Virus Economicus
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Virus Economicus
La catastrophe sanitaire annoncée a bien eu lieue. L’Histoire nous dira si rétrospectivement les bons choix ont été faits. La catastrophe économique est en marche, et cette même Histoire ne nous renseigne que peu sur son dénouement possible.
Il est encore bien trop tôt pour tirer de vagues conclusions sur les conséquences de cette crise économique, si ce n’est de constater malheureusement l’ampleur des inconnues dans lesquelles nous naviguons. Se référer à l’histoire économique ou aux grandes théories du passé semble hors de propos, tant le caractère inédit de l’imbrication mondiale des économies et de la rupture brutale du modèle mondialiste libéral n’ont aucun équivalent. Comparer 1929 et 2020 n’a aucun sens, avec une crise financière née d’une surchauffe endogène d’un côté et une crise sanitaire qui crée une situation exogène au système financier et économique. Les phénomènes de bulle sont connus depuis des années (la crise des tulipes, 1929, 1987, 2003, 2008), et leurs accumulations, leurs accélérations au sein des cycles économiques suffisamment compris pour qu’il n’entraîne finalement que des phénomènes de panique limités dans le temps. Chacun sait intuitivement que l’explosion d’une bulle n’est qu’un phénomène de « saignée » du système, qui fait ses perdants, bien entendu, mais qui permet un assainissement et une dynamique haussière pour les survivants.
Dette virale
Un virus ne s’exprime parfaitement que sur un organisme affaibli. On le voit malheureusement s’exprimer le plus violemment sur les personnes à « co-morbidité », dont le corps est affaibli du fait d’une maladie pré-existante ou du mode de vie. Le virus économique profite du système affaibli par les bulles financière récurrentes (et fréquentes) qui ont créé une accumulation de dette monstrueuse, contribuant au décalage grandissant entre la réalité économique et celle de la finance. Les actions de quantitative easing des banques centrales planétaires n’ont comme objectif finalement que de remplacer ces dettes par de la liquidité, de fluidifier le « sang » au sein de l’organisme économique. Mais ce qui selon les théories économiques de toujours devrait créer de l’inflation par injection monétaire, en remplacant la traditionnelle planche à billet (monnaie fiduciaire) par du rachat d’actif risqué (monnaie scripturale), n’en créée pas. Nous sommes en stagnation inflationniste depuis 2008, et j’entends peu d’experts en apporter une explication convaincante. Ce flou sur les causes de la non-inflation arrange probablement les banques centrales qui n’ont pas à justifier leur action en regard des conséquences, et leur donne même des « marges de manoeuvres ». L’addition finale des mesures de soutien s’annonce particulièrement salée et va allonger le stock de dette, remplacé par un stock de liquidités massives à moyen terme. Cette dette virale est explosive. Elle a déjà contaminée tout le système, mais n’entraîne pas de réaction symptomatique. Jusqu’à présent.
Incubation inflationniste
Ce manque de symptômes inflationnistes est particulièrement inquiétant en ce moment. Il relève de plusieurs phénomènes qui s’annihilent. D’abord les prix de l’énergie, achevés par un exemple flagrant de stupidité dans la coordination des exportateurs, créent un siphon sur les calculs statistiques, alors même que la consommation s’est effondrée et donc n’a pas la même part que d’habitude dans le « panier » de la ménagère. D’autre part, les mesures de prix sont perturbées partout par la difficulté physique de leur relevés, et ajoutent à l’incertitude des chiffres. L’injection massive de liquidité tord également la fixation naturelle des loyers de l’argent, bien à court terme, mais on sent déjà une tendance à la remontée des taux dont personne ne voit la limite. Enfin, pour celui qui fait des courses, il y a un constat que la facture monte. La rupture des lignes d’approvisionnement internationales sont en grande partie responsables. Nous consommons essentiellement français, c’est bon pour nos paysans, mais à un coût correspondant. Si seulement nous avions une certitude que cette tendance soit positive pour le monde agricole et durable. La consommation nationale va peut être devenir une norme bienvenue dans ce nouveau monde, mais la mondialisation n’a pas dit son dernier mot et l’humain n’est pas connu pour sa mémoire…
Maslow décapité
Nous sommes face à une rupture d’offre dans tous les secteurs que constituent le haut de la pyramide de Maslow. Le tourisme, la culture, le bien être, la recherche de plaisirs en général, sont amputés physiquement. L’offre n’existe quasiment plus, vaguement compensée par des alternatives numériques qui n’ont ni la même saveur ni les mêmes bienfaits en terme d’échanges économiques. 10€/mois de netflix ne remplacent pas des sorties culturelles, ni pour le consommateur, ni pour le producteur. Les quelques films qui se sont résolus à une sortie sur les plateformes de diffusion numérique ont probablement compensé leurs coûts (espérons pour eux), mais je doute que la marge opérationnelle y ait gagnée. La question qui reste est le comportement des consommateurs à la reprise. Il y a une atmosphère paranoïaque généralisée qui n’augure pas d’une volonté exacerbée de reprendre la consommation là où elle s’est arrêtée. D’une part, le confinement a créé une sorte de rationalisation de l’acte de consommation, beaucoup ont découvert que l’on pouvait être heureux avec moins de « besoins ». D’autre part, les conditions de la reprise risquent d’être perturbées par les normes de sécurité. L’envie se retrouve confrontée à la défiance et au risque. Qui a envie de prendre un risque pour un diner ? Qui a envie de prévoir un voyage dans lequel le passage des frontières ou le fait de prendre l’avion devient tellement anxiogène ? Déjà ce n’était plus un moment particulièrement réjouissant depuis les mesures anti-terroristes, mais là on va finir avec un checkup complet à chaque embarquement. Il y a enfin les conséquences de la paupérisation, initiée et encore à venir, qui va détourner les acteurs économiques de ces secteurs. Maslow est limpide sur ce principe: il faut saturer la base pour avoir envie/possibilité d’aller saturer le haut de la pyramide.
Eco vide
Les partisans de la décroissance ce réjouissent, nous vivons un test grandeur nature d’un nouveau monde dont la dynamique capitaliste vient d’être sérieusement empêchée. Le problème est que le système économique est une dynamique reposant sur l’échange. Quand ce dernier ne se fait plus, la mécanique se grippe et les principes ricardiens de spécialisation industrielle du monde deviennent un grave défaut. Nous ne sommes plus une nation indépendante, avons investi massivement hors des frontières, constatons notre déchéance et les manques sur les industries numériques et de santé. On entend les discours positifs d’une réindustrialisation. On oublie les raisons intrinséques des délocalisations. Le défi sera d’autant plus grand que l’investissement et les réforme, dans un pays endettés et considérant que l’économie doit se plier aux revendications sociales, n’ont pas été possibles avant la crise et ne le seront pas plus après. L’ambiance mondiale est celle de l’aube d’un nouveau monde, écologique, local, décroissant, égoïste. Nous sommes en guerre à cause du virus, espérons que l’arrivée d’un vaccin en constitue l’armistice.