

"The Tender Bar" - tsundoku cinématographique
Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 9 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
"The Tender Bar" - tsundoku cinématographique
Voici un tsundoku qui déborde du cadre de la définition, car « cinématographique ».
Pourtant, n’est-ce pas le même phénomène que l’on vit, lorsque de manière compulsive, l’on liste plein de films en attente qu’on n’aura pas le temps de voir ? …
Hier, je n’ai pas trop tergiversé.
J'ai choisi un film tiré d’un roman et cela m’a donné envie de le lire pour connaître la part d'âme de l'auteur et du réalisateur. Encore un bouquin à qui trouver une petite place parmi les autres ...
The Tender Bar : A Memoir, de J. R. Moehringer
Hier soir, j’ai regardé un film réalisé par un homme, tiré des mémoires d’un homme, où les personnages principaux n’étaient quasiment que des hommes.
Alors bien sûr, la féministe aux aguets l’a regardé avec recul. Avec l’oeil lucide qui s’apprête à décortiquer ce fameux « male gaze ».
Pourquoi choisir ce film, alors ?
Parce que j’avais envie de régression.
J’ai grandi avec les westerns de mon père, et les classiques dont la nouvelle vague et films d’auteurs de ma mère.
L’art cinématographique est une industrie ( j’aimerais dire « art » mais il s’y déploie tellement d'importantes transactions financières que ce n'est pas un moyen d'expression à la portée de tous et encore moins de toutes … ) principalement masculine.
Sur le devant de la scène, les hommes ont longtemps été les seuls « acteurs », au sens premier.
Les femmes se cantonnaient d'être « vues » par le regard masculin : elles étaient « objet » de désir, de vénération, de sauvetage, de tuerie, par le réalisateur et son double - le protagoniste masculin. Et par prolongement, les spectateur.ice.s.
J’ai appris ainsi comment devait se conduire une femme, tout en assimilant la posture masculine qui me faisait vivre des émotions. C’est un fait. Maintenant, j’en suis consciente.
Mais si j’ai choisi ce film, c'est surtout parce que j’accorde toujours le bénéfice du doute à George ( Clooney).
George ne choisit jamais ses sujets sans un fond politique. Et il les traite toujours avec une dérision très subtile.
Jackpot. Oui, c'est un bon film. Parce que oui : le sujet est en effet traité subtilement.
C’est américain à souhait, dans le sens où l'histoire est située dans une culture qui est celle qu'elle est, mais ne s’en gargarise pas. Juste le propos est plein de bon sens stoïcien, comme celui principalement d'"Oncle Charlie" :
« Tu es en Amérique. Pour être autonome, il te faut un travail et une voiture. »
George sait bien qu’il met en scène une histoire avec des protagonistes datés, formatés.
Il déroule les années sans insistance, sans prendre parti et rend peu à peu les spectateurices concilient.e.s sur ces loosers. Oui, ils sont pour beaucoup caricaturaux - même Charlie et le Grand-père, pourtant avec de grandes capacités -, mais peu ont eu le choix intellectuel ou social d’être autrement.
Il en sourit tout le long jusqu’au générique final, joui-ssif.
Par petits coups de projecteurs, George met en lumière les couacs sexistes mais surtout de classes sociales.
Pour autant, son vrai sujet, c’est cette réelle tendresse promise par le titre The Tender bar. Enfin des hommes qui ne font pas que jouer aux bonhommes mais qui montrent leur vulnérabilité ! Et même, leur part "maternante".
Réelle ambivalence donc des stéréotypes, car couve en chacun.e l’envie d’être aimé.e et reconnu.e par un proche. Tout le monde souffre, tout le monde est plus ou moins paumé. Mais au moins, dans ce bar et dans la maison du grand-père, la solidarité humaine est à l’oeuvre.
J’ai versé quelques larmes, notamment devant la touche d’affection du grand-père à son épouse. Une scène qui raconte le temps qui passe, la vie qui abîme, et pour autant …
The Tender bar, C’est l’histoire d’un enfant qui a un rêve : devenir écrivain. Mais est-ce possible de le réaliser quand on est issu d’une classe défavorisée et qu’on a été abandonné par son père alcoolique ?
La dernière phrase de la voix off apporte une réponse inspirante qui redonnera le pouvoir de l'action en chacun.e.

