Sous le ciel étoilé
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Sous le ciel étoilé
Elle est là.
Je la retrouve, comme chaque soir, assise dans l’herbe humide, les bras autour de ses genoux, dos à moi.
Au-dessus d’elle, des milliers d’étoiles scintillent dans la nuit sans nuage et tranquille ; tandis qu’en dessous, ce sont les flots tumultueux et sombres qui font rage.
Entre ces deux mondes opposés, au bord de la falaise de craie, elle regarde droit devant, sans me prêter attention. Ses pensées dérivent dans le vide immense face à elle.
Je me demande ce qu’elle pense mais je sais pertinemment qu’elle souffre et qu’elle a peur. Un concentré de désespoir rayonne autour d’elle et m’atteint, moi qui suis pourtant en retrait.
Je l’observe, retenant mon souffle, ne sachant que faire – comme à chaque fois.
Ses longs cheveux d’ébène virevoltent dans le vent parfumé d’embruns.
J’aimerais lui dire qu’elle est belle.
Nous restons là, ensemble sans vraiment l’être, plusieurs heures et immobiles.
Mille fois, je me retiens d’approcher, de la prendre dans mes bras, de lui dire que je suis là pour elle. Je n’ose en effet interférer dans ses réflexions et ses choix, même s’ils auront forcément une incidence sur moi. Et puis je crains tant de casser le fragile équilibre qui la retient de plonger.
Comme un individu et son reflet, séparées mais connectées, je lui envoie toutefois dans un souffle discret tout l’apaisement et la tendresse qui m’habitent.
Je patiente. Je garde espoir.
Et je prie – ce soir, comme chaque soir – sous les étoiles, qu’elle se décide à jeter toute sa tristesse à la mer, qu’elle n’ait plus besoin de venir ici et, qu’enfin, nous ne redevenions qu’une.
Texte : Estelle Lahoussine-Trévoux
Image : Pexels