Autobi(bli)ographie : Comme neige, de Colombe Boncenne
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Autobi(bli)ographie : Comme neige, de Colombe Boncenne
Rentrer dans une librairie sans attente particulière et en ressortir avec un livre, acheté sur un coup de tête hasardeux, me procure toujours une grande joie. L’acte n’est pas très onéreux, le résultat peut s’avérer décevant, il y a un côté loterie que j’aime bien. Par la mise en avant de certains titres, le libraire nous mène sur des pistes littéraires, sur ses coups de cœur, il ouvre des brèches dans le maelström de la production livresque, et je suis tenté de suivre ses recommandations. Parfois, je m’en affranchis, furète dans les rayons, tente de dénicher des livres surprenants, dans des éditions indépendantes de qualité. Un jour, je suis revenu avec Comme neige, de Colombe Boncenne, publié chez Buchet Chastel. Une bonne maison d’édition dont j’aime le catalogue, j’y ai notamment lu Djibouti de Pierre Deram et Quand je meurs, achète-toi un régime de bananes d’Isabelle Zribi. A cette époque, j’habitais à Lille et je ne me souviens plus dans quelle librairie j’avais acheté ce bouquin. Pas au Furet du Nord, c’est certain. Peu importe : je suis rentré chez moi et j’ai commencé à lire ce livre, plutôt modeste, et je n’ai pas pu le lâcher. Je l’ai dévoré.
De quoi s’agit-il ? C’est une histoire entortillée. Au départ, tout part d’un achat de livre (un début idéal), dans une petite ville de bord d’autoroute, Crux-la-Ville. Un livre d’un auteur que le protagoniste de l’histoire adore. Il en parle autour de lui mais ce livre ne semble pas exister dans la bibliographie de cet auteur. Coup du sort, il se fait cambrioler deux jours plus tard et le livre disparaît. Suspense…
L’écriture est légère et pétillante. L’histoire avance en méandres et nous sommes pris dedans. L’admirateur de Borges que je suis ne cesse d’y voir une sorte d’hommage au grand homme argentin. La fin est digne de lui, en tout cas. Quelle maîtrise ! Intellectuellement, je suis tombé amoureux de Colombe Boncenne.
Quelques années plus tard, j’ai déménagé pour habiter à Poitiers. Je faisais souvent la route entre Poitiers et Angoulême pour raison professionnelle. Il se trouve qu’à Poitiers, il y a une rue Boncenne, en plein centre-ville. Et sur le bord de la nationale reliant Poitiers à Angoulême, il y a une ville qui s’appelle Brux. J’ai eu très envie d’écrire à Colombe Boncenne à ce moment-là mais ça n’avait pas grand sens, avouons-le. Puis, aux Rencontres de Chaminadour, à Guéret, dans la Creuse, organisées par l’inénarrable Hugues Bachelot, j’ai assisté à une présentation de Colombe Boncenne, tout à fait par hasard. L’auteur invoqué de ces Rencontres, en 2019, était le grand Victor Hugo. Colombe Boncenne avait fait une présentation sur son expérience de table tournante. On sait que Victor Hugo en avait beaucoup fréquenté, après la mort de sa fille. La présentation avait été très bien menée, sérieuse et drôle à la fois. Nous n’étions pas très nombreux dans la salle et Colombe Boncenne, après son passage, rejoignit les rangs du public clairsemé. J’aurais facilement pu l’aborder, lui dire que j’aimais beaucoup son livre et engager un dialogue avec elle, devenir ami, échanger nos emails, promettre de se revoir à Paris et plus si affinités. Il n’en fut rien. Je me suis contenté d’applaudir comme les autres, de la suivre du regard dans la pénombre, puis je me suis concentré sur la présentation suivante. J’espérais la croiser au repas : elle avait déjà disparu.
Je n’ai pas lu ses livres suivants.