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A la Moldue - Chapitre 24 : Le Prince et le crapaud

A la Moldue - Chapitre 24 : Le Prince et le crapaud

Pubblicato 5 dic 2020 Aggiornato 5 dic 2020 Cultura
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A la Moldue - Chapitre 24 : Le Prince et le crapaud

« Qu'est-ce que c'est que ce nom ridicule… ? fronça des sourcils Jane. Si vous faites référence à sa cohorte de SS en culotte courte, je pense que tout le monde est au courant, Severus. »

Le susnommé soupira d'agacement, et vida d'une traite son verre, avant de le reposer sur le guéridon.

« Je ne parle pas de la Gardeinquisitoriale. Je parle de la nouvelle et merveilleuse idée de votre ancien patient.

— De mon…

— Potter ! Par Merlin, Smith, vous êtes complètement à la dérive. Rassemblez les trois neurones qui font office de cortex, et réfléchissez pour une fois !

— Avec tout mon respect, Severus, allez vous faire foutre. Je vous signale que j'étais sur le point de me coucher quand vous êtes venu taper la causette. Qu'est-ce que vous me chantez, au juste ?

— C'est fascinant cette faculté qu'a votre esprit à être fondamentalement incapable de réfléchir, mais à pouvoir vous permettre de m'insulter, peu importe l'heure…

— Sommes-nous ici pour débattre sur mes capacités cérébrales ? ronchonna la jeune femme agacée.

— Non, je suis pressé.

— Vous pouvez dégager si vous voulez… menaça Jane, piquée au vif.

— Gamine susceptible. Potter et ses amis ont eu la merveilleuse idée de former une bande d'attardés, présidée par ce même Potter, qui s'invente Professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Pouffa le Maître des Potions avec plaisir.

— La vache ! Vous êtes incompréhensible passé dix heures du soir. De quoi parlez-vous ?

— Potter. Ses copains Gryffondors. Dans la Salle sur Demande. Cours de DCFM. Armée d'Ombrage. Vous y êtes, ou je vous fais un dessin… ? »

Jane allait proprement l'envoyer se faire voir chez les gnomes quand elle comprit enfin de quoi il parlait. Enfin, elle semblait comprendre.

« Mais pourquoi ils ont fait ça ?

— Allez savoir ! Par défi ? Pour ne pas se planter à leurs BUSES… ? Pour gonfler plus encore – si cela était possible – l'orgueil démesuré du garçon… ? L'important n'est pas là. Ces imbéciles ont fait typiquement ce qu'Ombrage a interdit de faire. Mais, et c'est là notre chance, il semblerait que le choix du nom de leur petit groupe de rébellion puisse être la solution à nos problèmes.

— C'est… Attendez, si c'est bien ce que je pense, c'est stupide. Personne n'avalerait une telle sottise.

— Ce n'est pas stupide Smith ! Si c'était votre idée, là, cela serait ridicule. Parce que vous seriez fondamentalement incapable d'en tirer le moindre profit. Mais, entre mes mains… C'est brillant. »

Jane écarquilla les yeux de surprise. Severus n'était généralement pas enclin à l'autocongratulation. Si Snape se flattait, c'est qu'il avait un plan, et pas des moindres. Elle se leva pour les resservir, et l'invita à poursuivre.

« Et que compte faire le « Maître Machiavel » de cette information, au juste ?

— J'aime lorsque votre curiosité vous pousse à me flatter, susurra Snape en souriant de satisfaction.

— Comme si un sorcier savait de quoi je parlais…

— Nicolas Machiavel, soupira Snape agacé. J'ai lu ses ouvrages, Smith. Plus particulièrement son « Prince ». Cela dit en passant, cet essai devrait être sur toutes les tables de chevet d'un Serpentard qui se respecte, s’ils n’étaient pas aussi fermés à tout ce qui est d’origine Moldue. Ainsi donc, je vous fais penser à lui… ?

— Severus, on se reprend et on crache le morceau !

— Non. Flattez-moi encore, jeune fille, je veux savoir.

— Et moi, je voudrais que vous ne m’appeliez plus « jeune fille » et connaître la raison de votre visite tardive.

— Vous la connaissez déjà. Parlez-moi de Machiavel.

— Bonne nuit Severus ! »

Jane se leva, attendant à ce que son vis-à-vis en fasse de même. Mais ni lui ni le chat ne semblèrent prêts à bouger. Elle jeta un regard suppliant en direction de son animal, comme pour l'inciter à lui donner raison en quittant les genoux de l'homme, mais le félin bâilla, et s'étira plus encore.

« Sale traître, marmonna Jane.

— Moi ?

— Merlin.

— Oh, non, il sait que j'ai raison, j'ai tout son soutien.

— Vous ne doutez décidément de rien. Votre idée doit être réellement imparable pour que vous soyez dans d'aussi bonnes dispositions.

— Ce ne sont pas ces flatteries-là que j'attends. Machiavel, allons !

— Oh, bon sang. Ok. Vous ne me faites pas penser à Machiavel, voilà. Plutôt à son « Prince » comme vous dites.

— Le « Prince », hein… ? Amusant… murmura Severus, pensif.

— Oui. Vous savez quels leviers utiliser pour arriver à vos fins. Jongler entre le sadisme et la bonté… Être charismatique pour obtenir ce que vous désirez. Être beau et laid aux yeux de votre public pour qu'il vous suive… Que voulez-vous que je vous dise à la fin, Snape ?!

— Beau, charismatique… J'espère que vous n'avez jamais dit de telles choses à Albus ou bien nous n'aurons plus jamais la paix. »

Jane leva les yeux aux ciels, et gémit. Elle attrapa la boîte en fer qui était sur le manteau de la cheminée, son briquet, et tira une cigarette roulée de l'étui, avant de l'allumer et de fumer devant l'âtre.

« Vous n'aviez pas arrêté ?

— Avec votre capacité à me stresser, j'aimerais bien voir ça !

— Je vous stresse, Jane ? Ma beauté et mon charisme vous perturbent tant que ça ? se moqua l'espion.

— Vous passez trop de temps avec Dumbledore, il commence sérieusement à déteindre sur vous. Est-ce que vous allez arrêter et me dire ce que vous avez en tête, à la fin ?

— Un plan… « Machiavélique » ?

Severus ! Je vous jure que si vous me cherchez encore, demain, j'irai voir Albus pour lui dire que je suis désespérée, et que je n'arrive plus à comprendre les signaux contraires que vous m'envoyez. Et soyez certain d'une chose, il comprendra exactement ce que vous ne voulez surtout pas qu'il s'imagine ! »

Sous la menace, l'espion perdit le peu de couleurs qui lui restait. Il fronça les sourcils, et siffla menaçant.

« Vous n'oseriez pas… Il fera de votre vie un enfer, et moi, plus encore…

— Vous voulez parier ?

— Ce n'était pas la raison de ma présence ici ! Concentrez-vous Jane, j'ai quelque chose d'important à vous dire, alors ne m'interrompez plus, déclara Severus avec une mauvaise foi incroyable.

— Oui, mon « Petit Prince » … se moqua-t-elle.

— L'Armée d'Ombrage, comme son nom l'indique, pourrait, si cela est bien amené, lui être imputée, poursuivit-il comme s’il ne l’avait pas entendue. Évidemment, si l'on toque à la porte de Fudge en lui disant qu'Ombrage l'a trahi, il n'en croira rien…

— Mais vous savez comment contourner ce problème, n'est-ce pas ?

— Naturellement. Il y a chez les Serpentards, une soif de pouvoir et d’élévations fortes utiles. Et il y a chez Potter une croyance incroyable en sa capacité à berner les adultes.

— Hmm… Admettons que je ne me trompe pas en pensant à Draco Malefoy, je ne vois quand même pas où vous voulez en venir.

— Vous voyez, quand vous voulez, vous pouvez être relativement intelligente. J'ai appris récemment que Draco avait été introduit dans la Haute. Pour autant, Lucius tient fermement les rênes de son influence. Le garçon a besoin de faire ses preuves, et il a besoin de s'émanciper.

— Vos problèmes de bourgeois me passent au-dessus, vous savez.

— Comme beaucoup de choses, Miss. Le garçon et le père sont en compétition désormais.

— Super, et quel rapport avec l'Armée d'Ombrage ?

— Tout. Que veut Draco Malefoy ?

— Nous faire croire que sa permanente est naturelle… ? proposa au hasard la Moldue avec lassitude.

— Réfléchissez comme une Serpentarde. Imaginez qu'on parle de moi, vous savez fort bien faire

— Je ne pense pas toujours à vous, figurez-vous ! » Se défendit la jeune femme stupidement.

Cette réflexion arracha un bruit de surprise à l'homme qui observa goguenard la demoiselle.

« Je ne crois pas l'avoir sous-entendu, Miss…

— Taisez-vous. Je réfléchis. Bon… Draco étend son influence à Poudlard. Il sait que ses camarades seront ses prochains alliés une fois adultes. Il comprend parfaitement dans quel sens tourne le vent, puisqu'il s'est empressé d'intégrer les brigades… Oh !

— Eh oui… Je vais me servir de la curiosité maladive des Gryffondors, et des travers des Serpentards…

— À condition qu'ils fassent ce que vous avez prévu. Vous ne les contrôlez pas, Severus.

— Un vrai stratège le sait. Et c'est pour cette raison qu'il a tant à cœur de connaître les pions qu'il a entre ses mains. S'il sait comment les pièces bougent, il peut les disposer, et laisser la partie se dérouler.

— En combien de temps pensez-vous pouvoir faire « Mat » ?

— Tout dépendra de Draco, et de sa rapidité d'exécution.

— Vous oubliez Potter, il faut encore qu'il arrive à savoir quoi faire.

— Oh, il saura. Ne vous en faites pas. »

Sur ces paroles sibyllines, l'homme déplaça Merlin sur le canapé, et se leva. Alors que Jane le raccompagnait à la porte, Snape s'arrêta dans l'embrasure, le visage proche de la Moldue :

« Une dernière chose : je ne suis pas votre Prince, Jane. Je suis le Prince. »

Lui interdisant de la voir rougir, elle lui claqua la porte au nez.

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

Draco avait les yeux brûlants de fatigue, ses traits, habituellement fins et délicats, étaient tirés. Son teint de porcelaine, virait au verdâtre cadavérique. S'il se teignait les cheveux en noir, l'on aurait pu le prendre pour le fils caché d'un certain Maître des Potions. Voilà ce qui arrive lorsque le sommeil quitte un esprit trop inquiet par l'avenir. Depuis la rentrée, le garçon dormait de moins en moins, tournant, et retournant dans sa tête ses griefs. Il avait promis au Ministre de la Magie d'obtenir la preuve que Jane Smith continuait d'enseigner, contournant son renvoi. Au lieu de cela, il semblait que la femme avait décidé de lui pourrir la vie jusqu'au bout : elle avait tout simplement arrêté ses petites réunions. Ses projets d'espionnage tombaient à l'eau, et avec eux, ses espérances de démontrer à cet imbécile de Fudge que Lucius Malefoy n'était pas le seul sur qui il fallait compter.

Le blond pesta. Assis sur son lit à baldaquin, encore en pyjama de soie sauvage, il sentait l'abattement l'étreindre. C'était le moment ou jamais ! Lord Voldemort se préparait, son père était dans une position délicate vis-à-vis du Mage Noir, Poudlard était son territoire à lui… C'était le moment ou jamais ! Il se leva, se dirigeant vers la salle de bains des Préfets, et y prit un bain moussant dans lequel il médita. Si seulement il arrivait à dénicher une information utile. Quelque chose. N'importe quoi !

Oh, le garçon avait bien tenté de provoquer Potter, en particulier dans la salle de cours de Défense Contre les Forces du Mal. Mais, le Gryffondor mettait un véritable point d'honneur à ne plus parler de Voldemort, à ne plus critiquer les cours, et pis ! Il affichait un calme qui agaçait au plus haut point l'héritier. Si même Potter se mettait à rentrer dans les clous… Suivre le Trio d'Or ne l'avait pas plus avancé. Il n'était pas rare que les trois jeunes gens discutent avec un air de conspirateurs, mais Draco n'avait rien pu en tirer. Toujours les mêmes histoires de cours insipides, les mêmes conversations inutiles sur le sport… Rien d'intéressant. Ah, si. Draco avait cru comprendre qu'Harry était contraint de fêter la Saint-Valentin avec Xan, San… Tchang ? Qu'importe. Les pathétiques histoires de cœur du Survivant ne lui étaient d'aucune utilité. Si seulement Potter avait pu s'enticher de quelqu'un d'intéressant. Quelqu'un dont il aurait pu se moquer. Granger par exemple ! Là, au moins, Malefoy aurait pu occuper ses journées.

Un sourire mauvais s'étira sur les lèvres roses du blond. De la buée s'était formée sur le carrelage de la salle de bain, et l'eau commençait à être tiède. Il allait être en retard pour son cours de Soins aux Créatures Magiques. Fallait-il qu'en plus il souffre cette classe avec ce gros balourd ?

Mais cela ne durerait pas ! Après Smith, Ombrage s'était attaquée à Hagrid, et à l'autre folle de Trelawney. Si la binoclarde qui se calfeutrait dans sa tour n'intéressait nullement Draco, le demi-géant, lui, avait toute son attention. La dernière leçon, au cours de laquelle Ombrage avait fait une inspection, s'était très mal déroulée. Hagrid avait non seulement perdu ses moyens, mais avec les informations que Draco avait données au journaliste véreux de la Gazette, il y avait fort à parier que le bûcheron allait vite retourner à sa cabane et ses occupations dans la Forêt Interdite.

Cette idée remonta quelque peu le moral vacillant du Serpentard, qui quitta l'atmosphère étouffante de la salle de bain, pour aller s'habiller et rejoindre la Grande Salle.

Un autre élève de Poudlard n'avait pas dormi cette nuit. En effet, le pas traînant, et l'œil hagard, Harry Potter tentait vainement de suivre les conversations de ses amis à table. Il avait beau lire scrupuleusement tous les ouvrages recommandés par Hermione, tenter de se vider l'esprit chaque soir, endurer deux leçons d'Occlumancie par semaine Harry ne parvenait pas à empêcher ses rêves d'être troublés. Plus précisément : c'était un rêve récurrent qui le hantait.

Chaque nuit, il revoyait le même couloir. Noir, comme taillé dans un matériau magique et luisant de mystères. Inlassablement, il entrait dans son rêve avec l'impression d'être attiré dans les profondeurs de la terre. Puis, un bruit métallique et plaintif résonnait dans le couloir plongé dans les ténèbres. Il voyait nettement une lueur au bout vaciller, avec le reflet de ce qui lui semblait être une poignée en argent. Mais jamais, jamais, il n'arrivait à avancer d'un pas. Ses pieds restaient désespérément collés au sol, refusant de lui obéir, et Harry se réveillait avec un impressionnant sentiment de frustration, mêlé d'une curiosité de plus en plus affûtée. Il grogna en fixant d'un regard haineux le pichet de jus de citrouille, ce qui alerta Hermione immédiatement :

« Encore ce rêve, n'est-ce pas ?

— Je n'arrive pas à en avoir d'autres. Je sais que c'est mal, mais je crois que c'est important la suite.

— Tu ne dois pas connaître la suite, Harry. On en a déjà parlé, tu sais qu'il y a des chances pour que…

— Oui. C'est probablement à cause de Lui. Je sais, 'Mione. Je n'y peux rien.

— Tu en as parlé à Snape ou à Sniffle ?

— Non. Ils ne vont rien pouvoir y faire, je pense. Je dois fermer mon esprit, mais…

— Mais tu veux savoir. Tu veux toujours tout savoir Harry ! Parfois, on ne doit tout simplement pas. Parfois, ça peut être dangereux, lui redit pour la énième fois la jeune fille avec sagesse.

— Et c'est toi qui dis ça… Sans déconner Hermione, t'es vraiment mal placée pour me faire des leçons sur la soif de connaissance !

Au contraire. Et tu sais que j'ai raison.

— Ouais… Ouais, sûrement. On va être en retard, et Hagrid n'a pas besoin de ça. Changea de sujet le brun.

— Franch'ment, j'pense qu'il est trop tard, intervint Ron d'un air grave. C'vrai, Ombrage a décidé de se le faire, rien ne pourra l'arrêter.

— Dumbledore le pourrait, s'il le voulait, maugréa Harry.

— Détrompe-toi. Il est aussi coincé que nous tous avec elle. Il n'a plus la faveur du grand public, tout le monde vous prend pour des fous, et ce, malgré ce qu'il se passe actuellement. J'aurais cru que l'attaque d'Azkaban aurait pu être une aubaine pour que les gens comprennent, mais…

— Même si Harry se mettait debout sur une estrade et racontait tout, personne ne le croirait, Hermione ! coupa Ron en secouant la tête. Le monde est fou, voilà tout.

— Je me mettrais à poil au milieu de la Grande Salle qu'on penserait encore que je fais une crise. Ron a raison, tu espères trop de l'opinion. Elle est bien trop influencée par la Gazette pour être capable d'un au point de vue.

— UN AUTRE POINT DE VUE ! Mais, oui ! C'est ça Harry ! C'est exactement ce qu'il nous faut ! s'exclama Hermione en se relevant si vite qu'elle bouscula son bol de porridge, éclaboussant la table. J'dois absolument trouver Luna ! »

Sans même que ses amis ne comprennent, la jeune fille s'en fut en direction d'un jardin d'intérieur assez peu connu des autres élèves. Poudlard était un immense château qui recelait de nombreuses surprises. Outre les tours diverses, les cachots, les portes coulissantes, les tapisseries enchantées, et les nombreux couloirs inutiles qui ne menaient nulle part, une des choses qu'Hermione aimait le plus dans cet endroit, était les divers jardins d'intérieur que l'on pouvait trouver. Elle en connaissait trois. Un qui se trouvait près de la tour d'astronomie, pratiquement suspendu dans les airs, un autre qui ressemblait à une serre botanique – pas très loin des quartiers des Poufsouffles d'ailleurs, et enfin, le dernier : celui où Luna venait fréquemment se réfugier, à proximité de la tour de Serdaigle. Il n'était pas rare d'y voir également le fantôme de leur maison. Mais la Dame Grise était une femme froide de mauvaise compagnie, qui disparaissait chaque fois qu'un élève approchait. Ou du moins, un élève qui n'était pas de sa maison.

Arrivant essoufflée, au point tel qu'elle dû s'accrocher à l'une des colonnes qui formaient le péristyle, Hermione entendit une conversation se dérouler à voix basse. Une d'entre elles était claire, rêveuse, presque chantante, tandis que l'autre était monocorde, désincarnée. La Gryffondor hésita un instant à épier les deux protagonistes, curieuse de savoir ce que le fantôme pouvait bien raconter, mais elle changea d'avis, et s'annonça distinctement. Sans surprise, alors qu'elle entra dans le jardin baigné d'un soleil magique, la Dame Grise inclina la tête pour la saluer, et s'effaça au travers d'un mur. Luna sourit à Hermione, et lui fit signe de la rejoindre sur l'un des bancs en pierre.

« Ce n'est pas contre toi, elle est simplement timide, lui dit la Serdaigle en répondant aux interrogations muettes de son aînée. Qu'est-ce que tu voulais ?

— Luna… Je ne viens pas forcément pour quelque chose, tu sais…

— Nous ne sommes pas amies, Hermione. Tu ne me parles jamais en dehors de l'AO. Et comme la prochaine réunion est fixée, tu es venue me demander quelque chose, expliqua d'un ton égal la blonde en s'amusant à faire chevaucher les orteils de ses deux pieds, qui étaient une nouvelle fois nus.

— Bien sûr que nous sommes amies, je… bredouilla Hermione sans parvenir à trouver une suite, ce qui la décida d'aller droit au but. Ton père accepterait-il de faire une interview d'Harry ?

Potter ? Oui, tu veux qu'il parle de Voldemort, c'est ça ? comprit Luna en désarçonnant sa collègue.

— Comment est-ce que tu as pu deviner ?

— C'est logique, non ? La Gazette ment, et Harry veut dire la vérité. Alors il lui faut trouver un journal de confiance. Et comme vous n'en connaissez pas d'autres, vous espérez que le Chicaneur sera votre canard.

— C'est que… Enfin, c'est important, quoi… Si tu ne veux pas…

— Je n'ai jamais dit que c'était non. Le Chicaneur a toujours dit la vérité. Harry a donc toute sa place au journal. Tu voulais autre chose ?

— Heu, non… Heu… C'est tout ? Je veux dire, tu vas demander à ton père ?

— Oui, oui. Tu peux aller en cours Hermione, je te dirai quand vous pourrez faire cette interview. Au fait, pense à prévenir Harry. Tu n'as pas besoin de relancer la conversation, je la terminerai toute seule. » Conclut Luna en croisant les jambes sur le banc.

Hermione se releva maladroitement, se sentant mal de passer pour une fille intéressée. Mais son retard de dix minutes au cours de Hagrid lui permit de ne pas à avoir à culpabiliser davantage. Elle bredouilla un « au revoir » maladroit, et partit en courant presque en direction de la cabane. En chemin, elle bouscula une Jane Smith qui s'excusa par habitude :

« Pardonnez-moi, Miss Granger…

— C'est moi, Professeur. Désolée, mais je suis en retard !

— Oui, oui… Oh, Miss Granger ? Vous savez si Miss Lovegood a cours à cette heure-ci ? Il faudrait que je lui parle.

— Elle est au jardin, bonne journée Professeur ! »

Et Hermione s'en fut comme une furie, ses cheveux broussailleux fouettant l'air dans tous les sens. Jane, perdue, s'apprêta à tourner les talons pour aller en direction du parc de Poudlard, seul endroit où elle pensait trouver des jardins, quand une voix chantante l'en interdit :

« Je suis là, Professeur. Elle parle de ce jardin-ci ! »

La Moldue se dirigea vers la voix, et fut surprise de découvrir que la fillette disait vrai. Dans une cour intérieure se dressait un magnifique jardin entouré de colonnes. Au centre, une petite fontaine d'eau claire ruisselait, et un magnifique chêne centenaire s'élevait en de nombreuses branches noueuses. Ce qui fascina le plus Jane, n'était pas tant la beauté des lieux, que la lumière.

« C'est la même magie que pour le plafond de la Grande Salle, expliqua Luna. Même moi qui suis habituée, cela me plaît toujours autant.

— Oh. Heu… Je m'en doutais à vrai dire, Miss, répliqua Jane dans une vaine tentative de sauver les apparences.

— Vous commencez à vous plaire chez nous, alors ? » Demanda Luna avec innocence, ce qui arracha une exclamation étouffée à la Moldue.

Jane dut s'asseoir sur le banc aux côtés de son ancienne élève, et fixa un long moment en silence la fontaine. Que pouvait-elle répondre, de toute façon ?

« Vous n'avez rien à craindre dans ces jardins, Professeur. Ici, les secrets sont bien gardés.

— Je ne suis plus votre Professeur, répondit machinalement Jane.

— La baguette ne fait pas le sorcier. Le titre ne fait pas l'enseignant, haussa des épaules l'élève. Vous vouliez me voir pour quelle raison ? Si c'est à propos des Vitravera, je n'ai rien dit, vous savez…

— Je sais, Luna. Je vous fais entièrement confiance, soupira Jane résignée… En revanche, j'ai dû mettre au courant le Professeur Dumbledore.

— Il ne le savait pas déjà ? Ce n'est pas pour ça que vous avez été nommée au poste de Professeur d'étude des Moldus ?

— Si, éclata de rire la jeune femme. Je parlais de votre découverte ! Le secret est important… Surtout par les temps qui courent…

— C'est à cause d'eux que vous me cherchez ? Des temps qui courent, Professeur ?

— Ah ! Luna… J'avais oublié votre façon de parler. Oui, en effet. Je voulais savoir si votre père recherchait des rédacteurs. »

La Serdaigle leva son nez retroussé en direction de la brune, et pouffa. Ce bruit se répercuta dans tout le jardin, et il semblait à Jane que la fontaine riait également. Lorsque Luna s'arrêta, ce fut pour poser une question avec un air incroyablement grave :

« Savez-vous faire des interviews scandaleuses, Professeur ? »

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

« Le Chicaneur

Édition spéciale du 13 février 2016,

HARRY POTTER PARLE, LA VÉRITÉ SORT DE LA BOUCHE DES FOUS

Harry Potter, le Garçon-qui-a-survécu, celui qu'on n'a plus besoin de présenter, a décidé de sortir de son mutisme pour accorder une interview exclusive au Chicaneur. À cette occasion, la Rédaction a décidé de mettre sur le coup leur meilleure journaliste, Loïs Lane. Afin d'éloigner tout doute dans l'esprit de nos lecteurs, Monsieur Potter a fait signer au Chicaneur un contrat magique nous obligeant à ne pas changer le moindre mot. Si, comme nous, vous avez à cœur de connaître la vérité sur Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, sur Dumbledore, sur Harry Potter, sur la mort de Cédric Diggory, ou encore sur Dolorès Ombrage, nous vous invitons à vous assoir, et à bien lire ce qui suit :

« LL : Avant de commencer, Monsieur Potter, je voudrais que vous expliquiez les raisons de votre prise de parole. Il est important de rappeler à nos lecteurs que c'est vous qui avez contacté notre Rédaction pour nous proposer cet entretien exclusif.

HP : Tout à fait, Loïs. Jusqu'ici, j'ai préféré garder le silence lorsque j'ai compris que personne ne me croyait, ou ne croyait Dumbledore au sujet de ce qui s'est passé l'année dernière. Mais, les récents événements m'ont fait changer d'avis. Il est important que les sorciers se préparent, et qu'ils sachent la vérité pour se préparer. Et je dois bien ça à Cédric. Ce qui lui est arrivé n'est pas un accident, et mentir ne rend certainement pas justice à sa mémoire !

LL : Vous faites référence à la troisième tâche du tournoi des Trois Sorciers qui s'est finie par une mort l'année dernière, n'est-ce pas ?

HP : Pas une mort, non. Un meurtre. Mais je veux reprendre depuis le début, pour que les gens comprennent bien. Voldemort n'est jamais mort. Je ne l'ai jamais vaincu. Les gens croient les mensonges que leur raconte le Ministère. Parce que le Ministère veut éviter tout mouvement de panique. Pour comprendre toute cette histoire, il faut remonter au jour de la mort de mes parents. Le jour où je me suis retrouvé avec une cicatrice.

LL : N'est-ce pas Voldemort qui vous l'a fait ?

HP : Si. Il a tué mes parents, puis, il a essayé de me tuer moi. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas. Il n'y a aucune raison à un meurtre. Jamais. Ce qu'il s'est passé, c'est que le sortilège a rebondi sur lui, et l'a détruit temporairement. J'ai appris, l'année dernière, de la bouche même de Voldemort que c'était le sacrifice de ma mère qui m'avait protégé. Il a appelé ça « de l'ancienne magie ». Quoi qu'il en soit, ce soir-là, il a perdu son corps. Mais il n'est pas mort. Dumbledore avait peur de cela, et ma première année à Poudlard l'a confirmé.

LL : Parlez-vous de la disparition du Professeur Quirrell ? L'ancien enseignant des Défenses Contre les Forces du Mal ?

HP : Pas de sa disparition, de sa mort. Voldemort avait pris possession de son corps, et a tenté, à travers lui, d'obtenir la Pierre Philosophale qui était cachée à Poudlard. Par un énorme coup de chance, j'ai pu l'en empêcher. Et par une chance plus encore insolente – diront certains, j'ai pu en réchapper. Voldemort n'a pas pu se fabriquer d'élixir, et il a à nouveau disparu, en laissant le corps mort de son hôte. Mais c'était bel et bien la preuve que jamais il n'avait été totalement détruit.

LL : Excusez-moi, Monsieur Potter, mais… Pourquoi Dumbledore n'a pas expliqué tout ceci aux parents d'élèves ?

HP : Qui l'aurait cru, hein ? Maintenant que l'Autre est en vie, et en pleine possession de ses moyens, maintenant que nous accumulons les preuves, tout le monde tourne le dos à la vérité. Alors il y a cinq ans… Mais passons. L'année dernière, je sentais qu'il reprenait des forces. Ma cicatrice, celle laissée par le sort, n'arrêtait pas de me brûler. J'avais découvert, en première année, qu'elle me faisait souffrir à chaque fois que Voldemort était en activité. En quatrième année, je peux vous dire que les migraines quotidiennes n'ont fait qu'attiser ma paranoïa. Ça a été pire lorsque mon nom est sorti de la coupe de feu.

LL : Précisons aux lecteurs qu'à l'époque, vous n'aviez pas l'âge de participer au tournoi, que Dumbledore avait tracé lui-même la ligne qui empêchait toute fraude, et que malgré ces précautions, vous avez participé à ça.

HP : Ouais, personne n'a cru en mon innocence, en dehors évidemment, du Professeur Dumbledore et de mes proches. Ça nous a d'ailleurs beaucoup inquiétés. Il y avait des morts au Tournois ! C'était même pour cela qu'il n'y avait plus eu d'édition. Alors, forcément, quand j'ai vu qu'on m'avait tout de même inscrit, je compris que quelqu'un en voulait à ma vie. Et j'ai fini par savoir précisément qui… Encore une fois, Voldemort était derrière tout ça. L'un de ses Mangemorts avait pris l'apparence de Maugrey Fol'œil. Et c'est ce faux Maugrey qui a mis mon nom dans la Coupe, et qui a tout fait pour que j'arrive à la dernière tâche. C'était un piège. Le trophée que l'on devait récupérer était un Portoloin.

LL : Comment expliquez-vous la mort de Cédric, alors ?

HP : C'est de ma faute. Nous sommes arrivés face au trophée ensemble. Et Cédric voulait que je le garde parce qu'il estimait que j'étais meilleur que lui. Et inversement. Au cours de l'année, on s'était entraidé pour nos tâches. Alors… J'ai décidé qu'on le prendrait à deux, ensemble… Et nous avons transplané ensemble dans un cimetière.

LL : Voldemort vous y attendait ?

HP : Plus ou moins… Il avait réussi à reconstituer un semblant de corps, mais il était trop faible. Il y avait également un autre Mangemort. Quelqu'un que tout le monde pense mort, et innocent… Quelqu'un que je croyais, moi aussi, innocent.

LL : De qui parlez-vous, Monsieur Potter ?

HP : De Peter Pettigrow. Celui qui est censé être mort des mains de Sirius Black… Contrairement à ce que tout le monde croit, il est vivant. Dans un sale état, mais vivant. À peine étions-nous arrivés avec Cédric que j'ai été attaché à une tombe. Voldemort a ordonné à Pettigrow de le tuer. Et j'ai vu l'Avada Kedavra le foudroyer.

LL : Êtes-vous bien certain qu'il s'agissait de Pettigrow, Monsieur Potter ?

HP : Absolument. J'ai déjà vu des photographies de lui dans mes livres de famille. Mais je ne peux absolument pas le prouver. Il faudrait que ce lâche se montre pour qu'il y ait des témoins. Quoi qu'il en soit, après cela, ce traitre a fait un rituel de magie noire, qui a permis la résurrection totale de Voldemort.

LL : Pourquoi parlez-vous de traitre ? Est-ce parce que Pettigrow aurait fini par rejoindre les rangs de Voldemort ?

HP : Il n'a pas fini, Loïs. Ce soir-là, Voldemort a rassemblé tous les Mangemorts qui sont encore vivants et libres. Et il a raconté en détail cette fameuse nuit d'Halloween. En plus d'apprendre la raison pour laquelle je suis encore en vie, il a dévoilé le fait que Pettigrow était le véritable Gardien du Secret de mes parents. Que c'était Black qui avait décidé de changer cela à la dernière minute pour brouiller les pistes. Histoire de tromper Voldemort. Seulement, Black ignorait que Peter était déjà Mangemort…

LL : Donc, selon vous, Black serait innocent, et Pettigrow serait le véritable coupable et serait encore en vie ?

HP : Oui. Mais, encore une fois, je ne peux le prouver. Je ne fais que rapporter la vérité. En revanche, je peux vous garantir que malgré sa liberté, Black n'était pas avec les autres Mangemorts ce soir-là… Pettigrow, si. Bref… Après avoir expliqué tout ceci, Voldemort a voulu me tuer, au cours d'un duel. Et là encore… Ma chance a joué en ma faveur. Il se trouve que nos baguettes sont jumelles. La plume de phénix qui entre dans leur composition provient du même animal. Apparemment, nos baguettes ne peuvent se vaincre. J'ai profité de la surprise de Voldemort pour m'enfuir par le Portoloin, avec le corps de Cédric.

LL : Et vous avez raconté tout ceci à Dumbledore à votre retour… ?

HP : Oui. Mais pas immédiatement. Le faux Maugrey m'a entraîné dans sa salle de classe, bien décidé à me tuer. Heureusement, le Professeur Dumbledore a trouvé cela étrange et nous a suivis. Il a simplement fallu attendre que la métamorphose, par polynectar, se dissipe. Après quoi, le Directeur l'a interrogé avec du Véritasérum, le Mangemort a tout avoué, évidemment, et le Ministre de la Magie a été convoqué.

LL : Êtes-vous en train de dire que Cornélius Fudge est parfaitement au courant de toute cette histoire ?

HP : C'est exactement ce que je dis. Mais, prenant peur, il est arrivé avec un Détraqueur, et a laissé la créature aspirer l'âme du Mangemort. Fort utile pour éviter tout procès, toute preuve du retour de Voldemort, et donc, pratique quand on veut éviter la panique…

LL : C'est une accusation très grave que vous faites-là, Monsieur Potter. Vous êtes en train de dire à nos lecteurs que le Ministre de la Magie refuserait la Justice pour conserver une illusion de paix !

HP : Non. Mais je dis que Sirius Black n'a jamais eu de procès. Qu'il n'a jamais été interrogé sous Véritasérum, et que cela est bien pratique. Je dis également que le Mangemort est mort dans le secret le plus complet. Que Bartémius Croupton a disparu pendant le Tournois des Trois Sorciers, dans le plus grand secret, là aussi. Je dis également que des Détraqueurs sont venus m'attaquer chez mon oncle et ma tante cet été, que j'ai été forcé d'utiliser le sortilège du Patronus, et que j'ai été convoqué devant le Magenmagot tout entier pour cela. Je dis que la campagne de la Gazette à l'encontre de Dumbledore ou de moi-même est trop violente pour être innocente. Et enfin, je dis que l'évasion d'Azkaban n'est pas le fruit du hasard, et que Voldemort en est responsable.

LL : Ça, vous ne pouvez pas le savoir, Monsieur Potter, vous n'y étiez, pas… De plus, Sirius Black a pu s'échapper de la prison…

HP : C'est vrai. Mais on ne saura jamais tant qu'on ne l'aura pas interrogé en public. De plus, il y a une grande différence entre s'échapper seul, et faire exploser tout un mur de prison et libérer une foule de Mangemorts. Et ça, c'est bel et bien une information que la Gazette du Sorcier a publiée. Comme quoi, ils ne disent pas que des mensonges… Voldemort rassemble ses troupes, les sorciers sont maintenus dans le mensonge. Et tout ça pour quoi ? Pour que Fudge puisse continuer sa paranoïa…

LL : De quelle paranoïa parlez-vous, Monsieur Potter ?

HP : À votre avis ? Je dis, et Dumbledore le dit également, que Voldemort est de retour, les preuves disparaissent, je manque de me faire tuer par les Détraqueurs, on me convoque à un procès digne d'un meurtrier alors que je ne suis pas majeur, on essaie de me renvoyer de Poudlard, et cette année, une bureaucrate, et non une enseignante, prend la tête d'une Inquisition.

LL : Vous parlez de Dolorès Ombrage, anciennement sous-secrétaire d'État, promue par le Ministère au poste de Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, puis Grande Inquisitrice de Poudlard avec le pouvoir de réformer l'école, c'est cela ?

HP : Exactement cela. Je parle du contrôle de la Presse, du contrôle de l'enseignement, le tout, par l'État. Les Moldus ont coutume de dire que ce sont des signes avant-coureurs de dictature… Alors certes, à choisir, je préfère vivre dans la dictature de Fudge, plutôt que dans celle de Voldemort, mais à réellement choisir, je souhaite vivre dans un monde sorcier libre. Est-ce que cela fait de moi un fou ?

LL : Dans l'absolu, non. Mais n'est-ce pas un peu fort que de parler de dictature… ?

HP : Vraiment ? La Gazette du Sorcier n'est-elle pas censurée… ? Poudlard n'est-il pas sous l'autorité d’un membre du Gouvernement ? Quand un enseignant est promu à un poste par un homme politique, et que ce même enseignant n'a été jusqu'ici que son bras droit, comment peut-on qualifier ça ? La Gazette a fait un procès à Jane Smith. Mais Smith était Professeur dans un Collège australien. Ombrage, elle, n'était que politicienne…

LL : Selon vous donc, Smith avait plus de qualifications pour enseigner que Dolorès Ombrage ?

HP : Qui penserait à demander à une assistante d'enseigner une quelconque matière, en dehors de l'art de faire des courriers administratifs, hein ? Et cela se ressent depuis son arrivée. Toutes les mesures prises concernent la vie à Poudlard. Changement d'uniformes, dissolution de tout groupe d'activité, surveillance des matières et renvois arbitraires. Non, Loïs quand l'Enseignement est aux mains d'un pouvoir central, on ne parle plus de libertés…

LL : Vous avez l'air d'en vouloir particulièrement à cette femme. Y a-t-il une raison ?

HP : Je ne dirai rien de plus que Dolorès Ombrage étend son influence à un point que je trouve particulièrement inquiétant. Mes parents sont morts, donc je n'ai personne pour me défendre… Mais je suis surpris qu'aucun bon parent n'ait eu à cœur de réagir. Apparemment, tout le monde se fout de notre avenir…

LL : L'influence de Dolorès Ombrage ? N'est-ce pas celle du Ministère, plutôt ? À moins que vous ne sous-entendiez qu'elle en profite, Monsieur Potter…

HP : Ce n'est pas à moi de juger. Je ne fais que répondre à vos questions. J'ai dit tout ce que j'avais à dire sur le retour de Voldemort.

LL : Oui, merci, Monsieur Potter pour le temps que vous avez voulu nous accorder, et pour ces révélations incroyables. Nous vous souhaitons bonne chance pour vos BUSES. »

La Rédaction du Chicaneur tient à rappeler que ces propos sont strictement conformes à ceux de Monsieur Potter. Toute demande de copie du contrat magique l'attestant sera assouvie. En revanche, la Rédaction du Chicaneur tient à rappeler que si les lecteurs souhaitent poser des questions à Monsieur Potter, ils doivent envoyer une lettre à l'adresse suivante… »

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

La réaction d'Ombrage n'avait pas tardé à se faire connaître. Juste après avoir été prévenue par l'un des membres de sa brigade, elle était entrée dans une colère noire, connue de tous. Immédiatement, Ombrage fit proclamer un nouveau décret, dans lequel elle interdisait à toute personne de Poudlard d'être en possession d'un exemplaire du Chicaneur. Les personnes n'ayant pas lu le journal eurent immédiatement l'envie de connaître ce qui avait motivé une telle décision. Et au lieu de faire taire la rumeur, Dolorès ne fit que l'alimenter. Personne, que cela soit les élèves, ou les Professeurs, n'ignorait le contenu de l'interview dont tout le monde parlait. Et c'était pire en dehors des murs du château. À la Gazette du Sorcier, on était submergé de courriers parentaux exigeant des réponses, suite aux sous-entendus d’Harry.

Dans les appartements de Jane, l'heure était à la fête. Le soir de la parution du Chicaneur, Snape n'avait pas hésité une seconde à aller rendre visite à son ancienne collègue, pour commérer comme un étudiant à propos du journal. Assis sur le canapé, Merlin blotti contre lui, le Maître des Potions sirotait un Whisky Pur-Feu qu'il avait lui-même apporté à cette occasion. Jane, souriante, fumait à côté de la cheminée, ravie du déroulement des choses.

« Le Baron Sanglant m'a rapporté les hurlements d'Ombrage. Elle aurait même mis à sac son bureau, et de la porcelaine aurait été brisée, commenta-t-il avec plaisir.

— Et Dumbledore s'est enfermé dans sa tour, refusant toute visite. Apparemment, elle exige de le voir pour une explication.

— Elle peut toujours courir, Albus ne changera pas d'avis. Votre interview était parfaite, comment vous êtes-vous débrouillée pour discuter avec Potter ? Sait-il que c'est vous ?

— Harry, non. Luna, oui. Elle a convaincu Miss Granger de trouver une solution. Elle a enchanté deux carnets pour que nous puissions nous écrire directement tous les deux. L'interview s'inscrivait en direct sur nos deux supports.

— Hmm… Il est vrai que Miss Granger est douée en magie. Donc, personne d'autre que Luna et moi, ne sait qui est « Loïs Lane » ?

— Vous oubliez l'Ordre, Severus. Il était convenu que je reprenne mes activités de journaliste.

— Hmm. Une chose m'échappe, en revanche. Je comprends que vous ayez pris un pseudo, mais pourquoi « Loïs Lane » ? C'est moldu ?

— Tout juste, Severus ! pouffa Jane en tirant une nouvelle bouffée sur sa cigarette. Ça vient d'un comics.

— D'un quoi ?

— De Superman ! Severus, vous manquez de culture. Si un jour on retourne à Londres, je vous montrerai, vous allez voir. Quoique je pense que Batman vous plairait plus.

— C'est une insulte, Smith ? Vous vous y mettez, vous aussi ?

— On en a déjà parlé. Ça pourrait même être un compliment. Mais vous verrez, je vous montrerai.

— Encore faut-il que je vienne avec vous. Il est hors de question que l'on recommence la blague de Noël ! Pour en revenir à l'interview, votre conclusion était habile.

— Ah ! Vous avez remarqué, alors ? J'espérais bien pouvoir arriver à jeter le doute sur les véritables motivations de Dolorès. Reste le plus dur à faire. D'ailleurs, où en êtes-vous ?

— Je n'ai pas encore parlé à Draco, donc, je n'ai rien dit à Potter. Soyez patiente, Smith. »

Elle lui resservit un verre, et jeta sa cigarette dans le feu. Pensive, elle observa le Maître des Potions qui se concentrait sur Merlin.

« Ah ! soupira-t-elle. Je n'ai plus qu'à trouver un sujet d'écrire pour mon prochain article. J'attendrai un peu que les choses se tassent. Peut-être même m'inspirerais-je des lettres de parents, ou à l'attention de Harry. Il paraît qu'elles sont nombreuses.

— Que vous êtes à plaindre… Demain, je dois endurer huit heures de cours, avec deux heures en compagnie des cinquièmes, puis, des septièmes années !

— Et alors, c'est votre job, non ? Au moins, vous enseignez.

— Vous avez perdu votre place toute seule, Miss. Et croyez-moi, peu importe combien vous imaginez aimer l'enseignement, demain est l'une des pires journées de l'année, maugréa l'homme sombrement.

— Et pourquoi ça ? Les mardis sont des jours comme les autres…

— Pas les mardis de Saint-Valentin, Miss… Pas avec des adolescents bourrés d'hormones qui partent dans tous les sens… Vous ne savez pas ce que c'est comme calvaire une Saint-Valentin tombant un jour de cours. Vous êtes sans cesse dérangé dans votre travail par des gloussements de toutes parts, des petits mots d'amour dans tous les coins… Des bécotages à chaque couloir…

— Oh, non ! Vous avez cette merde ici aussi ? s'exclama Jane déconfite.

— Votre langage ! Quoi, ça n'est pas quelque chose qui excite les petites filles, habituellement ? »

Choquée par le sous-entendu de Snape, Jane se leva d'un bond, furieuse, pour se resservir à boire, avant d'allumer une cigarette avec rage, en fixant méchamment son mentor.

« On se calme, papy. Je n'ai que quatre ans de différence avec vous ! Ça, c'était pour le premier point, le second…

— Et comment pouvez-vous le savoir ? Vous ignorez ma date de naissance !

— Le 9 janvier 1980.

— Comment… ? Oh, non. Albus vous l'a dit, c'est ça ? Ou Minerva peut-être ?

— Notre Directeur. Le jour même, d'ailleurs. Il était venu savoir si j'avais trouvé une idée de cadeau. Et quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a donné cette date. Pas très compliqué de comprendre.

— Et parce que vous estimez que le temps que je vous ai accordé jusqu’ici était un dû, vous avez passé outre le cadeau.

— Au contraire ! Vous connaissant, la meilleure attention que je pouvais avoir était de vous foutre la paix. Mais, dites-moi, Severus, seriez-vous déçu ?

— Certainement pas ! renifla Snape en relevant le menton. C'est même très avisé de votre part… Vous êtes cependant une jeunette, quoi que vous puissiez en penser.

— Ouais, de trente-deux ans quand même… Donc faudrait voir à arrêter de me rabaisser sur mon âge. Et pour répondre à votre seconde accusation condescendante, je n'ai que faire de cette fête à la con. J'ai toujours eu en horreur cette date.

— Toujours seule, hein… ? se moqua l'homme.

— Non, si c'était le cas, je n'aurais pas eu de raison de la haïr. Passez donc une soirée de Saint-Valentin avec un abruti fini, qui vous fait manger au McDo, tout ça pour vous sauter maladroitement sur le canapé de ses parents chez qui il vit, et vous aurez, vous aussi, des problèmes avec cette date ! »

Jane ne s'était pas rendu compte qu'elle avait presque crié sa tirade. En revanche, elle s'aperçut bien vite qu'elle venait de s'épancher sur sa vie privée avec un homme profondément pudique. Snape, lui, faisait la moue, et reprit une lampée de Whisky avant de répondre :

« En admettant que je sache ce qu'est un « McDo », on va dire que j'ai compris le reste et que je pourrais presque compatir… Je dis « presque », parce que vous êtes stupide de vous laisser vous faire « sauter », comme vous dites, maladroitement.

— Vous croyez qu'on peut le deviner avant, ça ? Et Mc Donald's est une chaîne de restaurants. Du Fast-Food. C'est l'endroit le plus merdique où l'on puisse emmener une femme pour un dîner romantique.

— Qu'est-ce que vous voulez que j'en sache ? Je ne suis pas du genre à célébrer cette date ridicule.

— C'est marrant, ça ne m'étonne pas… titilla Jane en s'enivrant davantage.

— Non, parce que je suis un homme de goût. Vous, en revanche, dans la mesure où cela vous parle, vous auriez peut-être dû avoir la puce à l'oreille concernant votre prétendant, au moment d'entrer dans le restaurant, vous ne croyez pas ?

— C'est ça. À la vue du McDo, j'aurais dû me douter que… Le sexe n'a rien à voir avec la nourriture. De toute façon, vous n'y comprenez rien.

— C’est vous qui le dites… s’amusa Severus en buvant encore un coup. Sauf que si j'avais été contraint de vous supporter ce jour-là, j'aurais opté pour un dîner aux chandelles. Et un lit, au moins. Nous ne sommes pas des... »

Severus s’interrompit en voyant l’expression de Jane. Ils se fixèrent un long moment et il regretta amèrement d’avoir la fâcheuse manie de lire dans les pensées des gens qui croisaient son regard. Il termina d’une traite son verre devant une jeune femme à présent écarlate et muette.

« Vous devriez vous concentrer sur Draco, vous avez des choses autrement plus importantes à faire, bredouilla-t-elle en retrouvant la parole.

— Et vous un article à trouver, Smith. Bonne nuit. »

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

Draco était secrètement soulagé que la Saint-Valentin tombe un jour de cours. L'année précédente, il avait dû inviter Pansy Parkinson à Pré-au-Lard, et l'endurer toute une journée, ses babillages avec. Cette année, la pauvrette s'était échinée à lui envoyer des messages subliminaux, des cartes mièvres, et des chocolats fourrés à la liqueur – que Draco détestait au plus haut point – mais, rien de plus. Ce qui avait achevé de rendre sa journée merveilleuse, était une conversation qu'il avait surprise entre Potter et Granger. De toute évidence, Potter n'avait pas su apporter à sa Valentine ce qu'elle désirait. Et cette dernière croyait dur comme fer qu'il était en réalité amoureux de la Sang-de-Bourbe. Cho Chang, parce qu'il avait fini par le retenir, faisait donc sacrément la gueule à Saint Potter, et colportait des rumeurs particulièrement méchantes sur le Balafré et sa meilleure amie.

Oh, oui… Cette Saint-Valentin était géniale ! Pour couronner le tout, le Professeur des Potions l'avait convié à « boire un verre entre hommes », ce qui signifiait pour lui que Snape reconnaissait son nouveau statut. Rien ne pouvait donc aller mieux. Du moins, il le crut jusqu'au milieu de l'entretien.

« Pourquoi ne pas dire à votre père que vous ne supportez plus Miss Parkinson, Draco ? » Demanda Snape en le resservant pour la deuxième fois un Whisky que le garçon n'était absolument pas en âge de boire.

Ledit garçon soupira théâtralement. Trop heureux d'avoir une oreille – et un verre – d'adulte pour s'épancher.

« Parce qu'il ne faudrait pas froisser la famille Parkinson, Monsieur. Et Pansy peut avoir son utilité, qui sait ?

— C'est bien, vous comprenez parfaitement le jeu auquel vous vous adonnez, Draco.

— On ne peut mieux, Monsieur. Père a beau feindre l'ignorance, je sais qu'il est parfaitement au courant de mes capacités. Reste à convaincre nos alliés actuels, et à en trouver de nouveaux.

— Exact. À votre âge, Lucius avait déjà conquis tous les Serpentards, même les plus âgés. Et il tissait déjà des relations étroites en politique. Il a su parfaitement tirer parti des relations de son propre père auprès du Ministère.

— Et j'en fais de même ! assura le blond avec suffisance.

— Si vous faites référence à votre implication dans la GardeInquisitoriale, j'ai bien peur, Draco, que vous ne visiez pas assez haut.

— Qu'entez-vous par là ?

— Eh bien… Si mes soupçons étaient exacts, ce que je n'affirme pas, évidemment. Rapporter ces informations à la Grande Inquisitrice pourrait asseoir votre réputation à Poudlard… Mais à Poudlard seulement. »

Malefoy se redressa avidement sur son fauteuil, le corps entier penché en direction de son Professeur. De son côté, Snape n'était pas surpris. Draco avait beau être intelligent, il avait une telle admiration pour lui, un tel aveuglement, qu'il buvait chacune de ses paroles. Plus qu'un mentor, il avait été un véritable modèle pour le garçon. Il était l'exemple même du Serpentard parfait. Et ça, Draco l'oubliait trop souvent lorsque l'homme lui parlait.

« Il vous faudrait, bien entendu, vérifier cette piste, afin de ne pas prendre de risque. Mais je suis convaincu que Potter et sa bande ont contourné l'un des décrets. Oh, je ne sais pas de quoi il s'agit, je sais seulement que c'est important pour eux.

— Lequel Professeur ? Lequel !?

— Celui sur l'interdiction de se réunir en groupe en dehors des cours… Et je crois aussi celui sur l'interdiction de pratiquer la magie en dehors des cours. Mais là, encore une fois, je n'ai que des rumeurs de portraits… »

Draco Malefoy n'écouta plus du reste de l'entretien. Entièrement focalisé sur l'idée qu'Harry Potter lui servait sur un plateau exactement ce dont il avait besoin pour Fudge. Il quitta le Professeur, en le remerciant longuement pour ses précieux conseils, et jubila tout son retour au dortoir.

Seul à son bureau, finissant son verre, Snape ricana. C'était trop facile. Beaucoup trop facile pour un homme comme lui. Il esquissa un mouvement pour se lever, ayant dans l'idée d'aller se vanter auprès de Jane, lorsqu'il se ravisa, le souvenir de la veille en tête. Peste soit cette Moldue. Elle verrait bien qu'il mérite son titre !

L'Armée d'Ombrage ne fut pas inquiétée une seule seconde par le nez fouineur de Draco. Contrairement à ce que lui avait dit son Professeur, le Serpentard n'avait pris aucun risque pour vérifier les doutes de celui-ci. S'en remettant entièrement à ses dires. Il avait donc passé deux bonnes semaines à trouver la bonne tournure de lettre à envoyer au Ministre de la Magie. Draco hésitait : il savait que Potter et d'autres élèves se réunissaient, il ignorait où, mais il savait que c'était une information capitale…

À mille lieues de se douter de quoi que ce soit, Harry était toujours aux prises avec ses cauchemars. Tout le mois de janvier, il avait espéré que cela se calmerait. Au mois de février, il commençait à douter, malgré les dures leçons d'Occlumancie. En ce début de nuit du premier jour de mars, il s'était résigné. Il s'endormit donc, après avoir abandonné l'idée de se vider l'esprit, et plongea bien rapidement dans le rêve qui le tourmentait.

Cette fois-ci, il était déjà au Ministère. Derrière lui, le grincement retentit, comme d'habitude, mais Harry put se retourner, pour découvrir une grille qui se refermait. Il était dans une salle rectangulaire, qui faisait face à un long couloir étroit. Harry savait exactement où il se trouvait, lors de son passage éclair pour son jugement, l'ascenseur s'était arrêté à l'étage du Département des Mystères. À peine eut-il compris cela, qu'une étrange sensation d'acquiescement lui vint. Comme si son esprit tentait de lui dire qu'il était dans le vrai. Mais dans les songes, le garçon ne put comprendre le danger que représentait cette information. Une nouvelle fois, l'ardent désir d'aller au bout de ce couloir lui prit les entrailles. Il y avait quelque chose de capital derrière. Il força sur ses jambes, mais elles refusèrent de le porter. Il jura, son insulte rebondissant dans les murs magiques que son esprit avait créés. Puis, il se força encore, concentrant toute son attention sur l'importance d'atteindre la poignée. Harry avait l'impression d'entendre de vagues encouragements, mêlés à des avertissements. Sa propre voix s'élevait, déformée, lui disant qu'il n'avait pas à savoir, que Dumbledore ne voulait surtout pas qu'il sache. Cela agaça le garçon, qui força plus encore, et fit un pas en avant. Puis deux. Puis trois. Et cela, jusqu'à arriver à cette poignée. Il jubilait, il allait enfin savoir ce qu'il y avait derrière cette porte. Le Gryffondor agrippa la poignée glacée dans sa main, et la fit tourner lentement. Enfin il allait savoir ce que Voldemort voulait tant ! Enfin il…

Harry se réveilla brutalement dans son lit, comme repoussé avec une violence inouïe de son propre sommeil. Hébété, le garçon cligna de ses yeux myopes dans l'obscurité, tentant de rassembler ses esprits. Jamais il ne s'était réveillé de cette façon. Jamais avec l'impression nette d'avoir été sorti de la tête de quelqu'un… À la vérité, il n'avait ressenti cela qu'une seule fois : lorsque Snape lui avait ordonné d'utiliser la Legilimancie contre lui.

« Oh, putain ! » Gémit Harry qui comprit enfin. « Oh, merde. MERDE ! » Il repoussa les couvertures, et se mit à genoux sur son lit, prêt à en sortir. Il saisissait parfaitement ce qui s'était passé. Ce n'était pas du tout des rêves, mais les pensées de Voldemort qu'il voyait. Et ce soir, le Mage avait senti sa présence, et l'avait empêché de connaître la nature exacte de l'arme… Harry bouillonnait de curiosité. Jamais il n'avait senti avec autant de vivacité l'intérêt de son lien avec Voldemort. Il pouvait savoir, et il pouvait prévenir l'Ordre… Car, et le garçon venait d'en être absolument certain, l'Ordre du Phénix ignorait la nature de l'arme. Voldemort n'aurait jamais mis autant d'empressement à cacher cette information ! Trop inquiet pour s'endormir, il passa le reste de la nuit à se demander s'il allait en parler à ses amis, ou non.

À des kilomètres de là, dans un immense manoir, Lord Voldemort riait aux éclats. Il avait ce qu'il voulait.

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

« Le Chicaneur

Édition du 5 mars 2016,

DES SOUPÇONS DE CENSURE A POUDLARD

L'inquiétude des parents, dont les enfants sont scolarisés à Poudlard, est grandissante. À la Rédaction du Chicaneur, nous croulons sous les lettres exigeant des explications, et nos journalistes savent qu'il en est de même à celle de la Gazette du Sorcier. Mais est-ce réellement surprenant ? Après les révélations d'Harry Potter au cours d'une interview exclusive pour notre journal (voir le numéro du 13 février 2016), nous avons enquêté. Si les élèves ne peuvent répondre à nos questions, car apparemment, aucune de leurs lettres ne nous parviennent, les parents, eux, font état d'un réel problème de communication avec l'école.

En effet, après avoir contacté Monsieur et Madame Rixes (ndlr : leur nom a été changé à leur demande), ceux-ci déclarent :

« Nous n'avons plus de nouvelles de notre fille en deuxième année. Depuis la publication de l'interview de Monsieur Potter, aucune de nos lettres n'a de réponse. Et nous n'avons pas non plus de hiboux en provenance de Poudlard. »

Si cette simple déclaration ne suffit pas à prouver une quelconque volonté de la part du Ministère de faire taire la vérité, les annexes à cet article (ndlr : voir page 4 et 5), regroupant l'ensemble des lettres relatant les mêmes faits troublants, pourraient bien attirer les soupçons.

Nous avons tenté d'interroger le Directeur de l'école, Albus Dumbledore, mais celui-ci nous a répondu qu'il n'avait nulle autorité sur Poudlard, et nous a renvoyé vers la Grande Inquisitrice, Dolorès Ombrage. Malheureusement pour notre enquête, Miss Ombrage a refusé de répondre à nos questions, arguant que le Ministère n'avait pas à se justifier.

Mais est-ce que le Ministère a réellement autorisé tout ceci ? Est-ce qu'il y a réellement des choses graves qui se passent dans ce château ? Est-ce que les parents ont des raisons tangibles de s'inquiéter ? Ou est-ce qu'ils sont encore loin du compte… ?

À l'heure actuelle, nous enquêtons toujours. Soyez assurés que le Chicaneur mettra tout en œuvre pour faire naître la vérité !

Loïs Lane, Journaliste indépendante du Chicaneur. »

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

« JE VEUX SAVOIR QUI SE CACHE DERRIÈRE CE NOM ABSURDE ! » Hurla Cornélius Fudge dans tout le Ministère.

« J'AVAIS INTERDIT LA DIFFUSION DE CE TORCHON DANS MON ÉCOLE ! » S'époumona Dolorès Ombrage.

« Vous croyez que c'est un élève ? » Demanda un Serdaigle de première année à un aîné.

« Ça doit-être une née-moldue, vu le nom… » Marmonna Harry alors qu'on lui demandait une nouvelle fois s'il connaissait la réponse.

« Mais qu'est-ce vous voulez que ça me foute, Albus ?! J'en ai rien à faire de cette Lane ! gueula le Maître des Potions en perdant patience.

— Allons, allons, Severus ! Inutile de vous emporter comme ça ! Vous êtes décidément bien susceptible quand on parle d'elle, pouffa le vieux Directeur alors qu'il rendait une visite impromptue à son protégé.

— C'est vous qui m'emmerdez avec Smith. Je n'ai rien à vous dire. Oui, elle écrit des papiers, oui, elle s'occupe, c'est parfait ! Maintenant, j'ai à faire, Monsieur le Directeur.

— Vous vous êtes encore accrochés tous les deux, c'est ça ? Vous êtes toujours bougons quand il y a de l'eau dans le gaz… Miss Smith est terne ces derniers temps, je l'ai remarqué, ne croyez donc pas l'inverse !

— De… Il n'y a pas « d'eau dans le gaz » Albus ! Gardez vos expressions stupides et inappropriées pour vous, et fichez-moi le camp ! J'ai rendez-vous avec Potter, et je n'aime pas prendre du retard.

— Oui, oui, Severus… Je ne voulais pas être incorrect en abordant la question de votre vie privée…

— Ce n'est pas… ! DEHORS ! » Hurla furieux Snape.

Le vieux mage s'éclipsa en ricanant, croisant un Harry Potter blanc comme un linge, qui venait de comprendre que son vieil ennemi était d'une humeur particulièrement mauvaise. Albus le salua sobrement, sans s'attarder, et le Gryffondor passa timidement la porte du bureau. Les deux mains à plat sur le mobilier, Snape reprenait contenance à une vitesse hallucinante. Sans même laisser le temps à Harry de lui dire bonjour, il l'attaqua immédiatement, lançant le sortilège d'une voix rageuse.

Il pénétra aisément l'esprit du garçon, et s'enfonça rapidement dans ses souvenirs. Ce soir, il était temps de passer à l'action. Severus chercha immédiatement des images humiliantes pour l'enfant, afin de le pousser à perdre son sang-froid. Ce ne fut absolument pas compliqué, il tomba rapidement sur le souvenir de la Saint-Valentin que Harry avait passé. Il arriva en haut de la tour d'astronomie, dans les jardins suspendus, en compagnie du Gryffondor et de Cho Chang. L'homme sentit les tentatives désespérées du garçon pour le repousser, mais les balaya de sa simple volonté.

Assis sur un banc, l'un à côté de l'autre, les deux jeunes gens avaient l'air ridiculement gênés. La Serdaigle ne portait pas son uniforme, elle semblait avoir fait des efforts de présentation, et arborait une robe argentée, les cheveux parfaitement relevés en un chignon impeccable, et un joli bracelet de jade. Harry, lui, était habillé comme à son habitude. Sa robe de sorcier à moitié ouverte sur une chemise débrayée, sa cravate d'étudiant desserrée. De toute évidence, le garçon n'avait pas du tout anticipé la soirée, et cela agaçait sa petite amie. Il prenait d'ailleurs grand soin de ne pas croiser son regard, tandis que Cho, elle, cherchait à l'accrocher.

« C'est privé ! » Entendit Snape. Potter le suppliait de ne pas voir, mais l'homme était bien décidé à le faire sortir de ses gonds. Aussi s'attarda-t-il avec méchanceté.

« Tu ne m'as rien dit à propos de ma robe, Harry, reprocha Cho, agacée.

— Ah, pardon, tu es super jolie comme ça.

— « Super jolie » ? C'est tout ce que tu trouves à me dire ?

— Ben… Non, tu es très belle, Cho…

— « Très belle ». Fantastique ! Je passe deux heures à me préparer, et c'est ce que j'obtiens ! commença-t-elle à monter dans les aigus.

— Tu sais, t'étais pas obligée, hein…

— Merci, je sais bien. Quand je vois comment toi, tu t'es habillé, je commence à le comprendre !

— J'ai oublié, désolé, Cho.

Oublié ? TU AS OUBLIÉ ? Harry Potter ! Je te signale qu'on sort ensemble depuis plus d'un mois, et tu oublies la Saint-Valentin ?! T'es arrivé en retard, en plus ! Comment tu veux que cela marche entre nous, après ça ?!

— Désolé ! se défendit piteusement Harry. J'étais à la bibliothèque avec Hermione, et je n'ai pas vu le temps passer, c'est tout…

— Avec Hermione ! Pourquoi ne suis-je pas surprise ?! T'es toujours avec elle. Elle te tourne toujours autour, et tu me parles sans cesse d'elle. « Hermione a dit ceci… », « Hermione pense que… » …

— C'est ma meilleure amie, tu sais.

— C'est ça ! Ta meilleure amie. Tu crois que je suis stupide ? Que je n'ai pas compris ce qui se passe ? Tu n'avais qu'à me le dire si tu ne voulais pas être avec moi, Harry ! J'aurais très bien pu comprendre ! »

Le Maître des Potions qui assistait à la scène ouvrit grand la bouche en voyant l'expression d'espoir qui se peignait sur le visage du garçon. L'imbécile, il n'allait tout de même pas…

« Ben, en fait… Je ne voulais pas te faire de la peine… Quand tu m'as embrassé dans la salle sur Demande… Enfin… Cho, je t'aime bien, t'es gentille, jolie, et tout ça…

— Gentille ? Jolie ? Tout ça ? éclata en sanglots la brune. Très bien, j'ai compris !

— Cho… C'est juste que…

— Tais-toi ! Va donc la retrouver ta Granger ! Je ne peux pas croire que j'ai pu un instant penser que tu étais quelqu'un de bien Harry Potter ! »

Snape écarquilla les yeux. Au loin, son étudiant s'était mis à l'insulter pour qu'il sorte de sa tête. Mais Severus n'en avait pas du tout terminé.

« Tu as cru ce que tu voulais bien croire, Cho ! Et si j'étais tant que ça quelqu'un de bien, tu te serais intéressée à moi, bien avant que Cédric ne meure ! Maintenant, arrête de dire des conneries et de tenter de me faire croire que je ne suis pas un second choix ! »

La gifle partit immédiatement, et la Serdaigle avec, laissant Harry en colère. Snape se retira, pour faire face au même regard de rage qu'il avait vu dans le souvenir du jeune homme.

« C'était privé ! Vous n'aviez pas le droit de… commença haletant et rouge un Potter épuisé, et honteux.

— Allez dire ça au Seigneur des Ténèbres ! coupa l'espion glacial.

— Voldemort n'irait certainement pas fouiller dans mes histoires de cœur sous prétexte qu'il ne sait pas de quoi il s'agit !

— Potter, ne me manquez pas de respect, vous…

— Vous n'aviez pas le droit de faire ça ! C'était humiliant ! Si vous ne savez pas ce qu'est une Saint-Valentin, allez donc vous acheter une vie privée, merde !

— JE VOUS INTERDIS… ! »

On frappa à la porte. Snape manqua d'aller hurler à l'importune qu'elle pouvait bien se faire voir chez les gnomes, quand il se souvint de la raison de sa présence. Il grogna vaguement un « Entrez », dardant un regard haineux en direction de Potter Junior, et c'est une Jane Smith gênée qui ouvrit la porte.

« Heu… Professeur, pardonnez-moi de vous déranger, mais… C'est urgent.

— Urgent au point d'interrompre une retenue, Smith ?

— Oui, exactement. Urgent à ce point, murmura incertaine Jane.

— POTTER ! Je reviens dans cinq minutes. Vous ne touchez à rien. Vous ne bougez pas. En fait, ne vous avisez même pas de penser quoi que ce soit de répréhensible. Si je découvre la moindre chose, je vous tue. » Menaça l'enseignant en claquant la porte derrière lui.

Dans le couloir, les deux adultes se faisaient face. Jane esquissa un mouvement pour s'en aller, sentant que l'homme l'étriperait à la moindre phrase, mais Snape l'arrêta net en la tenant fermement par le bras. Elle, et ouvrit la bouche pour protester, mais l'espion siffla un chut autoritaire qui la calma illico. Ils attendirent cinq minutes ainsi, puis dix, comme deux imbéciles dans un couloir désert.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Il se passe que ce merdeux se croit autorisé à juger ma vie sentimentale !

— Je vous demande pardon… ?

— J'ai vu son souvenir de Saint-Valentin. Une catastrophe. Il s'est fait rouler par une gamine, et il n'a pas apprécié que je le voie. Alors, il m'a attaqué sur cette question.

— M'enfin, Severus, de quoi vous parlez à la fin ?

— Du fait que tout le monde m'emmerde avec cette fête à la con ! »

Il était pratiquement de l'ordre du mythe que Severus Snape puisse être grossier. Pratiquement, parce que Jane et Albus en avaient tout de même un bon aperçu parfois. Mais là, la jeune femme sentait bien que le sorcier était à deux doigts d'étrangler le garçon. Ou elle. Elle n'arrivait pas à décider.

« Heu… Severus… ? Vous voulez bien lâcher mon bras ? Je commence à avoir des fourmis dans la main, là. »

L'homme, qui ne semblait pas s'être rendu compte du fait qu'il avait agrippé son ancienne collègue la repoussa pratiquement. Il appuya sa tête contre le mur en pierre, et soupira longuement.

« Excusez-moi, la rentrée est difficile.

— Ne vous en faites pas. Vous voulez prendre un verre après la leçon ? proposa Jane sans trop y croire.

— À condition que vous ne me parliez pas de vos histoires désastreuses ni du quatorze février.

— Promis.

— Et que vous n'évoquiez pas non plus… En fait, laissez tomber.

— Severus, j'pense que vous en avez besoin…

— Potter doit en avoir fini à l'heure qu'il est. Allez vous coucher, j'ai terminé. »

Jane le regarda interloquée, et tourna les talons. Alors qu'elle disparaissait à l'angle du couloir, elle se retourna :

« Ça n’a duré que quinze minutes… Severus, vu votre vantardise, j'aurais cru que vous étiez plus endurant ! »

Et elle le planta là, alors que l'homme s'apprêtait à répliquer, avant de comprendre qu'elle le taquinait. Étrangement, cela le détendit, et il retourna dans son bureau pour aller cueillir un Potter beaucoup trop sage pour être innocent. Il congédia l'enfant, prétextant l'heure tardive, et se précipita sur l'armoire qui bordait le bureau. Parfait. La porte était mal refermée, et la pensine encore chaude. Il amorça un mouvement pour enlever sa redingote quand il s’arrêta et hocha la tête. Il attrapa une bouteille et sortit de ses appartements.

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

« Harry, attends-nous ! » Cria essoufflée Hermione à sa poursuite. Le garçon les avait attrapés à la sortie de leur cours de Défense Contre les Forces du Mal, juste avant le repas du midi, et leur avait dit de le suivre. Depuis, Ron et Hermione trottaient derrière lui, jusqu'aux abords des serres de Botanique. Lorsqu’Harry fut totalement certain qu'ils étaient seuls, il consentit à leur expliquer la raison de tout ce mystère :

« Je ne sais pas comment, mais Snape sait.

— Je t'en prie, Harry ! Il sait quoi ? Sois clair.

— Il sait pour l'Armée d'Ombrage. Il ne sait pas son nom, enfin, je ne pense pas du tout, mais il sait que nous nous réunissons. Il sait où, il sait à peu près avec qui, et ce que nous y faisons.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça, au juste ? Il te l'a dit ? demanda Ron

— Non. En fait… En fait hier soir, on a été interrompus par Smith. Elle est venue demander je sais pas quoi, et il est sorti.

— Et alors ?

— Alors… Bah… Au bout d'un moment, ne les voyant pas revenir…

— Oh, non ! Harry, qu'est-ce que tu as fait ?

— Rien ! Enfin, si, j'ai trouvé la pensine de Snape.

— Rien ? T'appelles ça rien ? Elle devait être sacrément bien cachée, alors ne me dis pas rien, Harry Potter ! le gronda son amie, blême.

— Pas du tout, au contraire. Je cherchais un livre à lire, et…

— Ne me mens pas !

— Bon. Ok. Je fouillais. Mais je suis tombé sur sa pensine. Et j'ai pas pu m'en empêcher…

— Qu'est-ce que tu as vu ? demanda Ron, inquiet.

— Une conversation entre lui et l'autre fouine de Malefoy. Snape et lui buvaient un verre, et ce bâtard lui a tout dit pour l'AO. Enfin, tout ce qu'il savait. Je ne sais pas du tout comment il a pu deviner, mais il a recommandé à Malefoy de faire sa petite enquête, et de tout cafter ! On est dans une sacrée merde !

— Tu ne sais pas ? Harry, Snape n'est pas Voldemort, et ceci n'est pas une information capitale, mais je peux te dire que tu vas regretter le fait que cette information ait filtré, parce que moi je vois très bien comment il a pu l'apprendre !

— Tu veux dire qu'il l'a vu dans mes… ?

— Bien entendu, triple idiot ! C'est pas pour rien que je te tanne pour que tu travailles !

— Mais je n'ai rien senti, je ne me souviens pas que…

— Un Maître Legilimens peut très bien ne pas se faire sentir, Harry. Je ne peux pas croire que tu aies sous-estimé à ce point Snape ! s'exclama Hermione.

— On est dans la merde, on est dans la merde jusqu'au cou ! paniqua Ron en tournant sur lui-même.

— C'est pire que ça… Si jamais il a appris quelque chose et qu'il le rapporte à Voldemort… murmura Harry.

— Ne dis pas de bêtise ! Snape est de notre côté !

— Alors pourquoi il est allé dire à ce petit con, ce qu'on faisait, hein ? contra Ron en gagnant l'approbation de son meilleur ami.

— Parce qu'il déteste Harry et que cela va lui retomber dessus… Mais c'est hors de question. On trouvera un moyen… »

Tandis que les deux garçons protestaient, Hermione sourit, elle venait d'avoir une idée. Elle sauta de joie, et se précipita dans les bras de l'Attrapeur, et l'embrassa sur la joue.

« Oh, Harry, tu as été tellement brillant ! s'exclama-t-elle.

— Je croyais que j'étais un imbécile, et que tout était de ma faute…

— Oh, oui, tu as été stupide de révéler cette information, mais je ne parle pas de ça ! Harry, on a la solution. Malefoy veut rapporter l'existence de l'Armée d'Ombrage !

— Hein ?! demandèrent à l'unisson les deux amis.

— Oh, oh… Ça va être savoureux, absolument savoureux ! »

Ron et Harry eurent beau tenter de comprendre de quoi elle parlait, ils n'obtinrent aucune réponse claire.

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

« Samedi 10 mars 2016,

À l'attention du Ministre de la Magie de Grande-Bretagne, Cornélius Fudge,

Monsieur le Ministre, c'est avec la plus grande inquiétude que je me permets de vous faire parvenir ce hibou directement. En effet, c'est en ayant bien en tête vos espoirs formulés au cours de notre dernière conversation que je suis resté alerte concernant les secrets de Poudlard. Si ma missive ne porte nullement sur l'Australienne, veuillez croire que son contenu est tout aussi, si ce n'est plus, grave.

Au cours de mes rondes, en tant que Capitaine de la GardeInquisitoriale, j'ai constaté de nombreux va-et-vient réguliers d'élèves, aux alentours d'une salle secrète de l'école. Après enquête, longue et minutieuse, j'ai pu découvrir qu'Harry Potter, et un certain nombre d'élèves de cinquième, et quatrième années, toutes maisons confondues en dehors de la très noble et respectable maison Serpentard, se réunissaient fréquemment. Toujours au cours de mon enquête, des mots tels « qu'entraînement », et « armée », ont été prononcés.

Si j'ignore précisément les raisons qui ont poussé ces élèves à outrepasser les décrets de la Grande Inquisitrice, il ne fait aucun doute, Monsieur le Ministre, que cette nouvelle soit préoccupante à l'orée des accusations calomnieuses dont vous êtes victime au sein des pages du Chicaneur.

C'est donc un profond sentiment de loyauté et de patriotisme qui me poussent à vous écrire, espérant faire fausse route concernant un possible complot se tramant à Poudlard. Complot qui, s'il s'avérait vrai, ne peut être que l'œuvre d'enfants habilement manipulés par une personne de pouvoir.

Je me tiens donc à votre entière disposition, Monsieur le Ministre, afin de recevoir vos instructions.

Votre dévoué,

Monsieur Draco Malefoy, héritier de la Noble et Ancienne maison Malefoy. »

séparateur A la Moldue fanfiction Harry Potter

Une semaine complète passa, sans que personne n'entende plus parler de cette histoire. Albus Dumbledore continuait ses occupations habituelles, Dolorès Ombrage désespérait d'arriver à remettre Harry Potter en colle, Draco Malefoy jubilait par avance, les membres de l'AO étaient réquisitionnés pour une redécoration complète de la salle, sans qu'ils ne comprennent pourquoi. Et enfin, Severus Snape jouait une partie d'échecs, qu'il menait aisément face à une Jane grimaçante de se voir perdre en moins de dix coups.

Le samedi dix-neuf mars, à vingt-et-une heures précises, le portail de Poudlard s'ouvrit sur une cohorte spéciale. Présidée par le Ministre de la Magie en personne, elle se dirigea droit en direction du bureau d'Albus Dumbledore. Gonflé d'une colère et d'une confiance à toutes épreuves, Fudge fut reçu dans le bureau du Directeur, qui semblait passablement surpris de voir débarquer à l'improviste ce petit personnage. Il l'invita à prendre le thé, ce que l'homme refusa.

« J'exige des explications, Albus.

— À propos de quoi, Cornélius… ?

— C'est « Monsieur le Ministre », je vous prie. Je veux que vous m'expliquiez cette histoire d'armée. »

Pour une fois, Dumbledore ne voyait absolument pas de quoi il était question. Et cela le mit mal à l'aise, tant il n'en n'avait pas l'habitude. C'est donc en toute franchise qui offrit un poli :

« Je ne vois pas à quoi vous faites allusion, Cornélius.

— Il suffit ! Appelez donc la Grande Inquisitrice de Poudlard, le Capitaine de la Garded'inquisition, et Monsieur Potter !

— Pourrais-je au moins savoir au nom de quoi ? Cornélius, il est tard et…

— Ne me donnez pas une raison de plus de vous renvoyer, Albus. Je sais très bien ce qu'il se passe ici, j'ai des informateurs, figurez-vous ! Allez donc chercher Dolorès. »

Deux hommes du Ministre prirent la sortie, pour se diriger en direction des appartements de la Grande Inquisitrice. Ils passèrent avec grands bruits devant ceux de Jane.

« Échec et mat, encore une fois ! s'exclama l'espion avec plaisir.

— Attendez, Severus, il se passe quelque chose dehors…

— Ce qu'il se passe, c'est que vous négligez toujours l'importance de vos pions. Ils ont l'air insignifiant comme ça, mais en réalité, ils sont tout autant un atout qu'une reine, ou qu'un fou…

— Je suis sérieuse, il y a un truc qui ne va pas.

— On recommence, s'entêta l'espion. Vous allez vite comprendre. »

Dolorès arriva donc au bureau du Directeur, flanquée de Draco Malefoy, et d'un Harry Potter en pyjama. Dans la petite pièce, tout ce beau monde était à l'étroit. Ombrage, saucissonnée dans une robe de chambre en coton rose pâle, se brisait le dos en courbatures devant Fudge.

« Monsieur le Ministre ! Pourquoi ne nous avez-vous pas prévenus de votre visite ? Jamais je ne vous aurais reçu dans de telles…

— Pour éviter que le complot ne s'évente ! coupa Fudge agacé. Puis, se tournant vers Draco, il ajouta. Êtes-vous certain de vos informations, mon garçon ?

— Absolument, Monsieur le Ministre.

— Mais de quel complot parlez-vous, Cornélius ? s'enquit Dumbledore superbement ignoré.

— Peut-être que Monsieur Potter voit de quoi je parle, Hmm… ? »

Harry se dandina sur ses pieds, mal à l'aise, fixant Ombrage, puis baissant les yeux rapidement. Il bredouilla un « non », qui fut rapidement avalé par un grondement du bureaucrate :

« Voyez-vous ça ? Moi je crois que si, au contraire ! Monsieur Malefoy, conduisez-nous au lieu du forfait, voulez-vous ? »

Leur nombre interdisait toute discrétion. Les couloirs de Poudlard résonnaient de la discussion et des bruits de pas, rapidement colportés par les portraits, toujours en quête de ragots croustillants.

« Il se passe quelque chose, il se passe quelque chose ! pépia un elfe de maison qui venait d'apparaître au beau milieu de la partie d'échecs de Jane et Severus.

— Ah ! Vous voyez, je ne suis pas folle, quand même ! grommela la jeune femme à l'intention de son adversaire.

— Je n'ai jamais dit ça. Échec et mat.

— Ça suffit avec votre jeu stupide ! Dobby, qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je l'ignore, Grande Maîtresse, mais je crois que c'est grave. Le Ministre est là, Monsieur le Directeur aussi, et…

— Oh ! Merci Dobby, j'vais aller voir ! » S'empressa la Moldue.

Devant la Salle sur Demande, la petite troupe attendait qu'Harry fasse apparaître la porte. Le garçon lança un ultime coup d'œil craintif en direction de son Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, puis capitula. Tous entrèrent en silence, tandis que Jane et Severus, arrivés au couloir, tentaient d'écouter la conversation.

« Alors… ? demanda Fudge quelque peu désarçonné par le décor. Quelque chose à dire, Monsieur Potter ?

— Eh bien…

— Monsieur le Ministre ? appela Kingsley les yeux fixés sur un écriteau en marbre. Je crois que vous avez votre manipulateur. »

Le Ministre de la Magie pépia méchamment, excité à l'idée d'avoir enfin ce qu'il voulait tant. Mais, lorsqu'il arriva à la hauteur de l'Auror, il chancela. Un grand malaise étreignit la salle. Dolorès voulut savoir de quoi il s'agissait, mais elle fut empoignée vigoureusement par un des Aurors présents, sous simple geste du Ministre. Dumbledore ne comprenait décidément pas ce qui se passait, s'agaçant à cette simple idée. Draco Malefoy se mordit fermement la langue, priant Merlin qu'il ne se soit pas trompé. Et Harry Potter gardait les yeux rivés au sol, s'empêchant de laisser transparaître quoi que ce soit. Dans la salle qui avait servi de lieu d'entraînement pour les élèves, le rassemblement était silencieux. Les murs de la pièce étaient d'un rose bonbon du plus mauvais goût, ornés de chatons coincés dans d'horribles assiettes de porcelaine. Au centre se creusait une arène, brûlée partiellement à des endroits. À droite, quelques brancards et potions, manifestement prévus pour les premiers soins.

Au bout d'une minute, Fudge se tourna lentement avec un air de rage incroyable accroché au visage.

« Do-lo-rès… détacha-t-il chaque syllabe. J'espère que vous avez une explication…

— Je ne comprends pas, Monsieur le Ministre, de quoi parlez-vous ? s'affola la sous-secrétaire en sentant que quelque chose n'allait pas.

— J'aimerais bien savoir pourquoi il est écrit « Armée d'Ombrage » sur ce panneau… »

La foudre semblait s'être abattue sur elle. Elle regarda tour à tour Fudge, puis Dumbledore, et enfin Harry, avant de s'époumoner :

« C'est lui ! C'est ce vaurien ! C'est lui qui a tout manigancé ! Potter, vous m'avez tendu un piège et vous avez fait exprès d'envoyer une lettre au Ministre pour…

— Non, Dolorès, c'est Monsieur Malefoy qui m'a averti d'un complot à mon encontre.

— Draco ? Draco, comment avez-vous pu… ? Vous ne saviez pas, c'est ça ? Oui, c'est ça, c'est un piège de Potter, hein ? tenta de rationaliser Ombrage

— Non… Professeur, commença Draco en choisissant ses mots avec soin. J'ai directement informé Monsieur le Ministre de ma découverte. Parce que je sais être loyal… »

Harry fut mentalement choqué que Malefoy rebondisse à cette vitesse. Snape, qui n'en perdait pas une miette depuis son couloir, sourit avec un soupçon de fierté toute Serpentarde.

« Exactement, mon garçon. Et vous avez eu raison de m'écrire directement. Messieurs, j'aimerais que vous mettiez cette félonne aux arrêts…

— NON ! hurla Ombrage paniquée, se débattant à un tel point que sa robe de chambre laissa apparaitre un déshabillé bien trop transparent. C'EST LUI ! C'EST POTTER, IL M'A TENDU UN PIÈGE !

— Allons, il suffit ! Il n'est pas écrit « Armée de Harry Potter », ou que sais-je encore ! coupa Fudge en prenant sa plus grosse voix.

— MAIS DITES-LUI, POTTER ! DITES-LUI QUE C'EST VOTRE ARMÉE ET PAS LA MIENNE !

— Désolé, Professeur… Mais « je ne dois pas mentir », répliqua Harry avec une satisfaction incroyable.

— Dolorès Ombrage, au nom du Ministère de la Magie, vous êtes suspendue, jusqu'à nouvel ordre, de votre fonction de Grande Inquisitrice de Poudlard, Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, et de votre poste de Sous-Secrétaire d'État. Nous procèderons à une enquête, durant laquelle vous serez détenue à la prison d'Azkaban, en attendant votre procès. Messieurs, je crois que tout est dit ! »

« POTTER ! POTTER ! DITES-LUI LA VÉRITÉ ! »

La procession se scinda en deux, les Aurors escortant une Ombrage vociférant à l'extérieur de Poudlard, et les autres, en direction du bureau d'Albus, où celui-ci les avait conviés à un thé du soir.

Passés complètement inaperçus, Jane et Severus restaient dans leur couloir. L'homme en noir s'adossa au mur, soupirant de satisfaction, avant de couler un regard suffisant et profond en direction de sa cadette. Jane le fixait avec un air d'admiration béat sur les lèvres.

« Alors… Heureuse ? lui susurra-t-il, d’un air entendu.

— Oh ! Putain, OUI, mon Prince ! »

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