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Pubblicato 28 ago 2024 Aggiornato 28 ago 2024 Crime stories
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7 août 2023, Saint-Pierre-en-Auge, 10h45

 

Voilà une demi-heure que je suis assise sur la balançoire du jardin et que je tente de lire ne serait-ce qu’une seule page de mon livre. C’est un thriller de B.A Paris, mon écrivaine préférée. D’habitude je dévore ses livres mais là, je n’arrive pas à me concentrer plus de trente secondes.

Il faut que je trouve un plan pour pouvoir rentrer dans cette maison et trouver cet enfant. Cependant, pour ce faire, il faut que la famille voisine parte en vadrouille comme elle l’a fait hier. Si j’en crois mon hypothèse, ils vont sûrement attendre que toute ma famille parte avant de partir. Il faut donc que je fasse semblant de partir avec eux mais que je ne parte pas en réalité. Ou que je rentre un peu avant. Pour cela, j’ai une idée. Hier ils sont partis parce qu’ils savaient qu’on allait au Mont Saint Michel et qu’avec la route on serait absents presque toute la journée. Il faut qu’ils pensent que l’on part loin ou que l’on ne va pas rentrer avant la soirée. Or, j’ai vu sur un prospectus que le propriétaire a laissé sur la table basse du salon, qu’il y avait des excursions à vélo disponibles à l’après-midi de quatorze heures à dix-huit heures. Il faut juste que j’arrive à convaincre ma famille. Mais finalement je ne me sens pas bien, ils réservent que pour trois et moi je reviens ici lorsqu’il n’y a personne.

Je retourne à l’intérieur, je prends le prospectus sur la table basse.

-Maman, tu as vu qu’on pouvait faire une excursion à vélo toute l’après-midi ? Ce serait sympa. Surtout qu’il ne fait pas trop chaud, lui dis-je en lui montrant le prospectus.

Elle réfléchit en me dévisageant à nouveau. Sûrement qu’elle se demande maintenant si je n’ai pas une idée derrière la tête.

-ça me ferait du bien, je lui dis, pour la rassurer.

-Bon ok, c’est vrai que ça me tente bien.

Je me réjouis intérieurement.

-D’accord super !

Le midi, Louison et sa mère jouent dans le jardin. Sûrement que le père prépare le repas qu’ils vont manger à l’intérieur, comme ils le font toujours. Maintenant je crois savoir pourquoi.

Il faut qu’ils sachent que l’on s’en va.

-C’est bon pour tout le monde pour cette après-midi ? Je demande, un peu fort pour que Sarah puisse entendre.

-Oui, alors ça démarre où cette promenade ?

-Au centre du village, ça dure quatre heures. Je répète pour que Sarah comprenne bien.

-Ok super, déclare mon père, préparez vous je veux qu’à treize heures trente tout le monde soit prêt.

-OK ! Lucas et moi répondons en cœur.

Sarah semble avoir entendu. Je peux voir un sourire se dessiner sur son visage. Sûrement qu’elle se réjouit à l’idée de pouvoir sortir cette après-midi. Tant mieux, il faut que mon plan fonctionne !

 

29 juin 2018, Cargèse, 9h05

 

L’homme se réveille. Il a mal à la tête après tout ce qu’il à bu hier soir. Il est affalé sur le canapé. Il n’a plus envie de bouger. Il n’a plus envie d’ouvrir les yeux. Il aimerait tant être auprès de son fils, là-haut, quelque part dans les étoiles… Mais il fait qu’il soit fort. Pour elle, pour son ex femme qui, depuis une semaine, n’avait rien voulu avaler.

Il se lève du canapé et tombe nez à nez avec son reflet dans le miroir. Il se fait peur à lui-même. Sa barbe à poussé. Ses cheveux son longs. Ses cernes sont désormais plus imposantes que ses yeux. Mais il n’a plus envie… Il n’a plus la force...

Il se dirige vers la kitchenette, se prépare un expresso. Il se masse les tempes puis il pleure, il hurle, il laisse aller toute la haine que son cœur lui inflige.

Après s'être calmé, il s’apprête à retourner sur le canapé lorsqu'il se rend compte que la porte de la chambre de la femme est ouverte. Il jette un coup d’œil et remarque qu’elle n’est pas à l’intérieur. Mais où est elle ?

Il va voir sur le balcon. Elle n’y est pas non plus. Elle n’est plus dans l’appartement. Elle n’a pas non plus laissé de mot.

Il a un mauvais pressentiment. Il l’appelle :

-Jeanne !

Aucune réponse. Mais que fait-elle ?

Il sort son téléphone et l’appelle. Une fois, deux fois, cinq fois, rien.

Il commence à paniquer. Il sort de l’appartement,  descend les escaliers et va voir dans le bar à côté. Après tour, peut-être qu’elle aussi à eu envie de se changer les idées…

Il entre dans un genre d’irish pub. Il y a deux trois hommes qui discutent au fond de la pièce. Derrière le bar, une serveuse et le barman discutent en riant.

-Excusez-moi ! Appelle l’homme.

Ils semblent ne pas l’avoir entendu.

-Eh oh ! S’il vous plaît !

Cette fois-ci, la serveuse se retourne et le regarde interloquée. C’est vrai que vu son apparence, il ne va sûrement pas être pris très au sérieux. Il porte une chemise délavée et un short troué au niveau des cuisses. Il est sorti en claquettes et n’est pas coiffé…

-Oui, bonjour Monsieur, que puis-je pour vous.

-Vous n’avez pas vu ma femme ? Il demande, essoufflé. Elle est grande, brune, elle a du sortir ce matin… Nous logeons juste en face vous voyez. Il continue en désignant l’appartement de l’index.

La serveuse et barman se regardent.

-Je ne crois pas non. Répond la jeune femme en séchant un verre avec un torchon.

-Vous êtes sûr que ça va ? Demande le barman qui soudain voit l’homme devenir blanc.

-ça va, ça va… merci beaucoup. Puis il fuit rapidement cet endroit qui l’a mis mal à l’aise.

En réalité il ne va pas bien du tout. Comment pourrait-il aller bien ?

Son fils est mort noyé et son ex-femme a disparu.

Il ne sait pas quoi faire. Alors, il rentre à l’appartement, s’écroule sur le canapé, allumé la télévision et se sert un autre verre, en espérant que Jeanne revienne bientôt.

 

7 août 2023, Saint-Pierre-en Auge, 13h45

 

Tout le monde est prêt. Pour ma part, j’ai fait semblant de prendre quelques affaires dans un sac à dos dont je ne vais en réalité pas me servir. La première phase de mon plan a fonctionné car lorsque l’on sort dans le jardin, les voisins sont en train d’installer des affaires dans le coffre de la 5008.

Nous partons à pieds. Le rendez-vous est à 500 mètres, au cœur du village. J’enfile mon sac à dos. Ma mère ferme la maison à clef. Cinq minutes plus tard, nous sommes sur le chemin et j’entends au loin la voiture des voisins qui démarre.

Arrivés sur place, il y a pas mal de monde. Nous sommes dans la file d'attente pour avoir un vélo. Beaucoup de vacanciers sont présents, mais aussi des locaux, souvent des personnes âgées, qui doivent avoir la soixantaine et qui sont contents de sortir et de discuter avec les touristes.

C’est une balade qui longe la rivière de la Dives avec plusieurs petites pauses pour voir des cascades ou des châteaux. En voyant cela, je suis quand même déçue de ne pas pouvoir y participer.

Mais pour que mon plan fonctionne, je dois agir maintenant ou jamais.

Soudain, je sors mon meilleur jeu d’acteur et alors que personne ne s’y attend, je tombe en arrière et je ferme les yeux.

J’ai honte lorsque j’entends la panique autour de moi. Je me rassure en me disant que je fais cela pour une bonne cause.

Lorsque j’ouvre les yeux, je vois cinq personnes au-dessus de moi, paniquées mais quand même rassurées de voir que je suis consciente. J’entends ma mère qui demande d’appeler un médecin.

Un homme qui prétend en être un s’approche alors de moi et me relève les jambes.

-Ne vous inquiétez pas ce soit être un malaise vagal, je l’entends prononcer.

Il me tend une bouteille d’eau. Je relève la tête et fait mine de boire quelques gorgées

Il me sourit.

-Et bien ma grande heureusement que tu ne t’es pas blessée en tombant. Tu as du avoir un coup de chaud. Tu devrais te reposer.

Je me réjouis. Vu mon jeu d’acteur, je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien. Heureusement, le stress de la situation et tout ce qui m’est arrivé les derniers jours, en plus de la fatigue accumulée m’ont finalement aidé à paraître naturelle. J’aurais presque pu ne pas stimuler de malaise, j’en aurait peut être fait moi-même un dans tous les cas après tout.

La deuxième phase de mon plan à fonctionné puisque cinq minutes plus tard, je marche vers la maison de vacances en compagnie de mon père qui a insisté pour me ramener.

Ma mère a eu plus peur que prévu et voulait annuler la sortie. Heureusement, mon frère était tellement motivé qu’il m’a aidé à convaincre ma mère pour qu’ils fassent la sortie vélo à trois.

Pour une fois qu’il m’a été utile, je songe.

Lorsque l’on rentre dans la propriété, heureusement, les voisins sont bien partis.

Mon père m’ouvre la maison. Je fais mine de m’allonger sur le canapé et de mettre une série Netflix (que je choisis complètement au hasard), puis il s’en va.

Tout a fonctionné comme je le voulais. Maintenant, je vais enfin pouvoir aider Noah.

Lorsqu’il est définitivement parti, je sors dans le jardin. J’observe la maison voisine. Il y a bien personne mais malheureusement tout est fermé. Je pensais qu’ils allaient au moins laisser ouverte la petite fenêtre sur le côté mais ce n’est pas le cas.

Je contourne le bâtiment en réfléchissant à comment m’y prendre pour y rentrer sans faire trop de dégâts.

Je tente de pousser la fenêtre, un peu fort : je ne parviens pas à l’ouvrir. Je cherche sur internet des astuces pour ouvrir une porte, une fenêtre. Je tente d’ouvrir la porte en bois avec une barrette puis ma carte de crédit, le genre d’astuces que l’on trouve généralement dans les films, mais rien ne fonctionne.

Je regarde par la fenêtre. Je ne vois pas grand-chose, seulement mon reflet. Je peux juste apercevoir ce qui ressemble à une table avec quatre chaises autour.

Alors, je réfléchis et me dit que s'il y a un moyen d’ouvrir, c’est de l’intérieur que cela doit se faire. S’il y a vraiment Noah à l’intérieur, je dois lui demander de m’ouvrir.

Je commence par toquer à la fenêtre. Rien.

Peut-être qu’il à peur. Je décide de lui parler directement.

-Noah ! C’est Émilie, tu te souviens ?

Aucune réponse.

-Je sais que tu es à l’intérieur, j’aimerais t’aider ! Est-ce qu’il y a un moyen d’ouvrir de l’intérieur ?

Toujours rien.

Ils ne l’auraient pas embarqué avec eux tout de même ? Pourquoi le cacher de nous pour ne pas le cacher du grand public ?

J’attends encore cinq minutes. Au bout de ces cinq minutes je m’apprête à capituler lorsque de loin je crois entendre quelqu’un taper contre quelque chose.

Je comprends alors que le garçon tape contre le mur de la salle de bain, comme la dernière fois. Guidée par le bruit, j’arrive effectivement dans la salle de bain où les bruits se font plus intenses que les dernières fois. Noah doit taper très fort pour que je puisse l’entendre de l’extérieur.

-Noah c’est moi, c’est Émilie ! Je crie. Je suis seule.

Rassuré que je l’ai entendu, les coups s’arrêtent. Et pour la première fois, j’entends sa voix frêle qui me supplie à travers la paroi.

-Émilie ! A l’aide ! S'il vous plaît aidez moi !

C’est une voix douce et fragile encore très aiguë. Je comprends que c’est un petit garçon qui doit avoir neuf ou dix ans.

J’ai mille questions à lui poser mais il fait d’abord que je l’aide à sortir d’ici.

-Je n’ai pas réussi à ouvrir la maison. Est-ce que tu peux m’ouvrir ou tu connais un moyen pour que je t’ouvre ?

-Tu n’y arriveras pas…

-Comment-ça ?

-L’homme, il a tout fermé à clef, c’est impossible que tu trouves une issue…

-Noah, cet homme c’est ton père ?

-Je ne sais pas.

-Comment ça tu ne sais pas ? Je demande interloquée.

-Il dit que son fils vit en moi mais que je ne suis pas vraiment lui et que c’est pour ça que je dois rester caché.

-Mais où est son fils ?

-Je ne sais pas.

-Comment s’appelle-t-il ?

-Noah.

-Mais donc toi tu n’es pas Noah ?

-Non.

-Mais alors qui es-tu ?

Il s’apprête à répondre de l’autre côté du mur lorsque tout à coup j’entends le bruit d’une voiture qui arrive. Je regarde par la fenêtre de la salle de bain : c’est la 5008, c’est eux !

Non ce n’est pas possible, ils ne seraient quand même pas déjà rentrés ? Cela fait seulement une demi-heure qu’ils sont partis ! Se seraient-ils doutés de quelque chose ?

Je commence à paniquer, il faut que je me cache, que je fasse semblant de rien ou à moi aussi il pourrait m’arriver quelque chose.

Je m’apprête à partir lorsque j’entends Noah de l’autre côté qui me supplie :

-Attends !

Je me rapproche du mur. J’y colle mon oreille.

Marcellin est en train de sortir de la voiture, il semble contrarié. Sarah a retrouvé son air glacial du premier jour.

Ils ne m’ont pas encore vu, il faut que je me dépêche.

-Je dois te demander une chose, il chuchote, il faut que tu appelles la police maintenant parce que demain je ne serai plus là.

-Pourquoi ? Je prends le risque de demander tout en entendant les voisins ouvrir la maison mitoyenne.

-Ecoute, c’est une longue histoire, je dois te laisser ou ils vont m’entendre…

-D’accord, je vais le faire, je te le promets.

Cinq minutes plus tard, le calme est revenu. J’ai peur. Ils ont sûrement dû voir que je suis rentrée car la porte était restée ouverte. Ils doivent se méfier de quelque chose. Et s’ils s’en prenaient à moi ?

Je suis allongée dans mon lit et les doigts tremblants je compose le numéro dix-sept tout en ayant peur de voir Marcellin débarquer soudainement. J’inspire, j’expire, puis, quelqu’un décroche…

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