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07.La Légende de Nil - Jean-Marc Ferry - Livre I - Les Diamants de Sarel-Jad - Chapitre III - 3

07.La Légende de Nil - Jean-Marc Ferry - Livre I - Les Diamants de Sarel-Jad - Chapitre III - 3

Pubblicato 8 mar 2023 Aggiornato 8 mar 2023 Cultura
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07.La Légende de Nil - Jean-Marc Ferry - Livre I - Les Diamants de Sarel-Jad - Chapitre III - 3

 

 

De retour sur la Grande Île, Oramûn fit son rapport à Santem. Il ne raconta pas dans le détail, mais rapporta que les femmes avaient été violées ; que probablement les gens de l’île d’Is avaient été trahis, soit par l’un des leurs, soit par un habitant de Sarmande, mais en tout cas par quelqu’un de Mérode. Il ajouta qu’il souhaitait poursuivre son enquête, afin de faire le clair sur la supposée trahison. Oramûn n’eut pas besoin d’expliquer pourquoi aucun habitant d’Is (au demeurant, pour des raisons différentes chez les femmes mariées, chez les jeunes filles et chez les hommes) n’avait souhaité parler à ce sujet. Santem avait saisi d’un coup la situation. Il compatissait avec les insulaires d’Is mais demeurait convaincu que leur réclamation revancharde ne devait pas être satisfaite, tout au moins dans les termes où les hommes l’exigeaient. Aussi s’adressa-t-il à eux une seconde fois, avec plus de douceur que précédemment. Il leur promit la justice. Santem sait donner l’impression de nouer avec chacun des relations privilégiées, comme si le protagoniste était tout particulièrement intéressant. En adoptant un air de confidence et de connivence avec eux, il les conjura de taire provisoirement leur juste colère, car c’est tous les Aspalans qu’il s’agit de punir de façon mémorable, non pas simplement ceux qu’à présent on tient à merci. Ceux-là, nous les utiliserons pour pré­parer la guerre. Or ce n’est pas dans la précipitation que l’on peut organiser, oui, une riposte sanglante qui fasse passer aux Aspalans l’envie de recommencer.

Santem parvint à calmer les hommes tout juste ce qu’il fallait pour qu’ils acceptent de différer la vengeance. Ainsi put il prononcer son accord de paix sur le ton d’une condamnation sévère, tout en y adjoignant une clause économique : les Aspalans de Mérode exploiteront les mines de fer en Terres volcaniques sous le commandement des forgerons. Ils livreront le fer à Santem et seront payés en billets de papyrus indigo, grâce à quoi ils pourront acquérir le strict nécessaire.

De moi, Nil, qui vous conte ma légende, apprenez que ce traité fut à la base d’un développement remarquable des outils et des armes, car Santem remettait le minerai aux forgerons. Il arma progressivement vingt navires qui embarquèrent sous son commandement et sous celui d’Oramûn en direction des Terres bleues. Les gens de Mérode, une fois revenus des Terres volcaniques, avaient retrouvé leur cité, maison et terres, passablement saccagées par les Aspalans. Leur désir à eux aussi était grand d’engager des représailles. Santem se dit qu’il serait utile de mettre à profit leur ressentiment et il leur fit ce discours :

— Gens de Mérode, vous êtes un peuple pacifique. Vous n’aviez pas cherché querelle aux autres nations et vous ne pensiez qu’à jouir des fruits de votre travail. Mais voilà que nous avons dû faire face à des envahisseurs sans loi. Ils auraient fait de vous ce qu’ils ont fait des Nassugs. Ceux qui, parmi vous, n’ont pas voulu m’entendre et sont restés chez eux en sont témoins. Demandez-leur comment ils ont été traités. Cependant, je vous sais assez avisés pour ne pas vous bercer d’illusion : les Aspalans des Terres bleues et des Terres noires sauront tôt ou tard ce qu’il est advenu de leurs frères bientôt cantonnés sur les Terres volcaniques. Leur inquiétude et leur colère ne feront que grandir jusqu’à ce qu’ils décident de se rendre en nombre sur nos rivages pour nous porter une guerre sans merci. Autant prendre les devants ! Je vous l’assure, hommes des îles de Mérode : nous n’aurons pas de paix, tant que nous n’aurons pas supprimé la menace que font peser les Aspalans sur nos vies et notre liberté. Nous avons maintenant suffisamment d’armes et de navires pour assurer la victoire. Mais n’attendons pas que les Aspalans viennent à nous. C’est nous, gens de Mérode, qui irons délivrer sur leurs terres les Nassugs tenus sous le joug. Ils nous en sauront gré, deviendront nos alliés pour toujours, et nous n’en serons que plus forts, mieux assurés contre toute menace ennemie. Il ne s’agit pas de vengeance mais de prudence. Les Aspalans ne nous attendent pas. Ils nous savent pacifiques et ne font pas la différence avec la lâcheté. Ils s’imaginent donc qu’ils n’ont rien à craindre de nous, encore moins d’un débarquement. Détrompons-les sévèrement !

Ses paroles furent non seulement entendues mais aussitôt saluées par des clameurs d’enthousiasme. C’est que Santem était devenu un véritable héros depuis le renversement de situation brillamment effectué avec Oramûn et les forgerons. À cet enthousiasme s’ajoutaient le ressentiment et le souci de prévenir une attaque pour motiver au plus haut point la confiance qui lui était désormais acquise. C’est pourquoi Santem n’eut aucune peine à mobiliser des combattants pour un débarquement en masse au pays des Nassugs. Sous le commandement de ses fils et de lui-même trois mille hommes braves et décidés embarquèrent vers les Terres bleues sur les vingt navires armés. Ils surprirent en pleine nuit l’armée d’occupation des Aspalans, ne firent pas de quartier, rendirent leur liberté aux Nassugs, rétablirent dans ses droits et pleins pouvoirs, Ygrem, leur roi à qui Santem proposa un pacte d’amitié qu’il scellerait par le mariage de l’une de ses filles avec le fils unique du prince.

 

 

Entre les Terres bleues et le pays de Mérode le commerce connut alors un essor sans pareil : viande de cerf, peaux de daim, bois de navire et bois de chauffage ou de fumure contre l’huile, le blé, les fruits, produits artisanaux divers d’ameublement et d’outillage, mais aussi des arbalètes et des catapultes pour se protéger des envahisseurs… tandis qu’avec l’aide d’Oramûn et des forgerons Santem avait convaincu les Aspalans de Mérode et leurs chefs d’envoyer une ambassade chez les Aspalans des Terres noires pour persuader ces derniers de consentir avec les Nassugs un accord en certains points comparable à celui passé par Santem avec Ygrem.

Santem prit lui-même les devants en allant rendre visite au roi des Terres bleues pour modifier de concert avec lui l’accord d’exclu­sivité commerciale jadis passé avec les Nassugs. Ceux-ci, désormais, pourraient vendre leurs produits à tout acheteur qui se présenterait. Cependant, il était bien convenu que l’indigo lui demeurait réservé et que ses billets étaient toujours acceptés en paiement, gagés sur le blé stocké dans ses greniers. Tout au long du voyage qui le menait aux Terres bleues, Santem médita sa décision d’intégrer les Aspalans dans le réseau des échanges avec les Nassugs, ce qui impliquait de son côté le sacrifice du monopole commercial. Là encore, c’est une intuition qui lui indiqua une voie contraire à son intérêt apparent : conserver ce contrat d’exclusivité. Mais une voix lui disait tout autre chose : que l’insertion économique des Aspalans serait le gage de leur domestication et de leur accès à l’état civilisé, le moyen de normaliser de façon durable les relations entre les peuples et la promesse d’un développement sans précédent des richesses. À lui, Santem, de tirer tout le parti possible de la situation et de ne pas laisser d’autres prendre sur lui des avantages stratégiques quant à la répartition du revenu global. De toute façon, il est vain de se crisper sur les acquis d’un autre temps. L’ancien accord d’exclusivité commerciale serait vite débordé par la dynamique de l’essor marchand. On ne peut contenir artificiellement l’esprit d’entreprise qui se manifeste à présent dans l’archipel de Mérode et, bientôt, chez les peuples Nassugs eux-mêmes, en attendant qu’instruits par l’expérience des mines et les contacts avec les forgerons, les Aspalans revenus des Terres volcaniques aient fait des émules chez leurs compatriotes des Terres noires. Oui, il serait dérisoire de s’agripper à des clauses désuètes. Tôt ou tard, l’évolu­tion des choses les reléguerait à l’ossuaire des réalités mortes…

En arrivant en vue des Terres bleues, Santem avait achevé sa méditation. Il est à présent confiant et serein, bien déterminé à convaincre son ami Ygrem, le roi des Nassugs. De fait, il y parvint sans difficulté, et on libéralisa l’ancien accord.

De moi, Nil, de ma mémoire qui éveille et qu’abondent tous les esprits de la planète, sachez que l’intensification du commerce favorisa le passage à l’ère industrielle. Les mines des Hautes Terres de Mérode en avaient donné l’impulsion. Cependant, le relais avait été pris par les Aspalans des Terres noires eux-mêmes. Outre qu’ils avaient repris contact avec leurs frères des Terres volcaniques, lesquels leur avaient transmis le savoir acquis avec les forgerons de Mérode, les Terres noires, fort austères quant à la surface offerte à l’agriculture et l’élevage, sont en revanche riches quant au sous-sol qui regorge de minerais. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils purent faire commerce avec les Nassugs, puis avec les gens de Mérode, ce qui adoucissait leurs mœurs. Quant aux Nassugs, ils se révélèrent particulièrement aptes aux inventions techniques, en particulier celles qui procèdent moins de pratiques requérant de l’habileté dans la manipulation des choses, que l’application d’hypothèses au premier abord improbables, parfois spéculatives. Cette compétence remarquable fut une clé importante de l’essor économique.

L’ensemble du monde était pacifié : les gens de Mérode vivaient en paix sur les quinze îles de l’archipel, paix effective avec les Nassugs des Terres bleues, paix relative avec les Aspalans des Terres noires. Le commerce, l’agri­culture et, à présent, l’industrie ne faisaient que prospérer. On avait presque oublié que Santem détenait l’imprimatur de la monnaie ; et presque oublié aussi que l’on pouvait toujours en demander le change en blé dur. Cependant, de grandes richesses émergeaient çà et là : exploitants agricoles, entrepreneurs métallurgistes, commerçants et armateurs qui parcouraient les mers et découvraient de nouvelles terres. Ces gens riches se mirent à avoir leur propre garde de gens d’armes, puis leur propre monnaie. Ils installaient des droits de transit, établissaient des licences d’exploitation, octroyaient des concessions. Ils inventèrent des parts d’actionnariat en prenant des pourcentages sur les expéditions maritimes.

Quant à Santem, en dépit des nombreuses décennies écoulées depuis qu’il avait inventé la semence du blé, il ne faisait pas mentir la légendaire longévité de sa race : toujours en vie et en pleine forme. Sa famille était grande et puissante. Son prestige, celui de son nom, était immense. Mais deux soucis le rongeaient : premièrement, une expansion démographique allant de pair avec la formation d’une classe de gens pauvres, sans propriété et dépendants de l’emploi ; deuxièmement, la disparition du monopole monétaire qu’il avait si durement gagné.

Deux questions le taraudaient en conséquence : comment supprimer cette masse prolétarienne ? Comment recouvrer le monopole monétaire, clé du pouvoir ?

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