

Bonnes poires
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Bonnes poires
Tapie au fond du compotier, je guettais le retour de William. Il était parti depuis longtemps déjà. Ça devenait angoissant. Je n’osais me redresser pour scruter alentour. Que je laisse dépasser mon pédoncule et le Monstre n’aurait fait qu’une bouchée de moi. Pourvu qu’il n’ait pas mis la main sur William pour le cuisiner.
Mais pourquoi tardait-il à revenir ? Le chemin n’était pourtant pas long jusqu’à la corbeille de fruits. Il devait juste trouver un avocat pour nous sortir de là. William avait dû avoir un pépin. J’imaginais le pire, qu’il avait glissé sur une peau de banane et s’était écrasé au sol, réduit en compote.
Ou alors, il s’était laissé embarquer dans une discussion sans fin, comme toujours, et un raisin à l’accent italien lui tenait la grappe. Peut-être un mafieux qui allait l’embarquer dans une histoire louche et le rouler dans la farine. Mon William ne savait pas dire non, il était trop bonne poire.
Le Monstre n’était plus dans les parages. Dans l’air flottait encore le parfum de ses dernières victimes, des amandes qui s’étaient fait griller. Nous savions que ce répit n’était que provisoire. Un couteau déposé sur le comptoir annonçait que nos heures étaient comptées. Le tic-tac du minuteur égrenait nos derniers instants.
Soudain, je sentis une présence derrière moi. Je crus tomber dans les pommes. Un épais jus rouge coulait sur la peau lisse de William, entaillée par endroits. Il avait un œil poché. Dans un dernier souffle, avant de s’effondrer, il me glissa : “Hélène, ma belle Hélène, c’est cuit. Je me suis pris un pruneau.”

