Deux vieux chiens...
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Deux vieux chiens...
En Automne
Personne ne s'étonne
Si les rayons bleu azur du soleil
Egayent nos contrées monotones,
Nos forêts, nos monts, notre ciel
Quelque part dans l’univers…
Lucien ne trouvait plus sa cravate. Il héla son épouse ; elle était ailleurs. Peine perdue, l'animal se glissa dans son fauteuil, un cuir de grande classe. Lucien trouvait cette matière pure et si agréable qu'il aimait y sommeiller durant des heures, tranquille, en se prélassant devant son poste de télévision. Driiing !!! L'explosion sonore de son téléphone lui avait mis les nerfs en fleur. Albert, son ami de longue date, venait juste de l'appeler, lui proposant de monter sur la colline. Une invitation pour admirer la nuit et la venue tardive de l’Automne – spectacle que ce vieux chien tartare était désireux de partager, simple plaisir d' inhaler l'atmosphère et d'observer le festival de couleurs. Mais Lucien, si peu poète, se moquait pas mal du temps. Le sien étant compté !
Le sachant, il s’appliquait surtout à ne pas le perdre en de futiles rêveries...
Lucien se souvenait encore trop bien d'une invitation identique : dix ans auparavant, il avait cédé aux désirs d'Albert, et cela avait signé le début de ses ennuis. Les piqûres du son de son téléphone l'avaient ulcéré. Ce chow-chow fou désirait absolument le convier dans sa maison, au demeurant charmante. Pourquoi ? Pour que ces anciennes culottes courtes, en vieilles connaissances, puissent souffrir d'émotion, à cet âge l’arthrose s’éveil, et cela ensemble, face à l'inépuisable et renouvelée merveille de la permutation des saisons.
Ces tableaux gracieux, offert par la nature, se reproduisaient tous les ans, sans discernement. Et ces joies de l'observation, ils les cultivaient tous deux, allongés sur une terrasse, sirotant un liquide de choix, sans voix, les yeux écarquillés, grands ouverts et se laissant porter par les évènements. Deux simples spectateurs !
Lucien avait souffert, toute la nuit.
Cette nuit de contemplation où ils étaient restés en éveil, l’un admirant la ligne bleue du ciel, l’autre la jeune sœur d'Albert...
Ce matin-là, l'ennuie accompagnait le bouledogue français et comme toujours, les Blacks Unions menaient au score. Lucien regardait l’écran, il ne comprenait rien au pittcherball et de toute façon strictement rien au sport.
Jamais, il ne se serait attardé sur toutes ces règles complexes. L'intérêt suscité par ce jeu était justement de ne rien y comprendre. Ainsi un flot continuel d'images déferlait sur lui, tendrement. Elles s'agrippaient à ses neurones, l'empêchant à tout moment de penser...