ETRE PHOTOGRAPHE C'EST SURTOUT COMBATTRE LES IDEES RECUES/ ARTICLE N°2: SHOOTER A TOUT VA...!
Su Panodyssey puoi leggere fino a 30 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 29 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
ETRE PHOTOGRAPHE C'EST SURTOUT COMBATTRE LES IDEES RECUES/ ARTICLE N°2: SHOOTER A TOUT VA...!
C'est un peu vrai dans tous les corps de métier, mais peut-être encore plus lorsqu'on est Freelance et qu'on travaille seul: la réalité de notre profession nous ramène vite à la raison.
Fantasmes et Liberté démesurés de celui qui gère son business avec son smartphone dans une main et son agenda hyper rempli dans l'autre.
Smoking ou plutôt jean-basket mais en tout cas dans l'air du temps, l'image sulfureuse de l'Indépendant qui s'est affranchit des codes et qui sait où il va chaque jour nous colle à la peau.... un peu trop !
Qu'en est-il vraiment de notre quotidien de photographe, cette profession très idéalisée et convoitée?
J'ai décidé de lister quatre idées reçues relatives au métier de photographe, en m'appuyant sur mon vécu d'expérience et aussi sur l'inconscient collectif qui véhicule justement des fantasmes complètement aux antipodes de la réalité...
Ayant pas mal de choses à dire sur chacun des points, et afin que l'article soit plus digeste, j'ai décidé de le découper et de faire ainsi un billet par idée reçue, tout simplement.
Ces articles seront certainement un peu moins long que les autres, mais je pense que les points évoqués sont suffisamment importants pour que je leur accorde un article à eux seuls.
C'est donc parti pour quatre articles, quatre idées reçus relatives au métier de photographe...
Bonne lecture !
IDEE RECUE N°2: ETRE PHOTOGRAPHE C'EST ETRE TOUT LE TEMPS CONNECTE ET INSPIRE, APPAREIL TOUJOURS A PORTEE DE MAIN...!
Ah oui,je l'aime bien ce point-là; cette idée reçue que parce qu'on est un professionnel de l'image, on se doit d'être tout le temps sur le qui-vive pour shooter à tout va...!
Il y en a qui le font; toujours à montrer qu'ils sont et vivent la photographie comme une deuxième peau, genre "je me lève les yeux collés... mais j'ai mon appareil photo sur ma table de nuit pour immortaliser l'instant présent...." bla bla bla.....
M'ouais.... m'énervent ceux-là !
Ce que je vais vous dévoiler n'engage que moi et en fera peut-être grincer des dents certains, mais j'ai rarement mon appareil photo avec moi...!!!
AAAhh, vade retro, faux photographe et mécréant que je suis....
Après cet aveu, vous êtes en droit de vous demander comment est-ce que je peux me regarder dans un miroir et oser me prétendre professionnel de l'image ! C'est un non-sens; une anomalie !
Et bien, honnêtement..., tout est ok, je le vis très bien, et mon syndrome de l'imposteur n'est plus là pour en témoigner.
Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi, à mon sens, le photographe professionnel ne DOIT PAS l'être tout le temps et pourquoi est-ce qu'il DOIT prendre du recul par rapport à cette idée reçue qui peut provoquer certains blocages...
Le cerveau fonctionne différemment lorsqu'on traite un projet pro d'un projet perso; là je ne vous apprend rien; les enjeux ne sont pas les mêmes, ni les moyens déployés, ni les attentes du coup.
En ce qui me concerne, il y a bien une scission très nette en photographie; je ne mets pas sur le même plan d'égalité (en termes de technique, et non d'importance à mes yeux !) mes projets professionnels et ceux de ma vie familiale par exemple.
Partant de là, je ne sollicite pas les mêmes "fonctions" cérébrales; le même câblage car je pense que tout se passe au niveau psychologique. Il y a deux mondes bien distincts en photographie, même s'ils ne sont pas totalement hermétiques:
-
D'un côté, l'amateur qui aura envie de prendre beaucoup de "photos souvenirs". Dans ce contexte de prise de vue, nous sommes dans quelque chose qui fait primer la quantité plutôt que la qualité: le résultat photographique importe peu, pourvu que le moment soit immortalisé. Il en ressort une intention tout à fait honnête et louable. Pour lui, psychologiquement, le plaisir et l'urgence de la situation seront ses seuls arguments de poids !
- De l'autre côté le professionnel qui vit de sa passion. Celui-ci a découvert un univers fait de contraintes; de contrats; de techniques poussées et de plaisir. Cependant, la psychologie du photographe pro est bien différente de celle de l'amateur car les enjeux ne sont pas les mêmes. Le simple geste "d'appuyer sur le bouton" et de déclencher l'appareil sera un acte lourd de sens qui aura eu (la plupart du temps), comme conséquences tout un travail de recherche et de réflexion en amont et en aval. Pour cette raison (et bien d'autres encore), le professionnel est "câblé" d'une autre manière, à la manière d'un chef d'orchestre qui aura conscience de tout ce qu'implique le fait de prendre une photo.
Pour l'avoir vécu, cela n'est effectivement pas aussi simple et j'ai longtemps été "bloqué" par certains paramètres qui m'interdisaient presque malgré moi de prendre mon appareil photo en dehors du cadre professionnel.
A tel point que cela commençait à être un réel soucis...
Il devenait donc primordial et important pour moi de trouver des réponses face à cet état "d'angoisse" et aussi et surtout de me détendre pour débloquer la situation!
A ce stade du billet et si on résume ce que nous propose la légende urbaine, on a à peu près ceci, sans trop de subtilité:
-
soit je suis un professionnel et je ne shoote que sur contrat, délaissant les "photos ordinaires".
-
soit je suis un amateur (même averti) et je prends pleins de photos en privilégiant la quantité à la qualité.
Ce blocage qui peut survenir à un moment donné et nous interdire de shooter si cela n'est pas lié de près ou de loin à un contrat professionnel, à plusieurs facteurs déclencheurs et responsables de cette situation:
-
les formations quotidiennes, parfois longues et fastidieuses.
-
L'investissement en matériel, parfois conséquent qui engendre des coûts importants.
-
La pression du statut, de l'aventure entrepreneuriale.
-
La réalité du métier qui fait qu'on passe 70% de son temps derrière son ordi et 30% en shooting photo.
-
L'interdiction d'utiliser le mode rafale (sur ce point, personnellement, j'ai été formé "à l'ancienne", et donc chaque photo est pensée et visualisée. Je ne suis pas un pro du mode rafale, que je n'utilise d'ailleurs jamais. Et pour le coup je trouve que c'est plutôt un bon point, car au lieu de shooter des dizaines de photos en me disant qu'il y en aura une ou deux de bonnes à la post-production, je préfère en prendre une ou deux de "valables" quitte à prendre plus de temps sur le moment. Et puis quand on a en tête le prix du boitier que l'on vient de se payer et qu'on sait qu'il a une durée de vie limitée -très limitée-, on réalise alors que chaque clic du déclencheur à un coût et devient de l'amortissement de matériel... Je vous assure qu'on voit les choses différemment et qu'on se calme avec la gâchette rapide) !
Tout ce "package" de facteurs, pourtant intrinsèquement lié au métier, peut à un moment donné devenir tellement lourd qu'on "décompresse" lorsqu'on sort du cadre pro et qu'on se retrouve rapidement à choisir de laisser son appareil photo à la maison... Histoire de "lâcher prise"...
Le but, vous l'aurez compris, est de se retrouver entre les deux extrêmes; tranquille et apaisé, plutôt que de tendre dangereusement vers l'un des deux (trop ou pas assez de photos...)
Entre la légende urbaine qui veut qu'un pro de l'image soit tout le temps habité et en train de shooter et l'autre extrême (que l'on s'impose nous-même la plupart du temps), qui fait que si cela ne relève pas du monde professionnel, alors on ne shoote rien...!
Il faut arriver à être à l'aise dans les deux "mondes", c'est important lorsqu'on est professionnel.
Savoir "switcher" en un claquement de doigt et passer d'un statut de pro à celui d'amateur et inversement.
Lorsque je travaille pour un client, sur contrat, je vais monopoliser tout mon savoir faire à cet instant précis et recruter mes facultés d'analyse, de savoir-faire et de technicité. Suivant la spécialisation, l'émotion aura aussi sa place, mais diffusée différemment.
Lorsque je suis en famille, d'autres facteurs seront importants, et ce n'est pas parce que je suis pro que je doit tout le temps fonctionner de la même manière.... Cela deviendrait vite invivable et lourd !
Ainsi donc, je suis capable de ne pas prêter attention au cadrage; d'avoir une prise de vue douteuse en netteté, et de ne pas retoucher les photos dans un cadre personnel.
Parce que j'aurais monopolisé d'autres facteurs importants pour ce sujet à ce moment précis: l'émotion, l'amour, l'instant présent, brut et réel sans artifices et sans artefacts, j'aurais fait primer la quantité à la qualité pour capturer des instants de vie fugaces qui ne reviendront pas....
Lorsqu'on est photographe et qu'on décide d'en faire son métier, les départements à maîtriser sont nombreux et la formation est quotidienne et sans fin...
Il faut être bon:
- en photographie
- en marketing
- en informatique
- en publicité
- en commerce
- en écriture etc.....
Vous l'avez compris, on n'est pas couché...!!
Et savoir décompresser et déconnecter sans pour autant délaisser son outil de travail comme j'ai pu le faire à mes débuts demande aussi du temps, de la prise de conscience et du recul face à "l'importance de notre métier"...
Shooter à tout va et tout le temps, sûrement pas.
Mais apprendre à se détendre pour les projets personnels est important pour maîtriser flexibilité et adaptation, deux conditions indispensables à notre métier et que nous devons déployer chaque jour !