qu'elle me serrait de plus en plus. Je me sentais comprimé de partout, malmené, écrasé et au moment où la paroi a cédé sous ma tête, j'ai senti que je m'évanouissais. Puis, plus rien : le trou noir... Quand je me suis réveillé, j'étais en train de flotter dans l'air, porté par deux petits êtres avec des plumes dans le dos.
La tempête a laissé place à une douce bise qui m'emporte vers une destination inconnue. Sous mes pieds, j'aperçois des adultes en blouses vertes, d'autres en blouses blanches. Ils portent des masques. Ils s'affairent autour d'un bébé à la peau violacée et ont l'air inquiets. Il y aussi une dame couchée sur une table. Ses jambes sont recouvertes d'un drap. Je ressens son angoisse. On dirait qu'elle crie mais je ne l'entends pas. Autour de moi, c'est si calme. Je n'entends que cette douce mélodie fredonnée par une jolie voix là-haut dans le ciel, qui m'attire, qui m'attire. Les deux petites créatures me soutiennent. Des ailes commencent à pousser dans mon dos. En bas, il y a aussi un homme qui fait les cent pas entre le bébé et la dame sur le lit. Je le vois prendre la dame dans ses bras et se mettre à pleurer. Ils ont l'air anéantis. Je lève les yeux au ciel. J'aperçois un nuage avec, en son centre, une ouverture qui semble donner sur un tunnel éclairé. C'est vers lui que nous nous dirigeons.
- Bienvenue au royaume de Séraphin !
Une dame aux cheveux blancs m'ouvre grand les bras et m'accueille avec un sourire plein de tendresse. Comme je me sens bien dans ses bras ! Alors qu'elle me câline, je remarque qu'elle a une magnifique couronne scintillante sur la tête et une longue robe blanche tout en satin. Autour d'elle, d'autres mamies prennent soin d'enfants de tous les âges. Ils ont tous des ailes et ont l'air si heureux ici. Rassuré, je me laisse bercer et m'endors paisiblement ; les émotions des dernières heures m'ont complètement épuisé.
A mon réveil, Séraphine, m’explique :
- Tu as un superpouvoir, Timéo, comme tous les chérubins de ce royaume. Grâce à ce don, tu vas pouvoir rendre ta famille heureuse.
Je me demande bien quel superpouvoir je peux avoir. D'après ce que j'ai compris, les mamies ont été recrutées par Séraphin pour prendre soin des tout-petits du royaume. Les enfants, eux, sont arrivés ici parce que leur vie sur Terre n'était plus possible. Ils ont beaucoup souffert là-bas: maladie, maltraitance ou accident. Recueillis par Séraphin, ils commencent par panser leurs blessures auprès de dames qui ont le pouvoir de les aider à oublier leurs souffrances. Ensuite, ils se rendent utiles dans le royaume. Les adultes, quant à eux, ont d’autres rôles mais je ne sais pas encore lesquels. Les tout-petits, comme moi, qui arrivent ici sans avoir vécu sur Terre, ont un superpouvoir qui leur permet à la fois d'apporter la vie sur Terre et de la joie à leur famille. Il semblerait donc que j'ai un rôle à jouer sur Terre auprès des humains que j'ai aperçus après la tempête.
Je décide de mener mon enquête car j'ai bien envie de savoir quels sont les superpouvoirs de tous les habitants du royaume de Séraphin.
- Salut !
Un chérubin qui était en train de jouer avec une baguette magique se retourne et me répond :
- Salut ! T'es nouveau ? Je n't'ai jamais vu ! Moi, je m'appelle Titouan.
- Oui, je viens d'arriver. C'est quoi ton superpouvoir ?
- Eh bien, grâce à cette baguette magique, quand je suis sur Terre, je peux transformer des objets en animaux. Je dois encore m'entraîner car j'aimerais bien offrir un petit chiot à ma famille biologique pour atténuer leur chagrin à tous. Mais pour l'instant, je n'ai réussi qu'à transformer des cailloux en grenouilles.
J'éclate de rire. J'imagine bien la scène et la déception de mon nouvel ami. Quel superpouvoir il a ! Ça doit être cool de pouvoir faire ça.
- Moi, intervient un petit garçon aux cheveux ébouriffés, je m'appelle Thibaut et je peux faire pousser des plantes en claquant des doigts. J'aimerais bien offrir un magnifique jardin fleuri à ma famille. Mais pour l'instant, je n'ai réussi qu'à faire pousser des pissenlits dans leur pelouse. Je dois encore m'entraîner.
Je pouffe de rire. J'imagine bien la scène et sa frustration. C'est chouette aussi comme pouvoir. Mais quel peut bien être le mien ?
- Comment je peux savoir quel est mon superpouvoir ?
- Viens, on va voir Séraphin. Il va tout t’expliquer.
Un papy avec une longue barbe blanche me tend les bras. Son regard plein de douceur m’inspire confiance. Je me mets à courir vers lui, je trébuche et je m’emmêle les jambes dans sa barbe. Je me fracasse la tête contre son ventre. Thibaut et Titouan éclatent de rire, témoins de cette scène incongrue. Moi, je suis vexé que mes nouveaux amis se moquent de moi, mais encore plus stupéfait d’entendre le vieillard que je viens de bousculer rire comme un gamin.
- Bonjour Timéo. On peut dire que c’est une rencontre puissante. Tu n’aurais pas été rugbyman dans une vie antérieure ?
Les rires de Thibaut et Titouan redoublent d’intensité. Ils se roulent par terre, frappent des mains au sol et se recroquevillent sur eux-mêmes en se tenant les côtes. La colère s’approche dangereusement de moi. De quel droit osent-ils rire de moi ? Je commence à serrer les poings quand, tout à coup, Séraphin m’enlace fermement contre lui. Instantanément, à son contact, toutes mes tensions s’évanouissent. Mes copains reprennent leurs esprits tandis que Séraphin nous explique que ma mission, c’est d’apporter un autre enfant à ma famille
- Toi, Timéo, tu n’as pas besoin de baguette magique. Il te suffit de toucher deux fois le ventre de ta maman : une première fois pour y implanter un fœtus et une deuxième, neuf mois plus tard, pour faire naître le bébé. Tu devras beaucoup t’entrainer et surtout choisir le bon moment, quand tes parents seront prêts. Dans leur cœur, personne ne pourra jamais te remplacer mais un autre bébé peut leur apporter beaucoup de réconfort.
Je suis tellement content et fier de mon superpouvoir que je chante à tue-tête :
- J’ai un superpouvoir, j’ai un superpouvoir, j’ai un superpouvoir…
Impatient de voir de mes propres yeux de quoi mes amis sont capables, je les accompagne. Ils me font faire quelques essais de décollage sur la plate-forme d'envol afin de tester la résistance de mes ailes. J'effectue quelques virages pour vérifier mes réflexes et nous prenons notre envol, direction la Terre.
Il fait beau, nous sommes en avril 2020. C'est le début du printemps. Cette sortie s'annonce bien agréable. Titouan se sent très rapidement attiré par un nid d'oiseaux et ne peut s’empêcher de toucher les œufs avec sa baguette magique. Et hop : des oisillons apparaissent. Je n’en reviens pas.
Thibaut, lui, claque des doigts sans relâche. Partout sur son passage, des fleurs éclosent et colorent les paysages.
Nous nous approchons d’une brebis qui se désaltère dans une mare. J'ai un peu peur car cet animal est plus grand que moi. Titouan s’amuse à faire des loopings dans les airs, touche la brebis de sa baguette magique, fait un salto, en touche une deuxième et repart vers une cane qui couve. Il sifflote gaiement, heureux de donner la vie. Son excitation me gagne. Je ne le quitte pas des yeux. Près des deux brebis, des agneaux sont nés. Leurs mamans sont en train de les lécher tandis que la coquille des œufs de cane commence à se fendiller. Un tout petit bec fait son apparition, suivi d’une minuscule tête et enfin, le caneton tout entier.
- Waouh ! Comme il est mignon, je ne peux m’empêcher de commenter.
Thibaut, lui, joint ses poings tout contre sa poitrine, ému par cette naissance.
- J’adore ton superpouvoir, j’ajoute à l’attention de Titouan. Je suis impatient d’essayer le mien.
Mais contrairement à mes amis, je ne pourrai pas admirer tout de suite les effets de mon don. C’est long d’attendre neuf mois pour voir le résultat. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, je rentre au royaume avec des étoiles plein les yeux.
Comme d'habitude, je me réveille à la nurserie. Une question me taraude l'esprit. Il faut que j'aille voir Séraphin pour avoir des explications.
- Bonjour Séraphin.
- Bonjour mon petit Timéo. J’espère que tu te plais bien ici.
- Oui mais justement, je ne comprends pas pourquoi tu m’as appelé ici alors que j'aurais très bien pu vivre auprès de ma famille et les rendre heureux. A quoi ça sert de me remplacer par un autre enfant ?
Avec un regard bienveillant, Séraphin me tend les bras puis il répond :
- C'est plus complexe que ça, Timéo. Le royaume de Séraphin sert à réguler la vie sur Terre. Et ton superpouvoir ne sert pas uniquement à offrir un nouveau bébé à ta famille biologique. Tu vas faire naître de nombreuses autres vies sur Terre.
J'en reste bouche bée car je pensais que mon rôle, c’était uniquement d’offrir de la joie à ma famille restée sur Terre.
- Ben dis donc, quelle mission !
C'est vrai que je ne connais pas grand-chose du royaume de Séraphin. Depuis que j'y suis arrivé, il y a deux mois, j'ai fait de nombreux sorties sur Terre avec mes amis, mais, je n'ai pas pris le temps d'explorer cet univers et d'en comprendre les mécanismes.
Séraphin m'explique qu'il fait venir à lui toutes les personnes dont il a besoin pour faire fonctionner son royaume. Il prend soin de les recruter en fonction de leurs qualités humaines et notamment leur empathie. Le royaume de Séraphin, comme j'ai d'ailleurs pu moi-même le constater, est un monde de tendresse où la paix et l'harmonie règnent en maîtres. Les chérubins, comme moi, ont tous le pouvoir de donner la vie. Certains comme Titouan sont capables, avec une baguette magique, de faire naître des animaux. D'autres, comme Thibaut, peuvent faire pousser des fleurs et des arbres en claquant des doigts. Et enfin, comme moi, certains ont le pouvoir de donner la vie à des humains en touchant leur maman. C'est donc depuis le royaume de Séraphin que toute la vie sur Terre se régule : la nature, les animaux, les Hommes. Impressionnant !
Mais alors que je commence à comprendre, une sirène retentit. Ce n'est pas la première fois que je l'entends mais, trop occupé à découvrir mon superpouvoir, je n'y ai jamais prêté attention.
- Viens Timéo, me dit Séraphin. Je t'emmène à la caserne des pompiers. C'est de là que tout commence ici.
L'ambiance y est bien différente de la nurserie où tout est si calme. Ici, on s'agite beaucoup. Deux jeunes pompiers sont en train de revêtir leur costume car ils doivent aller récupérer quelqu'un sur terre. Je ne les reconnais pas. Ce n'est sans doute pas eux qui sont venus me chercher à l'hôpital. D'après ce que j'ai compris, ils doivent ramener un jeune garçon, Dimitri, dont la vie sur Terre n'était plus possible car il y souffrait de trop. Je me rappelle maintenant : quand je suis arrivé ici, une nourrice m'avait expliqué que les enfants du royaume étaient soit maltraités sur Terre, soit malades ou bien encore victimes d'accidents. Mais je me demande bien quel est leur rôle au royaume de Séraphin. Je me souviens juste qu'ils doivent d'abord panser leurs blessures...mais avant de faire quoi ? Je n'en sais rien.
A l'autre bout de la caserne, on s'agite beaucoup aussi mais l'ambiance y est plus sereine que dans le sas d'envol des pompiers. Ici, les enfants s'entrainent quand ils ne sont pas en mission sur Terre. Une salle de musculation est à leur disposition. Certains sont en pleine formation auprès d’hommes passionnés. Ils deviendront, à leur tour, des pompiers expérimentés d'ici quelques mois.
Séraphin m'invite à sortir dans le jardin. Là, j'aperçois plein d'enfants qui jouent et se défoulent sur les nombreuses structures à leur disposition. Il y a des balançoires, des toboggans, des trampolines, des cabanes reliées entre elles par des ponts. Il y a aussi de nombreuses zones pour des sports collectifs. Mon regard est attiré par une petite fille qui est toute seule dans un coin.
- Que lui est-il arrivé, Séraphin ?
- Ça ne fait pas très longtemps qu'elle est ici. Il lui faut un peu de temps pour s’habituer et aller vers les autres. Elle était malheureuse sur Terre. Nous allons bien prendre soin d'elle. Quand elle ira mieux, elle se joindra aux autres enfants.
- Il s'essuie les yeux, ému, en repensant au calvaire que cette petite de quatre ans a enduré.
Sous ses airs de force tranquille, serait-ce un grand sensible ce Séraphin ? J'en ai bien l'impression. Il poursuit:
- Sa guérison peut prendre du temps car cela dépend de la gravité de ses souffrances. Les mamans du royaume vont l'aider à surmonter ses peurs.
- Mais Séraphin…avec ton superpouvoir, tu aurais pu abréger ses souffrances, non ? Tu aurais pu la rappeler à toi bien plus tôt si elle était malheureuse sur Terre.
- J'aurais bien aimé, Timéo. Mais ce n'est pas aussi simple. Bien que mon royaume soit infini, je ne peux pas y faire venir tout le monde à tout prix. Il est nécessaire en amont que je m'assure que nous pourrons accueillir chaque enfant dans de bonnes conditions. Il faut qu'il y ait suffisamment d'adultes bienveillants pour prendre soin de chacun d'eux. Donc, tant que je n'ai pas le personnel adéquat, je ne peux pas prendre ce risque et malheureusement, certains enfants souffrent pendant des années avant de nous rejoindre.
- C'est bien triste cette histoire !
- Oui, en effet ! Parfois, aussi, j'ai l'espoir que la situation d'un enfant s'améliore. Je lui laisse donc une chance de rester auprès de sa famille. Tu sais, même si tous les enfants sont bien traités ici, quitter leur famille et leurs amis est un véritable déchirement. Il leur reste toujours un vide qu'on ne pourra pas combler.
- Dans un sens, moi, j'ai de la chance alors car je n'ai pas pu me fabriquer de souvenirs sur Terre avec ma famille biologique.
- Oui, tout à fait. Toi, tu vas apporter beaucoup de bonheur sur Terre sans jamais ressentir de manque.
Je comprends un peu mieux toute la complexité de la régulation de la vie sur Terre. J'en ai appris assez pour aujourd'hui. Je vais retourner auprès de Titouan et Thibaut.
...à suivre : chapitre 3...n'hésitez pas à poursuivre votre lecture dans l'article suivant...
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