Les Limbes du Peintre - Chapitre 5
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Les Limbes du Peintre - Chapitre 5
La Riviéra, Pont de Chazey.
Affalé sur un canapé à proximité de la piste de danse, sirotant un whisky pur, j'observe la masse de gens se déchaîner au rythme d'une musique des années 80.
Parmi tous ces anonymes, je la vois onduler son corps comme un serpent se déplaçant sur le sable, sensuelle.
L'une de ses amies, petite et forte, se penche vers son oreille tout en jetant un bref regard en ma direction. Satisfait, je me lève et me dirige vers le bar. La jeune femme ne tarde pas à me rejoindre. Elle commande un martini sec et m'aborde d'une façon plutôt surprenante.
— Avez-vous trouvé ce que vous êtes venu chercher ?
Pour toute réponse, je me contente de la fixer d'un air étonné. Elle sourit.
— Vous avez passé la soirée assis, à déguster votre whisky et à observer chacun d'entre nous.
— Je vois que j'ai été découvert.
Je me désaltère. Elle laisse échapper un léger rire moqueur.
— Une agréable découverte, murmure-t-elle tout en mordillant dans une des olives. Je me nomme Céleste.
Céleste... son nom est le reflet de sa beauté. Il émane de cette femme le charme envoûtant d'une prédatrice.
— Enchanté. Moi c'est Arnaud.
— Eh bien, Arnaud, qu'êtes-vous venu chercher ?
Je reste silencieux et pensif. Que suis-je venu chercher ? Le plaisir certes, j'aime ces rencontres furtives fondées uniquement sur le sexe. Mais ce soir, c'est différent. Ce soir, j'aimerais atteindre l'ivresse passionnelle de mes délices nocturnes.
— De l'exceptionnel, dis-je tout en lui dévoilant mes attentes d'un simple regard.
Je finis le fond de mon verre et j'attends. Elle inhale une légère bouffée de sa cigarette et silencieuse quitte la discothèque. Sans un mot, je la suis, répondant à son invitation corporelle.
Céleste habite seule dans un F2 rue Raccurt à Dagneux.
L'appartement est neuf et clair. Les murs de son salon sont peints crème, recouverts des toiles représentant des fresques de la Rome Antique.
À observer la disposition des meubles d'ébène et son canapé de cuir crème, je découvre chez elle une personne bien ordonnée.
— Tu veux un verre ?
— Un whisky.
Elle me tend le verre tout en se collant contre moi.
— Tu cherches de l'exceptionnel ?
Je l'observe attentivement, écoutant contre mon corps son souffle qui fait frémir mes sens.
— Tout comme toi, si je ne me trompe.
— Un peu de nourriture exotique n'a jamais fait de mal à personne. Les prédateurs que nous sommes, ont besoin de nouveauté.
Les mots presque murmurés sont un appel au plaisir. Comme les scènes de mes cauchemars que je reproduis de mes mains, Céleste dessine de sa langue le contour de mes lèvres avant de les mordiller légèrement.
— Je pense que nous allons bien nous amuser, me dit-elle de sa voix mielleuse.
— Tu ne crois pas si bien dire, lui murmurai-je dans un soupir avant de défaire son haut, libérant une poitrine ronde et bien ferme.
Elle sourit et m'entraîne dans sa chambre, un lieu conçu pour les plaisirs charnels, deux lampes halogènes, orangées de faible densité, des draps de satin rouge prêts à nous recevoir et un gigantesque miroir en tête de lit. Elle s'allonge sur le lit, je la suis dans son geste et réponds à son appel.
J'enveloppe sa poitrine de ma bouche comme cherchant à y aspirer sa vie et lentement promène ma langue jusqu'à son ventre plat, effleurant son piercing.
Ses doigts aux ongles longs glissent le long de mon dos pour s'agripper au bas de mes reins non sans provoquer une légère douleur que j'ignore.
Doucement, elle se déshabille, je fais de même, s'offrant entièrement au plaisir que je vais lui procurer.
À l'instant même où je pénètre en elle, sa chambre se fait l'écho de ses gémissements. Elle enlace mon corps telle une corde s'enroulant autour de mon doigt. Et, pendant qu'elle se nourrit sexuellement, j'essaie de retrouver la jouissance de mes cauchemars.
Prisonnière sous mon corps, ses poignets retenus par la force de mes mains, elle m'est entièrement soumise. Je l'entends gémir contre mon oreille, le souffle coupé par mes secousses de plus en plus bestiales. Peu importe ses émotions ! Seul m'importe d'éprouver la passion impure de mes nuits sanglantes. Céleste n'est plus qu'un instrument de plaisir dont je me sers.
Les gémissements de ma partenaire deviennent des cris de douleur. Mes violents coups de reins provoquent de légères traînées de sang entre ses cuisses, accentuant ainsi ma frénésie sanguinaire. Sans un mot, je plonge mon regard dans ses yeux et je lis toute la souffrance et l'horreur que lui insuffle la vue de mon visage déformé par la démence. Je caresse ses lèvres de mes longs doigts de peintre avant de poser ma main sur sa bouche, de planter violemment mes crocs dans la chair et d'aspirer le flux vital. Le corps de Céleste est pris de convulsions. Des cris de douleurs, étouffés par ma main, cherchent à franchir la barrière de ses lèvres.
Je bois sa vie avec ferveur. Quelle agréable saveur, mon palais frétille.
Je sens mon corps s'enflammer, submergé de part et d'autre, d'un plaisir aussi intense que brûlant.
Pleinement satisfait, je me relève, savourant cette extase impure, mais mon reflet hideux, souillé du sang de ma victime, m'horrifie.
Je me réveille le souffle coupé.
Comme pour apaiser mes tourments, une main se pose sur ma joue, des lèvres rejoignent les miennes.
— Que se passe-t-il, mon bel amant d'un soir ? Est-ce l'euphorie de cette nuit exceptionnelle qui te met dans cet état ?
Silencieux, je retire le drap qui découvre le corps de la jeune femme, pas une blessure, pas une morsure. Plongé dans mes pensées, je la regarde, elle est si belle, soulagé de la savoir en vie. La voir ainsi, offerte, ses tétons rosés et son intimité mouillée, m'excitent. Mais la vision cauchemardesque de son corps mutilé, exsangue, marqué par l'amour violent m'inspire le dégoût. Je quitte son lit et me vêts sous ses yeux effarés.
J'ai besoin de me libérer l'esprit.
Arrivé chez-moi, je me précipite au sous sol. Je peins à la seule lueur des bougies, je peins afin de chasser cette image écœurante : la beauté souillée par le sang. Mais mon regard effrayant, maculé du sang de la jeune femme, se délecte de ce délice pervers, se lèche les lèvres tel un félin rassasié, ne cesse de me hanter.
Précipitamment, je découvre mes toiles. Mes œuvres dépeignent l'horreur d'un monde obscur dominé par le sang mais dévoilent le véritable visage de l'incube caché dans les ténèbres de mes cauchemars. Autant je suis attiré par cette jouissance issue de la souffrance autant je suis effrayé par ce que je viens de découvrir, Moi assouvissant ce délice sanglant.
Pourquoi mon choix s'est posé sur Céleste ? Le vert de ses yeux, le blond des ses cheveux, la pâleur de sa peau, tout en elle me rappelle : Elena.
Je me souviens...
À vivre dans ma solitude, multipliant les conquêtes, espérant La trouver, mais Elle ne vivait que dans mon imaginaire, née sous mes coups de crayon. Jusqu'au jour où je la rencontrai sous les traits de cette inconnue.
Je la regardai, admirative devant mes œuvres, je la regardai, fasciné, celle que je cherchai en vain.
Issue d'un autre temps, son corps touché par la grâce, cet amour irréel à quelques mètres. Je me sentais comme ces ados invisibles, amoureux de la plus belle fille du lycée, incapable de l'approcher, de prononcer le moindre mot. Mon cœur s'accélérait, mon corps tremblait, transpirait, inhabituelle cette sensation, chez moi séducteur sans scrupules. Et lorsqu'elle me fixa, je me sentis nu, oui dénudé par son simple regard.
— La femme source de vie.
Sa voix... comme une onde de choc, un séisme ébranlant tous mes sens.
J'émergeais des ténèbres solitaires.