Lettre aux parents de bébés prématurés
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Lettre aux parents de bébés prématurés
Mon conseil, c’est qu’il n’y a pas de conseil. Nous sommes tous différents et nous accueillons la prématurité de nos bébés de bien des manières. Vous vous connaissez mieux que personne, c’est donc vous qui trouverez la solution au fond de vous-même pour surmonter cette épreuve. Ecoutez-vous.
Voici quelques petits trucs qui m’ont aidée pendant l’hospitalisation de Cyrielle et Robin :
Créez vos propres rituels avec vos bébés, ce seront des moments qui n’appartiendront qu’à vous et plus tard, vous pourrez les raconter à vos enfants qui vous écouteront d’une oreille très attentive.
- Posez vos deux mains sur le ventre ou le dos de vos bébés, et appuyez très doucement au rythme des battements de votre cœur.
- Chantez des chansons que vous aimez tout près des incubateurs, portes ouvertes si vous le pouvez.
- Parlez souvent à vos bébés, dès que vous êtes devant la couveuse. Vous pouvez parler de tout et de rien. Je parlais de Robin à Cyrielle, et de Cyrielle à Robin. Mais pas que : je leur disais à peu près tout ce qui se passait pour moi : la chambre parentale, la biberonnerie, la préparation de leur chambre, les inquiétudes et les joies…
- Massez et caressez le corps de vos bébés : ça maintient un lien physique entre vous.
- Listez dans un cahier tout ce qui vous passe par la tête tout au long du parcours d’hospitalisation : vos états d’âme, le poids des bébés, les visites, les soins, vos nounous préférés…
- Prenez une photo chaque jour si possible. Vous pourrez voir à quel point vos bébés changent. Cela est particulièrement vrai pour les expressions des visages. Certains trouvent que les bébés prématurés se ressemblent tous un peu. Pour ma part, j’ai trouvé beaucoup de différences dès les premiers jours entre Cyrielle et Robin : les formes des doigts, du nez, de la bouche…
Sollicitez les nounous :
- Posez toutes les questions qui vous passent par la tête si ça vous aide à comprendre ce qui est en train de se passer, ou ce qu’on fait à vos bébés.
- Ecoutez les conseils des nounous : ils sont toujours de bons conseils, ce sont eux qui surveillent avec bienveillance la progression de nos petits prématurés : vous pouvez leur donner votre confiance, ils assurent.
- Dès que ce sera possible, demandez à faire les toilettes, à changer les couches, à prendre la température, à faire du peau à peau… Et profitez de l’expérience des nounous pour vous confier sur certaines de vos angoisses.
- Appelez les différents services de néonatologie (réanimation, post réanimation, soins intensifs) dès que vous ressentez le besoin d’avoir des nouvelles de vos bébés. Vous ne les dérangerez pas.
Soufflez quand c’est nécessaire :
- Si c’est possible, allez voir vos bébés chaque jour, mais inutile de rester 4 heures d’affilée devant l’incubateur : privilégiez les temps de qualité où vous êtes à fond pour insuffler de l’énergie à vos bébés, ou des temps où vous pouvez aider les nounous.
- Prenez du temps pour vous dès que vous en ressentez le besoin : resto, bar, magasins, sport, visites à la famille, aux amis…
Si vous en éprouvez le besoin, rapprochez-vous d’une association, ou des autres parents qui se trouvent dans la même situation que vous, afin d’échanger sur vos parcours.
La culpabilité, c’est inévitable. Mais ne lui laissez pas trop de place. Gardez votre énergie pour le positif.
Ne négligez pas votre santé mentale ni votre santé physique :
On pense à tort qu’on peut tout gérer en toute circonstance, et que demander de l’aide fait de nous un/une incapable ou un mauvais parent. J’affirme que c’est une grosse bêtise de penser ainsi. Toute aide bienveillante est utile dans cette épreuve : famille, amis, psychothérapeute…
Comme chaque épreuve traumatisante, il n’y a que les personnes qui les ont littéralement vécues qui peuvent vous comprendre. Ne prenez pas forcément en compte les conseils des personnes qui tentent de vous expliquer ce que vous devriez faire, alors qu’elles-mêmes n’ont pas connu de difficulté à la naissance de leurs enfants. Vous faites au mieux, et c’est le maximum que vous pouvez faire, donc bravo !
Lorsque vous avez une question d’ordre médical, cherchez une réponse auprès des nounous et de l’équipe pluridisciplinaire qui s’occupent de vos bébés. Je conseille de proscrire toutes les recherches via internet.
Au moment de l’hospitalisation de Cyrielle et Robin en 2007, je n’avais « que » les bouquins sur la prématurité, mais c’était déjà largement suffisant pour se faire des films et des projections sur les futures séquelles de mes bébés. Laissez l’équipe médicale vous dire ce qu’ils font pour vos bébés, et posez-leur toutes vos questions en direct. Ce sont eux qui connaissent le mieux l’évolution de vos bébés, donc faites-leur confiance et évitez vraiment les pages internet.
C’est un vrai parcours du combattant pour une famille, alors je vous souhaite d’être solide et fragile à la fois, triste et joyeux, optimiste et pessimiste, énervé et calme… Dans cette épreuve qu’est l’hospitalisation d’un enfant né prématurément, vous passerez par tous ces stades et même plus, il faut tenir et y croire.
Vos bébés sont capables de tout !
Belle route.
Amicalement, Annaële