Rêve de l'éco-working
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Rêve de l'éco-working
Ou comment co-créer ensemble de la perméaculture humaine.
Les rayons du soleil traversent les verrières du camp de base des éco-workers. Après une année de recherches durant laquelle les membres de la tribu se réunissaient dans les locaux de l’entreprise Officience, un lieu de rassemblement par et pour cette joyeuse communauté a enfin ouvert ses portes. Première oasis d’un archipel à venir, cet éco-working est en marque blanche, les membres d’Open Opale ont choisi de le baptiser Temple Of Open Heart, une étiquette parmi tant d’autres (Offitemple, Beluspace…). A l’entrée, un tableau peint à l’acrylique présente les causes qu’incarne cet espace, on y voit notamment « intelligence collective », « liberté intérieure », « vivre ensemble ». Aujourd’hui c’est Nina qui ouvre le bal avec un cours de yoga, en tant que membre active de la tribu, elle fait partie des personnes ayant le code pour accéder aux clés du lieu. Sa voix résonne dans le loft pendant qu’une vingtaine de corps s’étirent et se dynamisent. Au son du gong, les personnes replient leurs tapis et se rassemblent au bar où sont disposés deux pots avec un QR code (pour les personnes préférant le paiement virtuel). Le premier, étiqueté « contenu » va rassembler l’argent destiné à Nina pour son partage, le second, « contenant » est destiné à financer le lieu. Cet espace est un lieu d’expérimentation des 5 flux, un laboratoire du rapport à l’argent : est-il possible de rassembler une tribu dont chaque individu se sente suffisamment responsabilisé, engagé et relié pour mettre du cœur et de l’énergie à financer le lieu, de manière autogérée ? Un foisonnement d’initiatives a émergé ici, chaque personne ayant une idée peut faire un partage d’intention sur le slack des éco-workers, avant de lancer un test et voir qui se prête au jeu. C’est comme cela que ces deux bols ont été mis en place, avec un beau succès puisqu’ils sont utilisés par la moitié des animations en matinée et soirée!
Alors que certains quittent le lieu après ce temps de ressourcement, d'autres se préparent pour y dérouler leur journée de travail, en chaussettes. Première transformation de l’espace, des tables sur roulettes sont dépliées, le bruit des chaises qui s’installent dans un ballet d’arrivées, des ordinateurs qui se branchent, petit à petit l’atmosphère se transforme au son des touches de clavier. Une dizaine d’indépendants viennent presque quotidiennement travailler ici. L’ambiance est studieuse, des panneaux acoustiques permettent d’absorber les discussions téléphoniques, des discussions presque chuchotées ont lieu sur le canapé, on entend par moment un éclat de rire. L’atmosphère reste légère et bon enfant, tout se fait avec une grande fluidité. Claire, la gardienne de l’esprit du lieu, arrive en fin de matinée pour un rdv avec Ken, un formateur de CNV qui souhaite utiliser le lieu certains week-ends. Elle l’accueille dans la cuisine avec quelques autres membres de la tribu, curieux de le rencontrer et d’échanger avec lui. Un temps de partage a lieu autour des causes, des visions du monde, des parcours de vie. Cet espace repose avant tout sur les humains qui le composent et la confiance établie entre eux alors c’est en écoutant son cœur et ses tripes que Claire, en résonance par la tribu, décide en conscience de l'attribution des créneaux horaires. A l’issue de ces échanges tout le monde semble si joyeux et l’élan commun est tellement fort que Ken se sent en confiance d’animer un week-end le mois prochain, premier petit pas d’une aventure à co-écrire, et propose même un atelier d’initiation à la CNV, spécifiquement pour la tribu.
L’heure du déjeuner approche, telle une respiration, de nouveaux mouvements d’individus. Ce midi c’est le fameux share’n’care, une trentaine de personnes s’installe de manière organique au milieu de la pièce. Chaque personne aura son temps pour partager ses challenges passés et à venir, pour se sentir entendue et accueillie par les autres avant de pouvoir rendre la pareille. Véritable voyage émotionnel, quand certains transmettent une joie à toute épreuve, d'autres s’autorisent à vivre leur tristesse ou leur déception grâce à la grande bienveillance et sécurité présente dans cet espace. On se donne du love, on s’intéresse profondément à soi et aux autres, on s’offre un véritable moment de connexion pour renforcer notre sentiment d’appartenance à cette grande tribu ouverte qu’est celle des éco-workers. Duc est là, porteur de l’initiative il y a presque 10 ans, toujours aussi émerveillé par la magie de cet espace-temps, il est également heureux de voir comme aujourd’hui sa présence n’est plus indispensable à l’existence de l’événement.
Ce rituel hebdomadaire fait place à un autre rituel mensuel : l’abondance financière du lieu. Un tableau virtuel en libre accès recense les dons de chaque personne ayant loué l’espace, on prend le temps tous ensemble pour nommer ceux du mois écoulé et célébrer ensemble. Les personnes présentes ne sont pas forcément donatrices, ici c’est avant tout l’humain que l’on valorise. Les montants versés vont de 1€ à 3000€, sont payés par des sociétés comme des particuliers, en conscience. Parmi les expérimentations, il y a sur la porte d’entrée un QR code qui permet de verser de l’argent dans la cagnotte du lieu et certains freelance de passage se prêtent au jeu, ayant conscience que ce sont les petites rivières qui font les grands ruisseaux. Le projet a débuté grâce aux fonds levés pour le Pay It Forward Festival dont il a accueilli un atelier thématique par mois jusqu’au grand rassemblement du 25 novembre, un magnifique moment de célébration de l’entraide. Aujourd’hui le modèle tient la route et le foisonnement de créativité lui permet même de prospérer.
L'après-midi est plus animé que la matinée, le share’n’care rassemble les énergies et est générateur d’émulations. Chaque semaine un.e artiste ou artisan est mis en avant et dispose de son espace d’exposition. Cette semaine c’est Mai Lan qui vend sa nouvelle collection de carnets, comme elle est venue passer l’après-midi dans le lieu, les personnes intéressées peuvent venir échanger avec elle plutôt que de se contenter déposer l’argent dans la cagnotte à cet usage. De son côté, Mel a réservé l’espace chambre pour faire deux massages Thaï, elle y crée une bulle de calme et de sérénité pour offrir des temps ressources aux personnes en ressentant l’élan. En parallèle, plusieurs discussions ont lieu sur le grand canapé, on y parle d’otium, on y réinvente le monde du travail, les idées fusent, les visages sont souriants, les liens humains sont nourris. Un petit groupe se rassemble même devant un grand tableau fixé au mur pour réfléchir à la stratégie de lancement d’une offre qui est née ici même il y a quelques semaines. L’heure tourne et Adrien lance l’appel à l’apéro, c’est l’un de ses moments préférés de la semaine, où il troque les flux pour le fût. Le rideau est tiré pour que les personnes souhaitant travailler puissent continuer, les autres se rassemblant autour du bar. Bière et kombucha cohabitent, la seule intention c’est le plaisir d’être ensemble.
19h, il est temps pour une nouvelle transformation de l’espace, les ordinateurs se referment, les tables se replient, la porte commence à se rouvrir pour accueillir le passage. Ce soir c’est Stéphane qui anime un BUFF pour réunir en musique toutes les personnes ayant contribué au loyer de ce mois-ci. Chaque personne arrive avec son univers propre et contribue ainsi à la richesse du lieu, qui rassemble par les causes qu’il porte. Petit-à-petit les discussions laissent place à la musique live et les corps se mettent à danser. Dans le fond on reste toutes et tous des humains et il suffit d’un rythme accompagné de quelques notes mélodieuses pour redescendre dans le corps et s’en rappeler. Les visages sont détendus, les yeux rieurs, chaque personne est libre de prendre la place qui lui convient dans cet espace qui cultive la diversité et la puissance des individus.
Un peu avant les douze coups de minuit, la dernière danse de la journée se met en place : demain l’espace accueille de la facilitation, alors tout le monde soutient la mise en place du mobilier avant de reprendre la route. Petit à petit, le calme investit les lieux, Edgard le chat ressort de la chambre, déambule dans la grande salle sous le regard attendri de Claire et vient se blottir contre elle sur le canapé. Avant d’aller dormir dans la chambre attenante, elle repense à la journée écoulée, emplie d’émerveillement et de joie pour toutes les expériences que ce lieu permet de voir éclore et rayonner. Demain Isabelle a privatisé l’espace pour faciliter un atelier. Plusieurs facilitatrices se sont mobilisées pour soutenir le modèle financier et permettre en parallèle d’accueillir des initiatives à petits budgets. Le soir c’est Corinne qui va animer un atelier pour l’association POWA.
Fascination face à la richesse des propositions existantes, le foisonnement d’idées, les synergies humaines, la créativité sans bornes et la joie qui rayonnent ici de manière tellement contagieuse que chaque personne franchissant la porte à l’élan de contribuer au maintien et déploiement de ce Temple de permaculture urbaine et humaine. Et toi, ça t’inspire quoi ? Envie de faire partie de l'aventure ?